Chapitre 36 : Le sauvetage

4.7K 380 15
                                    

  J'avais l'impression qu'il s'était passé des heures et des heures depuis qu'Ô était partie, pourtant il faisait toujours aussi nuit quand elle revint enfin. Elle s'approcha à pas de loup et s'agenouilla à côté de moi, au bord de la mare. Elle semblait terrorisée tandis que je lui lançais un regard plein d'espoir.
- Ne me trahis pas. S'ils savent que je t'ai aidé je mourrai.
- Je ne te trahirai pas, répondis-je de ma voix la plus sincère possible.
Elle plongea son regard dans le mien pendant quelques secondes, puis lança de rapides coups d'œil aux alentours et entra silencieusement dans l'eau. Elle disparu entièrement et je sentis la corde qui reliait mes mains au fond de la mare se relâcher. Elle m'avait détaché. Lorsqu'elle remonta à la surface, je n'avais pas bougé d'un pouce et elle sembla rassurée.
- Il faut que tu restes dans la mare jusqu'à demain matin.
- Quoi ? M'étranglai-je.
Elle me fit un geste brusque pour m'indiquer de me taire. Elle avait peur qu'on nous surprenne et je pouvais la comprendre.
- S'ils ne te voient pas demain matin, ils sauront que c'est moi qui t'ai aidée durant la nuit. Il faut que l'un des miens te voit, au moins un.
- Mais s'ils viennent me voir de près ? Demandai-je d'une voix tremblante.
- Ils ne viendront pas, m'assura-t-elle. Nous nous levons tôt le matin et partons directement chasser. J'irais avec eux et tu pourras t'enfuir à ce moment là, m'expliqua-t-elle. D'accord ?
Je hochai la tête.
- Tu ne pars pas avant, insista-t-elle. Il faut qu'ils te voient demain matin.
- Je te promets.
Son regard se radoucit légèrement et j'en profitai pour lui attraper la main alors qu'elle ressortait de l'eau.
- Merci, soufflai-je. Je te dois la vie. Que puis-je faire pour...
- Ne parle jamais de nous, ne parle jamais de ce qu'il s'est passé, répondit-elle aussitôt. C'est tout ce que je te demande en échange.
- Bien sûr, dis-je en lui lançant un sourire sincère.
Je sentis la main de Ô se resserrer autour de la mienne, puis elle rompit le contact, sortit entièrement de l'eau et disparut dans l'obscurité de la nuit.

La nuit me paraissait interminable. J'étais épuisée mais il ne fallait pas que je m'endorme. Non seulement je risquais de me noyer, mais en plus je risquais de louper le moment où je pourrai enfin m'échapper. J'avais pu étancher ma soif avec l'eau répugnante de la mare, mais mon estomac me faisait affreusement souffrir. J'avais si faim que ma tête tournait. Je sentais également mes membres s'engourdirent à cause de la fatigue et c'est là que je vis peut-être ce qui allait me remettre d'aplomb. Un arbre. Mais pas n'importe quel arbre, un pommier. Il fallait que je me nourrisse où j'allais finir par perdre connaissance. Il fallait que je reprenne des forces, ne serait-ce que pour rester éveillée.
