Chapitre 42 : Le cruel arrangement

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  Niven était parvenu à me convaincre de rentrer avec lui jusqu'à la cité des sirènes et lorsque je passai de nouveau la grande arcade menant à la grande salle où j''avais rencontré Caleen pour la première fois, tout le monde m'observa avec soulagement.
- L'Amerande est là ! Cria une voix dont je n'aurais pu déterminer la provenance.
Au loin, je vis ma mère assise sur son coquillage. Elle se redressa subitement et me fit signe de m'approcher. Sous le regard encourageant de Niven je nageai jusqu'à elle.
- Je suis désolée pour ce qui s'est passé un peu plus tôt dans la journée, dit-elle d'un air navré. Je ne voulais pas que tu l'apprennes ainsi, aussi cruellement.
Je plongeai mon regard dans le sien. Elle avait l'air triste même si elle tentait de le masquer.
- Suis-moi, ajouta-t-elle en nageant jusqu'à la porte la plus proche.
Je la suivi en silence et une fois que nous fûmes à l'abris des regards elle vint me serrer dans ses bras. Sans desserrer son étreinte elle me marmonna toutes sortes d'excuses et j'étais certaine, que si elle avait été humaine, elle aurait certainement laissé échapper quelques larmes. Son ton était si suppliant, si désespéré...
- Je te pardonne, dis-je alors.
Caleen me relâcha enfin et sembla reprendre de la vigueur.
- Je sais que nos deux peuples sont très différents, mais si j'ai pu aimer un humain et passer outre mes principes, je sais que tu sauras le faire à ton tour.
Je savais de quels principes elle parlaient, de nos manières de nous nourrir par exemple. Nous nous prenions mutuellement pour des meurtrières, mais elle, ne m'avait jamais jugé.
- Niven m'a aidé à me nourrir, dis-je.
Cela sembla la surprendre et je lui racontai alors l'épisode du chant et du bateau ce qui provoqua un magnifique sourire chez ma mère.
- J'ai également vu ma sœur.
Caleen fronça les sourcils.
- Elle est venu avec Mareva pour essayer de me convaincre de rester, expliquai-je. J'ai été méchante avec elle, je m'en veux.
- C'est étonnant qu'elle soit venu te voir, mais visiblement elle avait de bonnes intentions. C'est bien elle mûrit.
- Quel âge a-t-elle ? M'enquis-je.
- Seize ans. Elle n'est pas bien plus jeune que toi comme tu vois.
- Et son père ?
- Son père est bien évidemment une sirène.
- Je m'en doute, mais où est-il ?
- Surement dans le coin, répondit ma mère comme si c'était le dernier de ses soucis.
Sa réponse me troubla mais je ne posai cependant pas davantage de questions.
- J'ai quelqu'un à te présenter, ajouta-t-elle alors avec un grand sourire. Enfin, à te présenter officiellement.
Voulait-elle dire que c'était quelqu'un que je connaissais déjà ? Il s'agissait donc soit de ma soeur, d'Ivany, de Marva ou encore de Niven. Mais je doutai qu'il s'agisse du garçon étant donné le peu d'importance qu'on semblait donner aux hommes ici. Je suivis ma mère à travers les nombreux couloirs de son palais et bientôt elle s'arrêta devant une porte qu'elle ouvrit en grand. Cependant, ses yeux se tintèrent légèrement de rouge en observant la pièce. Intriguée, je passai la tête à travers l'encadrement de la porte pour voir ce qui pouvait bien rendre triste ou en colère ma mère. Cependant, rien ne me sauta aux yeux. Il s'agissait visiblement d'une chambre, qui était par ailleurs très bien décoré. Mais elle était plus sobre que celle que j'avais.
- Vide.... Grogna férocement ma mère entre ses dents.
Je lui lançai un regard interrogateur, mais elle ne m'expliqua pas la raison de son agacement et se contenta de m'ordonner d'entrer et d'attendre. J'avançai ainsi dans la pièce tandis qu'elle disparaissait dans le couloir à une vitesse prodigieuse. Il faudrait que je lui demande ce qu'était cette histoire de vitesse avec l'eau. Si Niven avait dit vrai, je devais pouvoir le faire à mon tour.
J'eu le temps d'observer plus attentivement la pièce dans laquelle je me trouvais et constatai une fois encore qu'elle était remplie d'objet moldu. Il y avait même en étrange couronne faite de fourchette, comme les hommes sur terre l'auraient fait avec des fleurs. C'était à se demander si les sirènes connaissaient réellement l'utilité d'une fourchette. Je n'eu pas le loisir d'y réfléchir davantage que Niven, contre toute attente, vint me rejoindre dans la chambre. Cependant, il ne semblait pas d'aussi bonne humeur qu'un peu plus tôt dans l'après midi. Ces yeux étaient en effet légèrement rosés et je voyais cette fois-ci clairement que c'était de la tristesse. Je m'avançai vers lui tout en lui adressant un timide sourire.
