Elle fronce les sourcils. Je suis totalement désemparée.

  - Oublis ça, ok ?

  Elle approuve d'un hochement de tête.

  Je saisis la carte du menu et m'y plonge... avant qu'une question me démange.

  - Attends, vous avez de la viande au Paradis ?! Et..., je lance un nouveau coup d'œil à la carte, et du poisson ? Des légumes ?

  - Oui, répond-t-elle indignée.

  - Mais comment...

  - Il y a des champs au Paradis, où l'on cultive les plantes et élève les bêtes. Et puis il y a quelques fleuves qui traversent la Cité... de bons poissons y nagent.

  - Waouh...

  - Mais, depuis quelques siècles nous importons de la nourriture de la Terre jusqu'ici, et également des objets... mais ça, ça se faisait depuis longtemps...

  - Comment...

  - Écoute Am, tu es dans un monde « magique », accepte-le et ça t'évitera de te poser des questions inutiles et sans réponses. Si les anges existent alors...qu'est-ce qui empêcherait qu'ils fassent venir des vaches au Paradis, qu'ils soient agriculteurs, pêcheurs ou bien... bref, tu comprends ?

  - Oui...

  Croit-elle que c'est si simple de se dire que l'impossible est possible ?

  Je suis certaine que cette fois-ci je l'ai offusquée. Est-ce qu'elle aussi est déçue de moi et s'attendait à mieux ? Estime-t-elle comme Théo que je ne suis pas à la hauteur des attentes du Paradis et que si je me retrouve ici ce n'est dû qu'à une erreur ou une grosse mésentente ?

  Or Théo n'a jamais rien dit de tel, en dehors de ses regards que je ne comprendrai sûrement jamais, il n'a pas laissé paraitre la moindre déception à mon égard. Je me fais peut-être des idées et trop de préjugés. C'est ce qu'ont tendances à faire les gens qui vont mal, non ?

  Allez, passons...

  A ma plus grande surprise les menus proposés ne diffèrent pas tellement de ce que j'ai l'habitude de voir en restaurant. Excepté quelques mots que je ne comprends, j'ai déjà mangé à peu près de tous les produits présents sur la carte. Lahela me sourit, et comme si elle avait lu dans mes pensées, elle me dit :

-         On est dans un resto Français.

-         Ah !

  Est-ce parce qu'elle avait peur de me chambouler ?

  Je regarde autour de moi, il est vrai que la déco fait un peu penser aux bistros Parisiens des vieux quartiers chics et populaires que l'on voit dans les films. Je ne suis jamais allée à la capitale, mais je m'imagine ce que ça doit être de s'installer bien au chaud au fond de ces pièces et regarder les habitués venir boire un verre au bar, puis repartir souriant après avoir discutés avec leurs vieux et fidèles amis. Se contenter de voir défiler les gens, de ne pas avoir besoin de dire au serveur ce que l'on souhaite manger car il sait que ce sera la même chose que les jours précédents, de se sentir comme chez soi, à l'abri, là où on se sent bien et là où on est à chaque fois sûrs de croiser une vieille connaissance avec qui engendrer de longues et diverses conversations ; car cela suffit à son bonheur que de savoir la richesse d'un lieu auquel on est attachés et dans lequel nous pouvons nous rendre quand bon nous semble car il est proche de chez soi. Toutes ces habitudes, ces traditions, qui font d'une vie ce qu'elle est.

-         En fait, je ne t'ai toujours pas parlé de... oh ! Comment ai-je pu oublier !

  Mes yeux se posent brusquement sur Lahela alors qu'elle me sort de mes pensées.

Ombre & Lumière Tome 1Where stories live. Discover now