Je passai les alentour au peigne fin. Tout était parfaitement calme, il n'y avait pas le moindre bruit suspect et il faisait assez sombre pour que je ne risque pas grand chose, tant que je restais silencieuse. Je m'approchai alors du rebord de la marre et me hissai sur la terre ferme le plus silencieusement possible, en continuant de surveiller les alentours. L'arbre n'était qu'à quelques mètres, se serait vite fait. Je dénouai la corde qui liait mes mains à l'aide de mes pieds et une fois totalement libérée je me relevai enfin. J'eus l'impression que me remettre sur mes pieds me demandait un véritable effort. J'avais vraiment besoin de manger. J'avançai alors le plus silencieusement possible jusqu'à l'arbre et quand je l'atteignis enfin, je sentis un profond soulagement s'emparer de moi. J'attrapai le fruit qui était le plus bas et mordis dedans à pleines dents. C'était délicieux, tout bonnement délicieux, même s'il était clair que j'aurais appréciée manger n'importe quoi dans l'état actuel des choses. Je sentis mon coeur battre alors que j'attrapai un nouveau fruit. J'allais pouvoir m'enfuir grâce à Ô tout allait bien. Pourtant je ne pourrais jamais la remercier convenablement, je ne pourrais jamais faire quoique ce soit pour elle, mis à part de jamais révéler la vérité. Je le ferais, je ne dirais rien. Je lui devais bien ça. J'allais rentrer chez moi. Chez moi... Il fallait absolument que je déménage, je ne pouvais plus vivre au bord de l'océan. Il fallait que je vois avec mes amis, voir chez qui je pourrais loger en attendant de trouver une solution. Peut-être même que les Malefoy feraient une exception pour quelques nuits.
Un craquement retentit soudain. Il semblait si fort dans cette nuit silencieuse, que je me figeai aussitôt, cherchant la provenance du bruit. Etait-ce juste le vent qui avait fait craquer les branches d'un arbre ? Ou peut-être était-ce un animal ? Cela ne pouvait pas être un elfe. Ils devaient tous dormir. Je ne fis toujours pas le moindre mouvement et c'est là que je vis une ombre au loin. C'était bien un elfe. Etait-ce Ô ? Je ne pouvais pas prendre le risque qu'on me voit. Je reculai alors le plus silencieusement possible pour me cacher. Cependant, par chance, l'elfe se dirigeait du côté opposé à la marre dans laquelle j'étais censée me trouver. Il disparu dans la pénombre, mais je continuai tout de même de reculer le plus possible en direction de la forêt qui s'épaississait. Je ne voulais prendre aucun risque inutile.
J'allais tout simplement attendre qu'il refasse le chemin inverse et j'irai me replonger dans la mare.

Cela faisait déjà dix bonnes minutes que j'avais vu l'elfe passer et il n'était toujours pas revenu sur ses pas. Que faisait-il donc ? Cela ne pouvait pas déjà être l'heure de la chasse, il faisait encore trop nuit ! Un craquement raisonna de nouveau. Il était cependant beaucoup plus faible que la première fois et je me rendis compte que je m'étais vraiment beaucoup éloignée de l'arbre fruitier. Je plissai les yeux et vis enfin l'elfe revenir sur ses pas. Il marchait lentement et semblait sagement reprendre la direction par laquelle je l'avais vu arriver.
Cependant, il s'immobilisa soudain et tourna son regard vers la mare. Il resta quelques secondes parfaitement immobile à fixer l'endroit où je ne me trouvais plus. Mon coeur se mit à battre furieusement dans ma poitrine. Il battait si fort que j'avais peur que l'elfe l'entende. Un cri raisonna soudain dans toute la forêt. Son cris. La peur m'envahit aussitôt et je restai totalement figée dans ma position accroupis au sol. J'étais tout bonnement incapable de bouger, trop paralysée par la peur.

Il ne fallut pas beaucoup de temps au reste des elfes pour accourir près de celui qui avait crié. Ils étaient plus de six, beaucoup plus de six. J'avais l'impression qu'une cinquantaine d'elfes s'étaient rapprochés de la mare désormais vide. J'étais perdue, totalement perdue. Il ne leur faudrait pas bien longtemps pour me retrouver. J'allais mourir. Pourquoi n'avais-je pas pu rester sagement dans la mare ? Pourquoi étais-je sortie par Merlin ! J'aurais pu manger plus tard, j'aurais pu m'abstenir d'aller cueillir ces fruits, je n'en serais pas morte ! Mon corps avait un minimum de réserve. J'aurais voulu hurler de rage mais mon corps était incapable de bouger et il en était de même pour mes cordes vocales. J'étais totalement figée par l'agitation qui animaient les elfes au loin devant moi. Ils se hurlaient tous les un sur les autres, si bien que je ne parvenais pas à comprendre la moindre phrase et soudain le silence se fit. Comme si quelqu'un en avait donné l'ordre. Tous les elfes semblèrent s'écarter d'un côté et se resserrer entre eux. Le soleil commençait à se lever ce qui me permettait de mieux voir la scène qui se déroulait sous mes yeux. Ils étaient une cinquantaine à s'être regroupée sur la droite face à seulement l'un d'entre eux qui était resté sur la gauche. Que se passait-il donc ? Leur chef allait-il ordonner une battue ? C'est ce que j'aurais fait à sa place et sans perdre de temps supplémentaire.
