Les Derniers Veilleurs

Chapitre 36

C'est comme cela que je me suis retrouvée à devoir dormir dans le même lit que Caleb. Je vous promets que j'ai essayé, et par tous les moyens, de prendre la place la plus éloignée de celui ci. Malheureusement, il paraîtrait que la première fée à s'être penchée sur mon berceau quand j'étais bébé m'ait souhaité la vie la plus malchanceuse de la terre, voir de l'univers. Un vrai boulet. En plus d'avoir échoué dans mon objectif, je m'étais carrément ridiculisée. Alors que je suis allongée aux côtés de mon partenaire, je repasse la soirée, qui s'est avérée désastreuse, dans ma tête.

Après avoir promis à Alaïne de rester dormir pour la nuit, elle nous avait donné à tous des vêtements de rechange qu'elle avait dû fabriquer elle-même, je ne sais comment. C'est après cela que je me suis retrouvée vêtue d'un pantalon super moulant noir et d'un tee-shirt blanc tout simple recouvert d'une magnifique veste en laine blanche. Le point positif est que je n'avais pas froid et que je me sentais étrangement à l'aise dans cette tenue.

-C'est une matière élastique, m'a expliqué notre hôte.

La seule chose qui me préoccupait, c'est pourquoi j'avais eu le droit à ce genre de vêtements alors que les autres étaient habillés normalement. Jean et tee-shirt avec veste en cuir. Je n'ai toujours pas compris. Surtout que cela m'attire les railleries de tous mes camarades qui ne cesse de me comparer à une Lara Croft des bois. Même Maïru a une allure normale, pour une femme qui vit dans les bois depuis une dizaine d'année, c'est fort. Bref, passons. La visite de la demeure fut assez rapide, bien que très singulière. Le rez de chaussée n'est composé que d'une seule pièce, dans laquelle Alaïne vit. Une deuxième petite pièce cachée par un rideau fait office de salle de bain. Elle n'a pas l'eau courante et doit aller la chercher dans la rivière ou dans les fontaines. Quant au premier étage, eh bien... Disons qu'on aurait presque cru qu'Alaïne nous attendait. Une petite pièce similaire à la petite salle de bain du bas et une grande pièce agencée comme un dortoir. Deux lits doubles et deux lits simples. Vous voyez le problème. Nous sommes sept. Il y a six places. Personne n'avait rien dit et nous nous étions simplement installés autour d'une table pour manger un peu. Je dois avouer que cela m'a fait le plus grand bien. Manger quelque chose de chaud, assise sur une chaise. Le bonheur. Rien que de penser au lit qui m'attendait, je ne pouvais qu'éprouver un immense sentiment de bien être. Sentiment un peu rabaissé lorsque Alaïne me faisait des remarques, plus blessantes les unes que les autres. Les piques de Caleb n'arrangeaient rien. C'est pour cela que lorsque notre hôte nous avait demandé à chacun de travailler un peu dans sa maison, j'avais accepté tout de suite. Je me suis donc retrouvé à ramasser des pommes de terre dans le jardin, en compagnie de Chris, pendant que Lydia et Maïru lavaient la vaisselle à la rivière et que les trois autres s'occupaient de réparations dans la maison. Le soleil tapait sur mon dos et j'avais retiré ma veste. Au moment de passer à la plantation de je ne sais quel légume, Chris avait pris la parole.

-Est- ce que tu es amoureuse ?

La question m'avait prise de court. Qu'est-ce que j'aurais dû répondre ? Alors, dans mon plus grand élan d'élégance, j'avais bégayé une pauvre phrase sortie de nulle part.

-A.. Amoureuse... Ahaa... Moi ? Je.. vois pas de quoi tu parles..

-Je ne parle pas de Caleb, Hayleen.

Ce fut encore pire que ce que j'avais imaginé. Trop gênée pour répondre, j'avais simplement baissé la tête et je m'étais remise au travail.

-Est-ce que tu m'as au moins aimé ?

-Je t'interdis de prétendre le contraire. C'est moi qui devrait te poser cette question.

-Oh, je t'ai aimé. Comme un dingue. Et sortir avec ces autres filles était la plus grosse erreur de ma vie. J'étais débile, et je pensais que collectionner les conquêtes m'apporterait la gloire et la réputation que je souhaitais. Mais tu sais c'est quoi le pire ?