Douloureuse

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Parfois, Ana pleurait.

Lorsqu'elle pleurait, sa peau nacrée-bleutée affichait quelques tâches rouges sur son front. Son nez coulait, et les larmes, perles transparentes gorgées de non-dits, roulaient sur ses joues. Ana émettait alors des petits hoquets. Et quand elle souffrait trop fort, elle renversait sa tête en arrière et lâchait un cri guttural, rauque, venu du fond de sa gorge. Ce cri, unique, contenait une douleur tellement profonde qu'elle la mangeait, la rongeait de l'intérieur. C'était le cri de Juliette qui perdait Roméo, celui de Rose devant Jack qui sombrait. C'était le cri d'Ana qui lâchait sa souffrance, enfin.

Ensuite, Ana se ressaisissait, essuyait ses larmes, et retrouvait son masque d'impassibilité.

Ce cri faisait partie d'Ana, comme ses larmes, comme ses fleurs, comme ses cheveux, ses yeux, sa peau, sa fossette, sa voix, ses petits cheveux, et tout le reste.

c r i  g u t t u r a l  c r i  d e  s o u f f r a n c e  p e r l e s  d e  d o u l e u r

anaWhere stories live. Discover now