- Comment as-tu osé ! Raisonna une voix sortant du groupe de la droite. Comment as-tu osé aider une sorcière et nous mettre en danger ?
Je vis l'elfe de gauche se tourner vers la mare puis reporter son attention sur les autres elfes qui lui faisaient face.
- Réponds Ô ! Comment as-tu pu trahir ton peuple ?!
Mon sang se glaça. Ce n'était pas le chef qui se tenait seul sur la gauche. C'était Ô.
- Tu sais le sors que l'on réserve aux traîtres, continua la voix.
Je vis les épaules de Ô s'affaisser et sa tête se baisser.
- Quand as-tu décidé de l'aider ? Poursuivit la voix.
Il n'y aucune réponse.
- Ô ! Hurla la voix.
- Lorsque nous sommes allés la chercher chez elle, répondit-elle enfin la tête toujours baissée.
Il y eu un affreux silence pendant lequel je cherchais quinze mille moyens de remédier à ce qui était en train de se passer.
- Eh bien, c'est là-bas que tu payeras ta traîtrise.
Je n'eus pas le temps de réagir que quatre elfes se jetèrent sur Ô pour l'attraper et la maintenir fermement entre eux. Le chef qui avait parlé se détacha lui aussi du groupe de droite et rejoignit Ô et les quatre elfes qui l'empêchaient de s'enfuir. Je ne vis pas exactement ce qu'il se passa ensuite, mais tous les elfes se dirigèrent vers un point, assez près du lac et semblèrent s'enfoncer les uns après les autres dans le sol. Bientôt il ne resta plus un seul elfe et je pu enfin bouger.

J'étais un monstre. J'avais trahi la seule personne à m'avoir aidé. J'avais trahi Ô et elle allait en payer les conséquences. Ils allaient la tuer. Tout ça à cause de moi. Quel était son crime ? Elle m'avait seulement aidé, et moi, je n'avais rien fait pour elle. J'étais restée assise par terre au loin et m'étais contentée d'observer la scène complètement figée d'horreur. Quel courage... Quelle noblesse...Mais je n'avais même pas honte de moi, non, c'était beaucoup plus fort que de la honte. Je savais alors, que plus jamais je ne parviendrais à me regarder dans un miroir. Ô allait mourir parce qu'elle m'avait sauvé la vie.
Je me relevai alors maladroitement du tas de mousse sur lequel je m'étais assise et marchai lentement jusqu'à la marre. Je n'avais eu qu'une chose à faire, y rester jusqu'au lever du soleil, y rester jusqu'à ce qu'ils partent à la chasse. Je n'avais même pas été capable de ça. J'avançai lentement jusqu'à la mare, puis jusqu'à l'endroit où ils avaient tous si mystérieusement disparu. J'y vis une flaque scintillante. C'était par là que j'étais venue à l'allée. Ô m'avait tendu son bras et nous nous étions avancées dedans. Je m'étais sentie glisser dedans et puis, plus rien.

