Fleuri

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Le père d'Ana était fleuriste.

Alors, lorsqu'Ana rentrait chez elle, le soir, elle passait devant le magasin de son père. Lui était au fond, à la caisse. Sa silhouette grande et maigre était constamment courbée sur ses plantes adorées. Il les aimait plus que tout au monde, y compris sa propre fille.

La boutique était une serre géante, et une explosion de couleurs. Établie dans un ancien magasin d'escrime, elle sentait les fleurs et le vieux plancher. Les murs disparaissaient sous des vignes gigantesques. Il fallait faire attention où on posait les pieds, sous peine d'écraser un cactus posé là. Et le propriétaire, enfermé dans sa bulle fleurie, ne vous voyait pas avant que vous ne vous trouviez devant lui.

On pourrait croire que Ana était jalouse de toutes ces plantes qui lui volaient son père. Que nenni. Ana adorait les plantes. Elle leur chantait du jazz en sa langue inconnue. Elle passait son doigt sur les feuilles et les pétales avec une douceur inégalable. Ana, comme son père, vivait par et pour ses plantes.

v i e  f l e u r i e  m o n d e  v i g n e u x  p è r e  a b s e nt  b o n h e u r  d e  p l a n t e s

anaWhere stories live. Discover now