- Ici c'est la pièce qui m'est réservé das le palais, m'expliqua-t-il.
- Elle est très belle, le complimentai-je.
- Jusqu'à ce que je m'accouple, ajouta-t-il cependant. Après j'en changerai évidemment.
Je fis une grimace à l'emploi étrange de ce mot, on aurait dit qu'il parlait de lui comme d'un vulgaire animal. Cependant, comme j'avais pu le comprendre, nos mœurs n'étaient pas les mêmes, je ne me permis donc aucun commentaire.
- Caleen était agacée que je ne sois pas directement retourné dans ma chambre après t'avoir ramené, continua-t-il. Elle a raison, j'aurais dû m'y trouver plutôt qu'être avec ...
Sa phrase resta en suspens.
- Plutôt qu'être avec ? Insistai-je.
- Après t'avoir ramené, je suis allée voir Ondira, ta soeur.
- Comment va-t-elle ? Elle ne m'en veut pas j'espère ?
- Nous évitons de parler de toi à vrai dire.
Il n'avait pas dit ça méchamment, mais plutôt dans un souffle désespéré.
- Je préfère être honnête avec toi, continua-t-il mal à l'aise, Ondira et moi nous aimons. Je sais que cela peut paraître fou, que l'amour est un sentiment humain et non destiné à une sirène, mais nous sommes réellement amoureux l'un de l'autre. Caleen ne le sait pas évidemment, personne ne le sait, personne ne pourrait envisager un tel sentiment ici et nous sommes obligés de nous voir en cachette.
- Pourtant il me semble que ma mère a aimé un sorcier ! M'exclamai-je.
Je regrettai aussitôt d'en avoir peut-être trop dit, car aux dires de Niven, l'amour n'était pas un sentiment vraiment accepté ici. Pourtant le peuple des sirènes devaient bien être au courant de l'histoire de la reine, d'autant plus avec ma présence sous l'océan. Niven mit aussitôt fin à mon questionnement.
- Caleen a beau le nier, je sais qu'elle est tombée amoureuse d'un sorcier autrefois, de ton père. Le peuple reste persuadé que le sorcier l'avait ensorcelé mais je suis sûr que ce n'était pas le cas.
Il semblait attendre une confirmation de ma part, mais la situation était trop délicate pour que je puisse dire ce que je pensais. Et après tout, Voldemort soumettant Caleen à l'imperium n'aurait pas été une possibilité à exclure, sauf après la réaction qu'elle avait eu lorsque je lui avais annoncé qu'il avait été tué en juin. Cependant, j'avais été la seule à la voir dans cet état.
- Je ne sais pas du tout, je n'ai pas connu mon père, répondis-je alors par précaution.
- De toute façon, les sentiments de la reine ne sont pas le problème, fit-il dans un soupire. Le fait est que je vais devoir me séparer de celle que j'aime.
- Vous n'y êtes pas forcés ! Insistai-je. Pourquoi ne pas vous accoupler ? Enfin, je ne connais pas vraiment la procédure ici mais ... Vous n'avez pas le droit de choisir avec qui vous voulez être ?
- C'est souvent la femelle qui choisis mais...
- Eh bien Ondira t'aime ! Le coupai-je ne comprenant pas le problème.
Il m'observa plusieurs secondes en fronçant les sourcils.
- Mais Caleen ne t'a rien dit ? Elle m'a envoyé te rejoindre ici sans te mettre au courant ? Nous sommes censés nous accoupler tous les deux ! S'exclama-t-il en me désignant.
- Pardon ? M'étranglai-je.
- Je suis promis à toi depuis ma naissance, du moins à la future reine.
- C'est une blague ? Demandai-je en haussant les sourcils. Mais qu'est ce que c'est que ces pratiques archaïques !
- Depuis tout petit je pensais qu'il s'agirait d'Ondira et j'en étais ravie car je m'étais toujours bien entendu avec elle. Puis, nous sommes tombés amoureux il y a deux ans et l'année dernière, Caleen a parlé de toi, que tu reviendrais à ta majorité, que l'Amerande serait rendue au peuple des sirènes. Nous pensions que jamais elle ne parviendrait à te retrouver, mais quand les recherches on commencé à s'intensifier, quand Caleen a fait appel aux elfes de l'eau, nous avons commencé a avoir peur.
- C'est pour ça qu'Ondira m'en veut ! M'exclamai-je. Pas directement parce que je suis l'Amerande, mais parce que le droit d'être avec toi me revient...
Plus je prenais conscience de la situation, plus je trouvais cela affreux, cependant il fallait aussitôt que je rassure Niven sur ma situation.
- Ne t'en fait pas, déclarai-je alors. Je ne compte pas devenir reine, je ne compte pas rester sous l'eau, ma vie est là-haut sur terre. Et puis, je suis moi-même déjà avec quelqu'un. Nous nous aimons.
- Tu es promise à lui ? Demanda-t-il plein d'espoir.
