Chapitre 13

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Je me tourne vers Caleb et je remarque qu'il n'a aucune idée de ce dont Erian parle non plus. Nous poussons l'armoire qui cache le portail et nous nous engouffrons dans celui-ci après que le professeur l'ait activé. Lorsque nous arrivons dans la grotte par laquelle nous étions passés la dernière fois, Erian prend enfin la parole.

-Bien, nous allons nous diriger vers Oria. C'est la seule vraie ville qui existe ici. Les personnes qui n'y vivent pas ont leur maison un peu reclue, éloignée. Leurs habitations ont souvent des noms, pour se repérer. Tous les commerces se trouvent à Oria, le palais du conseil aussi.

-Je croyais qu'il avait été détruit par Nhaundar, j'interviens.

-C'est le cas. Il a été reconstruit, de manière assez...étrange. On ne va pas s'en préoccuper aujourd'hui. Vous vous devez d'être les plus discrets possible. Il y a des Waraäns un peu partout et il ne faut surtout pas que vous vous fassiez remarqué. Tous les veilleurs sont censés avoir disparus.

-Est-ce qu'ils peuvent sentir que nous sommes veilleurs ?

-C'est compliqué. Oui et non. Ils sentent l'énergie de votre bijou si vous vous trouvez trop près, ou si vous utilisez vos pouvoirs trop longtemps, trop fortement. Un veilleur qui n'a pas de bijou ne peut pas être repéré. En revanche, le simple fait de recevoir l'ornement pour la première fois agit comme un phare pour les Waraäns. C'est pour cela que vous n'auriez eu aucune chance en restant dans ce monde. Ne mettez pas vos bijoux mais gardez les à portée de main, au cas où.

-On ne risque pas de faire tâche dans le décor ? Enfin, les gens d'ici doivent avoir des vêtements bizarres, tout ça... commence Chris.

-Non, Chris, pas les vêtements. Nous sommes assez similaires, dans ce domaine, répond Keydjin.

-Comme dans Harry Potter, je réponds. Ils ont des vêtements ordinaires, en dessous de leur robe de sorcier.

-Oui, Hayleen, si tu veux, me coupe Erian. Par contre, nous n'utilisons pas les technologies de l'autre monde. La télévision, le téléphone, tout cela n'existe pas ici, nous avions la magie. En tout cas, ne prenez pas de selfie devant le palais, il risquerait d'être le dernier. Ta remarque était pertinente, Chris. Il n'y a pas non plus d'immeuble, de cinéma... C'est comme si nous étions restés pendant le moyen-âge, sauf que nous avons des vêtements moderne, si vous voulez. Faites attention à ce que vous dites, surtout. Les habitants de Faelhon serait prêts à dénoncer n'importe qui pour un peu d'argent.

-Quelle réjouissante nouvelle ! On y va ? Lance Caleb, impatient.

Notre petit groupe s'enfonce dans la forêt, dans la direction opposée du manoir consumé d'Erian et je reste à l'arrière car je veux voir tout ce qu'il y a dans ce nouveau monde, dont je ne soupçonnais même pas l'existence il y a seulement une semaine. Caleb remarque que je suis à la traîne et il ralentit afin d'arriver à ma hauteur.

-J'ai peur, me confie-t-il.

Je ralentis encore, étonnée de sa confession. Depuis quand sommes nous si proches ? Nous ne sommes même pas amis. Nous sommes seulement forcés à être ensembles. Je m'éclaircis la gorge et secoue la tête.

-Le grand Caleb Mayork n'a pas peur, je lui réponds en regardant autour de moi, encore gênée de son aveu.

-Je te parle sérieusement, idiote.

-Eh, tu vas te détendre un peu.

Je braque mes yeux sur lui et je me rends compte qu'il a vraiment peur. Je reconnais ce regard. Je l'ai arboré quelques temps. Nous ne sommes peut-être pas amis, mais je sais ce que ça fait de se sentir perdue, et seule. Avant de rencontrer Lydia, je me souviens des heures entières que je passais à me demander qui remarquerait mon absence si jamais je m'en allais. Mes parents, sûrement. Caleb est seul. Il a beau faire le dur et nous faire croire qu'il est invincible, intouchable, je vois bien qu'il lui manque le plus important. Une oreille attentive. Malheureusement pour lui, je suis mal placée pour remplir ce rôle. Je n'ai jamais été douée pour réconforter les autres. Tout ce que je sais faire, c'est détourner les conversations lorsqu'elles deviennent trop lourdes pour moi. Je décide donc de changer de sujet pour qu'il pense à autre chose.

Les Derniers VeilleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant