Chapitre 3

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Le lendemain matin, le réveil sonne à 6h30, et c'est très dur. Cette nuit, je me suis réveillée toutes les heures, chaque fois à cause du même cauchemar. Des hommes et des femmes se faisant éliminer par des ombres, qui prononçaient simplement un mot. Asphyxie. Et les personnes attaquées tombaient raides, sans plus pouvoir respirer. Le pire, c'est lorsque j'arrivais à la partie où mes parents se faisaient attaquer à leur tour. Mais avant que quiconque aie pu prononcer un mot, mon père et ma mère disparaissaient dans un halo de lumière, sous les cris des autres victimes. C'est à ce moment que je me réveillais en sueur, hurlant à perdre haleine. Je me retourne dans mon lit en gémissant. Je donne un grand coup dans mon réveil pour l'arrêter, ce qui ne fait qu'empirer les choses. La musique retentit dans mes oreilles, encore plus forte. Je prends mon coussin et me l'enfonce sur la tête, ce qui n'arrange rien. Je lance l'oreiller loin devant moi et me force à me redresser.

Ma mère, aussi fatiguée que moi après avoir passé la nuit à mes côtés pour me rassurer, arbore les mêmes cernes que les miennes. Elle me sourit, les yeux à moitié ouverts. En sortant de la chambre, elle éteint le réveil et le remet sur ma table de nuit. Je la remercie, encore complètement dans les vapes. J'enfile un jean, et mets un pull bleu marine sur mes épaules, puis je descends dans la cuisine tandis que ma mère part se recoucher avec mon père pour une petite demi heure. Je prends le petit déjeuner seule avec la télévision. Après ça, je remonte me brosser les dents et les cheveux. Au moment de préparer mon sac de cours, je panique. Mon carnet de dessin a disparu ! C'est la chose à laquelle je tiens le plus, et je ne sais pas où il est. Je cherche partout. Dans ma commode, mon armoire, sous mon lit. Il n'est nul part. Si quelqu'un tombe dessus, je suis mal. Très mal. C'est aussi ce qui me sert de journal intime. J'y ai dessiné toute ma vie.. Mes cauchemars sont tous répertoriés à l'intérieur, tout comme les dizaines de dessin de Chris... Où est-ce qu'il peut bien être ?

Oh, non... Non, non, non ! C'est pas vrai ! Il a dû tomber quand le gars m'a bousculé devant les toilettes. N'importe qui a pu mettre la main dessus ! Cette journée va peut-être être pire que celle d'hier, et c'est peu dire... 

Je me dépêche de me rendre à mon arrêt de bus et je mets mes écouteurs pour ne pas avoir à écouter tous les ragots des filles du lycée. Comment peuvent-elles parler autant à 7h du mat' ? Je m'installe à côté d'un garçon à lunettes, qui passe son temps à renifler. Je me fais violence pour ne pas lui faire de remarque, et essaie de rattraper quelques minutes de sommeil. En arrivant devant le lycée, je devance tous les occupants du car et cours jusqu'au couloir, devant les toilettes des filles. Je regarde partout, mais mon carnet n'est pas là. Je m'allonge même sur le sol pour regarder sous les meubles.

-Tu cherches quelque chose ? Lance une voix derrière moi.

Je fais volte face et me retrouve nez à nez avec Caleb. Je me relève rapidement et frotte mon pantalon.

-Manquait plus que toi... Eh, mais tu étais là hier, quand je me suis fait pousser ! Je réalise soudain.

-Un peu que j'étais là, rigole-t-il, mais j'ai préféré ta chute à la cantine. Plus dramatique, mieux jouée.

Je ravale ma colère avec difficulté.

-Ravie que tu aies apprécié. Tu n'aurais pas vu un carnet par hasard ? Peut-être que quelqu'un l'a pris.. je demande avec espoir.

-Hum... Attends voir...

Il fait mine de réfléchir pendant ce qui me semble être une heure entière.

-Je te demande pas la lune, Mayork. Est-ce que tu l'as vu, oui ou non ?

-Tu veux dire un carnet... comme celui là ? Dit-il en sortant mon carnet de son sac.

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