Danseuse

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Il se trouve qu'Ana aimait la vie.

Alors, parfois, souvent, elle se levait et elle dansait.

Elle dansait sans musique, ou avec, peu lui importait.

Elle dansait.

Elle tournoyait, les bras levés. Ses petits pieds blancs effleuraient à peine le sol, le touchaient, le quittaient. Clap clap clap, les petits pieds sur le plancher. Les yeux fermés sur l'existence, ou ouverts sur le monde. Regard absent ou transperçant.

Elle tournoyait, tourbillonait, s'envolait, retombait, s'abandonnait, perdue corps et âme dans ce monde qui n'appartenait qu'à elle. Et ses bras, ses bras qui se déployaient comme des ailes - elle voulait voler - qui se refermaient, et qui s'ouvraient à nouveau, comme un battement d'aile.

Elle avait la tête renversée parfois, ou bien droite, tutoyant le monde, tutoyant le ciel, et son regard qui, lui, tutoyait la vie. Un sourire insolent plaqué sur ses lèvres, Ana avait l'air de dire :

"As-tu quelque chose à y redire ?"

Et ses longs cheveux qui volaient, accompagnant chacun de ses mouvement, lui fouettaient le visage. Ses longs cheveux d'or...

Elle dansait, dansait, de plus en plus vite, jusqu'à en perdre la tête, jusqu'à en boucher ses sens. Elle voyait le monde à l'envers, tout tourbillonait, elle tournait, tournait, et clap clap les petits pieds, et flap flap ses ailes, et boum boum son coeur comblé.

Alors, épuisée par sa danse frénétique, par son hommage au bonheur, elle s'écroulait, comme ça, d'un coup. Elle s'effondrait sur son lit, ou sur l'herbe, elle tombait d'un bloc, sur le dos, et elle regardait le ciel, un grand sourire aux lèvres.

Elle était comme ça, Ana. Elle dansait dans la vie, elle dansait, au nez et à la barbe de tout le monde qui, eux, se contentaient de la regarder faire.

Ana se consumait d'amour pour l'univers.

d a n s e  f r é n é t i q u e  h o m m a g e  à  l a  v i e  e n v o l  s o u d a i n

anaWhere stories live. Discover now