- Cela ne se passe pas comme ça sur terre, du moins plus à notre époque. Nous nous mettons avec la personne que nous aimons, nous choisissons avec qui nous voulons être.
- Ce doit être merveilleux, murmura-t-il.
- Donc ne t'en fais pas, insistai-je. Tu seras avec Ondira, c'est elle qui deviendra reine.
Je pensais l'avoir définitivement rassuré, mais il eut un reniflement dédaigneux.
- Tu ne connais pas Caleen... C'est la reine ! Ces ordres sont suivis, de plein grès où de force !
- Eh bien ça, cela m'étonnerait ! M'exclamai-je en secouant ma baguette magique en dessus de ma tête pour lui montrer que je saurais faire entendre et respecter mes revendications.

J'avais aussitôt rejoins la grande salle pour trouver Caleen et elle était bien là, entourée des sirènes qui m'avaient escortées jusqu'au royaume sous-marin. Je reconnu aussitôt Ivany et Mareva. Cette dernière m'adressa un sourire discret avant de reporter son attention sur ce que disait la reine. J'attendis patiemment qu'elles terminent et lorsque je vis les sirènes entreprendre de sortir je m'avançai vers ma mère qui m'adressa aussitôt un large sourire. Je sentis mon coeur battre dans ma poitrine en m'approchant d'elle. Et si Niven disait vrai ? Du moins si Caleen avait vraiment les moyens de m'empêcher de retourner sur terre ? Je resserrais ma prise sur ma baguette magique. J'étais une sorcière avant tout, j'étais beaucoup plus puissante qu'elle.
- Alors ? Me demanda-t-elle en souriant. Il est beau n'est-ce pas ?
Je me retournais vers le lieu qu'elle désignait d'un signe de tête. C'était Niven et je vis bientôt ma sœur Ondira le rejoindre. Le garçon se pencha à son oreille pour lui parler et j'étais certaine qu'il lui expliquait ce que je m'apprêtait à faire.
- Oui, il est très beau, répondis-je alors, comme vous tous ici.
Caleen parut ravie de ma réponse.
- Il faut que je te parle, insistai-je à voix basse.
Je ne voulais pas que tout le monde entende ce que j'allais dire.
- Parle ici, n'ais pas peur.
Je m'approchai alors davantage d'elle et parlai à voix basse.
- Niven est quelqu'un de très bien, j'en suis certaine, mais il n'est pas pour moi.
- Comment ça ? S'exclama Caleen surprise.
- Je ne suis pas faite pour être reine, je suis une humaine et une sorcière avant tout. C'est à Ondira que revient le droit d'accéder au trône, pas moi.
- Bien sûr que si ! S'exclama-t-elle. Tu es l'Amerande, ne t'en fait pas.
Elle ne comprenait pas...
- Ma vie sur terre me manque et j'ai déjà quelqu'un.
Cette fois-ci elle fronça les sourcils.
- J'aime un sorcier et celui-ci m'aime en retour. Je sais que tu sais ce qu'est l'amour, ajoutai-je d'une voix encore plus basse si c'était possible, et il me manque terriblement. J'irais le rejoindre tôt au tard, je suis sur qu'il me cherche actuellement. Je suis faite pour être avec lui, sur terre.
Contre toute attente, Caleen explosa de rire. Sa voix cristalline était effrayante.
- Vous avez entendu ? S'écria-t-elle haut et fort.
- Ma fille, l'Amerande, veut retourner sur terre rejoindre celui qu'elle aime !
Il y eut quelques rires dans la salle tandis que d'autres sirènes restaient figées.
- Celui qu'elle aime ! Répéta-t-elle. Mais que crois-tu qu'il va se passer quand il verra qui tu es réellement ? Ajouta-t-elle toujours d'une voix toujours aussi forte mais en plongeant son regard dans le mien.
- Drago m'aime. Nous nous aimions encore cachette alors que nous pensions être de la même famille. Etre sirène n'est rien à coté de ça. Cela ne lui posera aucun problème, je le sais.
Caleen explosa de nouveau de rire.
- Eh bien va ! Va donc rejoindre cette homme mais tu ne diras pas que je ne t'avais pas prévenu ! Tu es mi-humaine mi-sirène. Tu verras à quel point ton peuple et ton Drago que tu chéries tant, aiment les hybrides !
Ne t'en fais pas Niven, ajouta-t-elle à son attention. L'Amerande reviendra bien vite et tu t'accoupleras avec elle comme prévu, car à son retour elle aura pris conscience de la méchanceté de son peuple !
- Tom Jedusor était quelqu'un de mauvais dans le fond, expliquai-je. Nous ne sommes pas tous comme lui, Drago n'est pas comme lui.
- Va le rejoindre, m'ordonna ma mère d'une voix cependant douce. Et quand il t'aura rejeté je serais là pour toi moi.


PS : Pour la chanson qu'Hermione chante sur Poudlard dans le chapitre précédent. C'est la chanson que le choipeaux magiquechante dans le livre Harry Potter 1, je n'avais rien inventé^^

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