Je ne pouvais pas abandonner Ô, elle m'avais sauvée. Je ne pouvais pas la laisser payer pour mes erreurs. Je m'avançai alors jusqu'à l'étrange flaque bleutée et me sentis soudain glisser dans le sol, sans savoir où j'allais atterrir et surtout si cela allait marcher. Après tout, je n'étais pas un elfe, je n'étais qu'une sorcière. Je ne connaissais pas leur magie. Lorsque je fus totalement entrée dans la sol et que je fus plongée dans le noir complet une lumière surgit lentement. Je ressortais du sol. Lorsque je rouvris les yeux pour voir où j'étais, je reconnu aussitôt les lieux. J'étais face à l'océan, l'océan atlantique. J'avais cette vue de mon salon et je l'aurais reconnu entre mille.
Mais pourquoi cette flaque m'avait-elle amené ici ? Était-ce parce que j'étais arrivée par là ? Les autres elfes avaient-ils aussi atterrit à cet endroit ? Je me souvins soudain de la brève conversation que Ô et le chef avait eut, lorsqu'il l'avait accusé de m'avoir aidé. Elle avait avoué avoir décidé de m'aider dès qu'ils étaient venus me chercher chez moi, ce à quoi le chef avait répliqué que c'était alors à cet endroit qu'elle payerait sa traîtrise. Ils allaient la tuer devant chez moi. Ils devaient tous être devant chez moi.
Je tournai brusquement la tête et aperçu ma maison au loin. Je couru alors le plus vite possible, comme si ma propre vie en dépendait. Il fallait que j'arrive à temps ! Il fallait que je la sauve ! Je courrais toujours avec acharnement quand je me rendis compte que tout allait bien se passer. Ma baguette était sur la terrasse de ma maison, je n'avais qu'une chose à faire : la récupérer. Je n'avais pas l'habitude de courir, si bien, que je fus rapidement essoufflée. J'avais même l'impression que quelque chose me serrait la gorge. Je passai mes mains dessus et sentis en effet quelque chose d'inhabituel, comme un fil de pêche. J'arrachai le fil en question, sans pour autant m'arrêter de courir et le portai face à mon regard. Ce n'était pas un fil de pêche, c'était un fil bleu, très fin, mais pourtant extrêmement solide... C'était un cheveux ! J'eus soudain froid, très froid. Mon corps ne résistait plus au froid, comme cela avait été le cas. Mon regard se reposa sur le cheveux. C'était donc comme ça que Ô m'avait protégée contre le froid ! Elle avait entouré mon cou de l'un de ses cheveux.
Je n'eus pas le temps de regretter d'avoir retiré le cheveux, que j'arrivais enfin devant ma maison. Je me stoppai nette. Ils étaient tous là, tous les elfes. Un seul d'entre eux étaient à l'écart dans l'eau, accroché à un une sorte de poteau qui semblait enfoncé dans la sable. L'elfe était ligoté autour, la tête baissée.
- Ô ! Ne pus-je m'empêcher de hurler.
Elle releva aussitôt le regard dans ma direction, au même titre que tous les autres elfes qui se retournèrent subitement vers moi. J'étais décidément la sorcière la plus stupide de ma génération. Pendant quelques secondes, mes pieds restèrent figés dans le sable. Pourquoi avais-je crié ? Pourquoi n'avais-je pas tout simplement récupéré discrètement ma baguette ? Je n'eus pas le temps de réfléchir d'avantage que les elfes avancèrent dans ma direction. Je me remis à courir, mais cette fois-ci en direction de l'océan, en direction de Ô. Je courrai vite et les elfes ne semblaient étrangement pas pressés de me poursuivre. Peut-être parce qu'ils savaient que je ne pourrais pas aller bien loin dans cette direction. Après tout je n'allais pas rejoindre le continent américain à la nage. J'atteignis enfin l'eau et couru dedans avant d'aussitôt me stopper.
Le sort ! Je baissai aussitôt le regard sur mes jambes déjà immergées jusqu'aux mollets. Je ne sentais rien, mis à part le froid saisissant de l'océan. Mais le sort de protection agissait toujours ! Je repris alors ma course en direction de Ô quand un cris retenti.
- HERMIONE !!
Mon cœur loupa un battement. Je me retournai aussitôt et je le vis. Drago était là. Il se tenait droit comme un "i" sur ma terrasse, sa baguette à la main. Bientôt, d'autres têtes apparurent à sa suite. Pansy, Blaise, Harry et Ginny, tous baguette en main, visiblement choqués par la cinquantaine d'elfes un tout petit peu plus bas, sur la plage.
J'étais sauvée. Nous étions sauvées. Drago et les autres allaient s'occuper des elfes pendant que je sauverais Ô. Je repris alors ma course en direction de Ô et bientôt je n'eus plus pieds et n'eus donc plus d'autre choix que de nager. L'eau était glacée, les vagues hautes, mais il fallait que je tienne bon, je devais sauver Ô.
- HERMIONE ! Hurla de nouveau la voix de Drago. SORS DE L'EAU !
Non, je devais la sauver ! La marré remontait à une vitesse ahurissante et si je n'arrivais pas à temps, Ô allait mourir noyée. Je n'allais pas la laisser mourir à cause de moi ! Je continuai alors de nager, ignorant l'appel de Drago, ne fixant qu'une chose : Ô. Plus je me rapprochais d'elle et plus je percevais distinctement son visage. Son regard ne me quittait pas et était rempli d'espoir. J'aurais voulu lui dire des paroles encourageantes, que j'arrivais, que je n'en avais plus pour longtemps, mais les vagues devenaient de plus en plus hautes. Je gardai donc la bouche fermée pour éviter de boire la tasse. J'y étais presque lorsqu'un jais de lumière bleu la frappa brusquement. Je restai figée quelques instants avant de comprendre que l'un de mes amis avait défait les liens de Ô. Cette dernière se dirigea aussitôt dans ma direction et j'attrapai sa main dès que je le pus.
- Je suis désolée, parvins-je à dire entre deux vagues.
Ô ne répondit pas mais ne lâcha pas pour autant ma main. Elle se contenta de fixer la plage et de nager dans sa direction avec moi.
- Je n'étais pas partie, continuai-je. J'étais juste sortie de la mare pour décrocher des fruits d'un arbre... J'avais tellement faim...
J'avalai malgré moi de l'eau de mer à cause des vagues, ce qui me fit tousser plusieurs fois. Ô tourna enfin la tête vers moi et me sourit.
- Tu es revenu pour moi, déclara-t-elle alors d'un air incrédule.
- Tu m'as sauvé, c'était à mon tour, répondis-je alors.
Son regard était rempli de gratitude et elle resserra son emprise autour de ma main avant de se retourner en direction de la plage.
Mes amis et les elfes se faisaient face sans qu'il y ait pour autant de coup de baguette magique. Ils semblaient cependant sur le qui-vive, comme s'ils attendaient que le camps adverse face le moindre pas, pour se jeter sur eux. Cependant, à mesure que je me rapprochais de la plage je me rendis compte qu'ils se parlaient. Le chef me laissait tranquille mais exigeait de tuer Ô. Il estimait qu'elle était de son peuple et que les sorciers n'avaient pas à intervenir dans leurs histoires. Six elfes se détachèrent soudain du groupe et se dirigèrent dans notre direction. J'eus enfin pieds et je m'arrêtai de nager pour reprendre  des forces. Ô fit de même en lançant un regard apeuré aux siens qui l'attendaient au bord de la plage.
- Ne vous approchez pas d'elle ! S'écria Drago en fusillant du regard les elfes qui s'avançaient dans ma direction.
Le chef des elfes hurla quelque chose à son tour, mais je ne parvins pas à entendre quoi que ce soit. Je venais de me prendre une violente vague dans le dos qui m'enfonça sous l'eau. L'eau était non seulement glacée mais les courants étaient forts. Je me retins de me débattre pour garder mes forces mais une douleur affreuse me força à remonter quelques secondes plus tard à la surface. Je ne préoccupai même pas de la facilité avec laquelle j'étais soudainement lutté contre le courant pour remonter à l'air libre, je faisais juste face à la douleur la plus horrible qu'il m'avait été donné de ressentir et je poussai malgré moi un affreux hurlement de douleur.
