Chapitre 17

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Je cours jusqu'à la sortie de la ville mais je n'arrive pas à stopper mes larmes. Je me sens incroyablement stupide mais je repense chaque seconde au regard dédaigneux que Caleb me lançait en disant ces mots et je pleure de plus belle. Ma réaction m'énerve d'autant plus, car j'aurais voulu lui faire face et répliquer, mais je n'en avais pas eu la force. La haine était montée en moi si rapidement qu'elle m'avait terrassée d'un seul coup, empêchant toutes réponses. Je m'arrête à la limite de la ville et je décide de rentrer chez moi. Lorsque j'y arrive, j'ai enfin réussi à sécher mes larmes. En revanche, j'en veux énormément à Caleb. Je suis tellement énervée que la colère que j'éprouve envers lui me donne une force insoupçonnée. Je monte dans ma chambre, je prépare un sac à dos avec une bouteille d'eau et quelques gâteaux à grignoter. Je me change rapidement, j'enfile un short de sport gris et un débardeur noir. Je m'attache les cheveux en une queue de cheval haute et j'écris un mot à mes parents pour leur dire de ne pas s'inquiéter, que je ne rentrerai peut-être pas ce soir. Je prends ma veste en jean et mon sac à dos et je ressors dans la rue. Il doit être environ dix-sept heures et les rues sont déjà vides. J'éteins mon téléphone et je me dirige vers la maison d'Erian. Lorsque j'arrive devant la porte, je sors la clef que le professeur m'a donné et j'entre directement dans la salle d'entraînement. Je pose mon sac et ma veste et je frappe de toutes mes forces sur un punching-ball. Je n'ai pas pris de gants et la douleur est extrême mais celle-ci me fait penser à autre chose. Je frappe pendant des heures et je m'arrête seulement lorsque mes mains me font trop souffrir. Elles sont couvertes de bleus et quelques plaies se sont ouvertes. Pourtant, je ne suis toujours pas totalement calmée. Je travaille toutes les techniques de combat qu'Erian nous a enseigné jusqu'à les assimiler complètement. Avant même d'arriver à la dernière, je tombe de fatigue, au sens propre. Le manque de sommeil de la nuit précédente me rattrape et je m'écroule sur le sol. Je ne veux pas rentrer à la maison car j'ai peur des regards insistants de mes parents, j'ai peur qu'ils me demandent si je vais bien. Non, je ne vais pas bien. Ma vie s'est écroulée en moins d'un mois. Je n'ai que dix-sept ans et je ne suis pas faite pour affronter cela. Pourtant, il le faut. Je ne laisserai pas des milliers de gens souffrir, par ma faute. Si seulement j'avais le soutien de mon partenaire... S'il me renvoyait la pareille et qu'il m'aidait à surmonter cela, ce serait plus simple. Au lieu de cela, il ne fait qu'aggraver les choses, et me fait me sentir encore plus mal. Avant de sombrer dans un sommeil profond, au milieu d'un tapis du centre d'entraînement, je prends une résolution que je compte bien tenir.  Plus personne ne me blessera sans que j'en ai décidé autrement. Rien ne me touchera plus si je ne laisse pas faire. Et, cette fois, je me crée une carapace que personne ne pourra détruire de l'extérieur, même pas Caleb. Je ne suis pas la petite Hayleen, idiote, faible et ridicule qu'il a décrit, plus maintenant. Plus jamais.

-Hayleen !

Une voix me sort de mon sommeil réparateur et j'ouvre un œil, surprise. Où suis-je ? J'ouvre les deux yeux et je croise le regard de Caleb. Oh, oui, je me souviens. Lydia, qui est celle qui m'a appelée, se précipite vers moi et s'accroupit à mes côtés. Je me redresse lentement sur mes deux bras et je m'assieds, un peu dans les vapes.

-Salut.

-Tu nous a foutu une de ces trouilles ! On t'a cherché partout ! Tes parents sont morts d'inquiétude ! Ils sont là-haut, tu devrais aller les rassurer. Je viens avec toi, aller, lève toi.

Elle m'aide à me relever et m'accompagne jusqu'aux escaliers.

-Après que tu sois partie, je t'ai cherchée partout. Les autres sont rentrés chez eux mais il fallait que je te trouve. J'ai même dormi chez toi. En plus, Caleb n'a rien voulu nous dire. Il a juste dit que tu avais un petit problème que tu devais régler. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

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