- HERMIONE ! Hurla Drago.
J'étais bien incapable de lui répondre. Je souffrais le martyr. J'avais l'impression que l'arrière de mon crâne se détachait de mon visage, que mes bras prenaient feux,bien que entièrement sous l'eau, et que mes jambes étaient plongées dans de l'acide.
Rien n'aurait pu me faire oublier ma souffrance.
- C'est elle ! Cria soudain Ô.
Cette fois-ci il y avait de l'intonation dans sa voix. Une intonation de victoire. Elle semblait visiblement heureuse que je meurs.
Alors que je tentais d'attraper son bras, elle s'écarta de moi avec brusquerie. Au lieu d'hurler une nouvelle fois, je ressentis quelque chose d'étrange en moi et l'impression que le pic de douleur était passé. Oui, j'avais de moins en moins mal et je n'avais plus du tout froid. Ma peau était-elle morte ? Était-ce pour ça que la douleur disparaissait peut à peut ? Pourtant mes bras étaient aussi blancs qu'avant, si on ne faisait pas attention à ces étranges tatouages qui avaient énormément grandit en quelques secondes. Mis à part ça, ma peau n'avait absolument pas noircie. Peu à peu, la douleur disparue complètement et je pus reporter mon attention sur la plage. Les elfes avaient visiblement réagit et encerclaient mes amis qui n'avaient plus leurs baguettes magiques puisque leurs mains étaient levées en l'air.
- HERMIONE ! Hurla Drago. HERMIONE !
- Drago ! Criai-je alors à mon tour.
Cependant, le chef fit couler quelque chose au pieds de mes amis. La flaque magique ! Mes amis s'enfoncèrent soudain dans le sol et ne purent rien y changer malgré leurs cris.
- Drago ! Criai-je alors à mon tour.
Je me remis alors à nager le plus vite possible pour rejoindre la terre ferme. J'allais vite, beaucoup trop vite, excessivement trop vite. Mais surtout je ne nageais pas comme d'habitude. Je passai ma main sur ma jambe droite et mes doigts rencontrèrent quelque chose d'étrange. Je retirai alors brusquement ma main et essayai de regarder à travers l'eau trouble. Je ne voyais rien à cause des vagues. Je m'immergeai alors totalement sous l'eau et tentai d'ouvrir les yeux. Je savais que cela allait piquer mais il fallait que je vois ce qu'il se passait avec mes jambes. Lorsque mes yeux s'ouvrirent, la première chose que je vis fut Ô. Elle était sous l'eau également et me lançai un sourire éblouissant. Le plus étrange était que je la distinguais parfaitement sans la moindre gêne. Mes yeux ne semblaient pas mouillés et ne me piquaient pas. C'était comme si j'avais eu un masque de plongée sur les yeux. Je voyais aussi clairement sous l'eau qu'en dehors. Je fronçai les sourcils et Ô leva un pouce en l'air en signe de victoire. J'allais remonter à la surface pour reprendre une bouffée d'air lorsque un hurlement s'échappa de ma bouche. Je venais de poser mes yeux à l'endroit où j'avais autrefois eu des jambes. Deux choses me choquèrent aussitôt : j'avais réussis à hurler sous l'eau aussi distinctement que si j'avais été à l'air libre, sans boire la tasse et en parvenant à reprendre une bouffée d'air en même temps. Mais surtout, j'avais une queue de poisson à la place des jambes. Je lançai un regard effrayé à Ô toujours sous l'eau. Elle me fit signe de me calmer et se tapota l'arrière des oreilles. Après quelques secondes je compris qu'elle voulait que je mime son geste, ce que je fis. Mes mains se posèrent sur ce que j'avais autrefois pris pour des cicatrices. C'étaient des branchies qui me permettaient de respirer.  

Mon identitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant