Chapitre 27 : Le silence

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  Nous étions déjà lundi matin et je venais de poser les pieds dans le grand hall de Poudlard. Je n'avais pas eu le courage d'y aller la veille, préférant dormir une nuit supplémentaire chez moi. Ma première heure cours débutait comme tous les lundis par Botanique et comme la semaine précédente j'arrivais en avance devant les serres.
Je n'avais pas répondu à Drago du weekend que ce soit via le carnet où lorsqu'il était venu frapper à plusieurs reprise à ma porte. Mes puissants sortilèges de défense l'avait empêché d'entrer et au bout de plusieurs tentatives, il avait cessé d'essayer. Malgré tout, le carnet était toujours avec moi, je l'avais même dans mon sac à cet instant précis. Je lisais assez fréquemment ce qu'écrivait Drago pour éviter au carnet de chauffer et de devenir lumineux, mais je ne lui avais pas répondu une seule fois.

samedi 6h : " je voulais revenir te voir, mais je crois que si mes parents se rendent compte que je suis repartis ça va être le drame. Je t'embrasse, on se voit demain !"

samedi 13h : " Tu dois encore dormir... Mes parents se sont calmés, ils sont venus s'excuser ce matin. C'est juste qu'ils ont eu peur qu'il me soit arrivé quelque chose comme je n'avais pas répondu à leur lettre. D'ailleurs ils n'ont pas mentionné le fait qu'ils nous avaient presque surpris en train de coucher ensemble. Dis-moi quand tu es levée et je te rejoins"

samedi 15h :"Ce n'est pas possible de dormir à ce point !"

samedi 17h : "Hermione, tu m'inquiètes tout va bien ?"

samedi 18h : " Pourquoi tous tes volets sont fermés ? C'est quoi toutes ces défenses autour de ta maison ? Pourquoi tu ne m'as pas ouvert ? Avec tout le bruit que j'ai fais tu n'as pas pu ne pas m'entendre !"

Samedi 20h : " Hermione ! Je t'en supplie réponds-moi ! Mes parents me disent que tu vas très bien parce que notre elfe est venu aider le tiens à faire le ménager chez toi, mais réponds-moi enfin !"

Samedi 23h : " Pourquoi es-tu encore barricadée chez toi ? Qui est-ce que tu veux empêcher d'entrer ? Moi ?"

Dimanche 3h : "Tu me fais peur Hermione, il y a un problème entre nous ? C'est à cause de ce que mes parents ont vu ? Ils n'ont rien vu enfin ! Ils ne m'en ont même pas reparlé, ils s'en fichent !"

Dimanche 8h : " Je n'ai pas dormi de la nuit ! Réponds-moi maintenant, arrête de te comporter comme une gamine !

Dimanche 22h : "J'en ai plus que marre de te courir après et ce depuis le début. Si tu as des nouvelles angoisses nous concernant, tu m'en parles, mais ne compte pas sur moi pour continuer à te harceler !  Sache que c'est mon dernier message"


Ce dernier message était le pire de tous, mais dans un sens Drago avait pris la meilleure décision pour nous deux. Il était hors de question que nous continuions à nous parler. Bien sur que les parents de Drago savaient que j'allais bien, ils étaient eux-même revenus me voir le samedi dans la journée. Ils m'avaient assurés qu'ils ne diraient rien à Drago si je ne le souhaitais pas. Je ne leur avais pas répondu un mot, je ne leur avais pas adressé la parole. Ils étaient donc partis, en me disant qu'ils attendraient mon accord pour expliquer la situation à leurs fils, et que si je ne le donnais pas, ils ne diraient rien. Quel beau choix j'avais là. Il était évidemment que jamais Drago ne saurait. Je ne pouvais pas lui faire subir ça, je ne pouvais pas le rendre aussi malheureux que je l'étais.

J'en avais terriblement voulu aux Malefoy dans un premier temps, pour avoir caché l'identité de mes parents, mais en fin de compte ils avaient bien fait. Ils avaient voulu bien faire en tout cas. Savoir que j'étais la fille de ces horribles personnes me donnait envie de vomir. Et les Granger, ces parents que je m'étais imaginée toute ma vie avait été la seule bonne chose à me raconter, à me faire croire. Les Malefoy avait eut raison. Si Drago et moi n'avions pas fait la bêtise de tomber amoureux l'un de l'autre, mon monde serait toujours le même, mon bonheur serait resté intacte. J'aurais continué de penser que mes parents étaient les Granger. C'était Drago qui avait tout gâché en fin de compte, c'est lui qui avait brisé ma jolie petite vie devenue tranquille depuis seulement quelques mois, depuis la chute de Voldemort. Oui, c'était bien lui qui m'avait embrassé la première fois, lui qui m'avait embrassé la seconde. Sans ça, nous n'en serions pas arrivés là. Je le détestais dans un sens, car à cause de lui, je savais de qui j'étais la fille et j'aurais préféré ne jamais le savoir.

- Salut Hermione ! Super soirée vendredi, me lança Harry en venant s'asseoir à côté de moi sur le banc face aux serres.
Les élèves étaient tous en train d'arriver et j'essayai de ne croiser le regard de personne, surtout pas celui de Drago.
- Tu devrais rester avec Ron aujourd'hui, je ne vais pas être de très bonne compagnie, répondis-je.
- Quelque chose ne va pas ? S'enquit Harry en haussant un sourcil.
Je ne répondis pas et continuai de fixer l'herbe à mes pieds.
- J'y crois pas que tu sois avec Malefoy... Toi et Malefoy, insista-t-il à voix basse. Bon j'imagine que ce n'est pas la même personne que je connais, j'ai d'ailleurs eu l'occasion de passer un moment de la soirée avec lui vendredi. Il est ... il est toujours très vantard, mais il est drôle. Toi et Malefoy, répéta Harry. Si on m'avait dit ça un jour, je ne l'aurais pas cru.
- Je ne suis pas avec Drago ! M'exclamai-je d'une voix froide en me levant.
Le professeur Chourave venait d'arriver et d'ouvrir la porte de la serre numéro deux. Je lui emboîtai alors le pas et m'assis à la place plus proche du professeur.
Harry qui venait de prendre place à côté de moi, se pencha pour parler à voix basse.
- Comment ça tu n'es pas avec Drago ?
- Je ne suis pas en couple avec lui. Maintenant, si tu veux discuter tu ferais mieux d'aller t'asseoir à côté de Ron, moi j'aimerais suivre le cours, répliquai-je.

Je m'en voulais d'être aussi dur avec Harry, mais je n'allais pas pouvoir supporter une question de plus sur Drago, ou même sur la soirée. En fait je n'avais pas envie de parler du tout. De toute façon, il se rendrait vite compte que je n'étais plus l'amie qu'il connaissait depuis la première année, je ne serais plus jamais la même. Je le savais, j'avais la sensation que plus jamais je ne parviendrais à sourire.
Le deuxième cours de la journée, soin aux créatures magiques, se déroula exactement de la même manière que le premier. Je n'ouvris pas la bouche des deux heures et malgré les regards suppliants de Hagrid pour que je donne des bonnes réponses à ses questions, je n'en fis rien. Je n'avais pas envie de parler, je n'avais pas envie que quiconque me regarde. Je voulais qu'on oublie mon existence.

Ces quatre heures de cours avaient certainement été les plus pénibles de ma vie, mais le pire de tout était que je n'avais pas regardé Drago une seule fois. Mon monde s'effondrait réellement, car ce n'était pas un monde si Dago n'en faisait pas partie. Harry remonta au château en compagnie de Ron, tandis que je marchais dans l'herbe seule, perdue dans mes pensées.

- Tu ne connaissais pas les réponses aujourd'hui Granger ? S'exclama une voix moqueuse juste derrière moi. Tes dents ont repoussé ? C'est pour ça que tu n'as pas osé ouvrir la bouche ? En tout cas ça nous a fait un bien fou, continua Pansy en ricanant.
Je fis aussitôt volte face pour me retrouver face au groupe entier des Sepentards, Drago y compris. Cependant, au lieu de lui répondre quoi que ce soit je me jetai sur elle, la clouant au sol. Alors que je lui frappai rageusement l'épaule, je sentis des bras forts me soulever et m'écarter de Pansy.
- Tu es folle Hermione où quoi ? S'exclama Blaise à voix basse en me tenant toujours fermement contre lui, pour que j'évite de m'en prendre une nouvelle fois à Pansy. Qu'est ce qu'il t'arrive ?
- Lâche moi ! M'écriai-je en me dégageant vivement de son étreinte.
Blaise me libéra et je repris presqu'aussitôt ma route en en direction de château.
Cependant, Harry, Ron et Neville s'étaient arrêtés dans leur ascension et me fixaient complètement abasourdis. Alors que je passais devant eux, la tête haute, j'entendis une voix que je n'avais pas entendu depuis bien longtemps.
- Hermione ? Qu'est ce qu'il s'est passé en bas ? Demanda Ron hésitant.
- Ca t'intéresse ? Crachai-je.
- J'ai essayé de venir te voir la semaine dernière, mais tu rentrais beaucoup trop tard de la bibliothèque le soir... expliqua Ron.
De la bibliothèque ? Quelle bibliothèque ? J'avais passé mes soirées avec Drago ! Quel gâchis  d'ailleurs.
- Je suis désolée Hermione... Je voulais venir à la soirée que tu donnais vendredi soir, mais comme je n'étais pas expressément invité...
- Ton frère est bien venu sans invitation, répliquai-je.
- Je n'ai pas osé.
- Je m'en fiche Ronald ! Va raconter ça à quelqu'un que ça intéresse !
Cette fois-ci je tournai définitivement les talons.

Quand j'arrivai dans la grande salle, après un détour au dortoir des Gryffondor, je ne vins pas m'asseoir à côté de Ginny qui me faisait des grands signe de la main, ni auprès de Harry, Ron et autres élèves de septième année. Au lieu de ça, j'allais m'asseoir au côté opposé, à côté de deuxièmes années qui me lancèrent des coups d'œil étonnés. Drago et moi avions vraiment tout gâché en nous embrassant cette première fois, d'autant plus maintenant que Ron venait s'excuser. Je venais de l'envoyer balader alors qu'il faisait un pas vers moi, tout ça parce que j'avais envie de mourir de tristesse. Tout ça à cause de Drago.
Pour une fois je m'étais placée de sorte à avoir la table des Serpentard face à moi, mais Drago me tournait le dos. Il n'était habituellement jamais assis dans ce sens là, j'étais certaine qu'il l'avait fait expert. Je croisai le regard de Blaise qui me fixa en fronçant les sourcils, puis celui de Pansy. Son regard était plus sombre que jamais, elle devait m'en vouloir. Ce n'était pas plus mal dans un sens de tous me les mettre à dos, cela réduirait mes chances de croiser Drago.
J'avais beau être assise à une table remplie de plats plus appétissant les uns que les autres, aucun ne me faisaient réellement envie, car la seule chose que j'avais envie de goûter à cet instant précis, c'était les lèvres de Drago. Lèvres que je n'aurais plus jamais le loisir de toucher, que je n'avais même plus le droit de simplement regarder. Mes yeux s'attardèrent sur la nuque de Drago, comme était-il possible d'être aussi beau de dos et à cette distance. Comment allais-je gérer la perte de mon meilleur ami et ce celui que j'aimais en même temps ? Car il était les deux. Comment allais-je faire pour survivre à ça ? Nous étions dans la même école, dans la même classe, dans...
- Hermione ? On sort dehors ?
Je n'avais pas besoin de me tourner pour savoir que Ginny se tenait debout à côté de moi. Je secouai la tête en signe de refus, me levai et sortis de la grande salle en fixant la grande porte pour que mes yeux ne s'égarent pas autre part.

Alors que je traversais le grand hall afin de rejoindre le parc, je vis Victor Krum debout à l'entrée. Pourquoi pas après tout ? Il était le seul garçon avec qui j'étais sortie mis à part Drago. Etant donné qu'il m'avait à un moment donné plu, il était très probable qu'il parvienne encore à me plaire.
- Bonjour professeur Krum.
- Je préférerais que tu m'appelles Victor, me répondit-il amusé.
- J'essaye d'avoir un comportement normal envers un professeur, répondis-je.
- Tu sais que ce ne sera jamais possible. Et puis je ne suis pas vraiment professeur, je ne suis là que pour le premier trimestre. Je reprends mon poste d'attrapeur à noël.
Je fis signe à Victor de me suivre et nous descendîmes les marches du grand château dans un même mouvement.
- Tu as trouvé ce que tu étais venu chercher ici ? M'enquis-je. Tu sais, la vraie vie, la vie des gens ordinaires, la vie des gens qui ne sont pas célèbres ?
- Non et cela n'arrivera jamais, murmura-t-il d'un air triste. Je suis quelqu'un de connu et cela ne changera jamais où que j'aille. Les élèves ne me traitent pas comme leur professeur, mais comme leur ....
- Leur idole ? Terminai-je à sa place.
- Oui c'est un peu ça. C'est pareil pour les filles, je n'en rencontrerais pas qui ne s'intéresseront pas à ma carrière.
- Bien sûr que si, il en existe plein de ces filles.
- Ah bon ? Fit-il d'un air étonné.
- Moi par exemple, je ne me suis jamais intéressée à toi pour ces deux raisons. Je m'intéressais à toi pour ta personne.
Je me maudissais intérieurement de dire tout ça, je me maudissais d'être à cet instant entrain de me promener dans le parc avec Victor. Mais je n'avais pas le choix, je devais m'occuper l'esprit.
- C'est vrai. J'ai eu beaucoup de chance que tu acceptes de venir à ce bal avec moi, dit-il en souriant.
- Il n'y a pas de bal à Poudlard comme tu le sais, expliquai-je. Le bal de noël à eu lieu grâce au tournois, mais si tu m'invites un weekend à faire quelque chose, je répondrais oui.
Victor s'immobilisa et plongea son regard dans le mien, comme pour s'assurer qu'il avait bien compris ce que je venais de dire. Je lui adressai un timide sourire et il reprit sa marche. J'eus l'impression qu'il s'était quelque peu redressé et que sa tête était plus haute. Comme s'il bombait le torse de fierté. Quand à moi, j'avais plutôt envie de m'enfoncer sous terre.

Quand je rejoignis mon cours de métamorphose à quatorze heures, je fus la première à entrer dans la salle et je pus donc choisir de m'installer au premier rang. Contre toute attente, Harry et Ron s'assirent à côté de moi et semblaient plongés dans une grande conversation au sujet d'une bêtise qu'avait fait Neville. En temps normal, j'aurais posé des questions, mais là rien ne me semblait intéressant. La seule chose qui me motivait un tant soit peu était de sortir avec Victor. Je savais que c'était la seule manière pour moi de réussir à respirer de nouveau normalement, à sourire pour de vrai, à retrouver un semblant de joie dans ma vie. Si Victor avait pu me rendre à peu près heureuse jusqu'à la fin de ma 4ème année, il était possible qu'il en soit de même après deux ans et demi. De plus, il semblait plus enclin à la conversation qu'avant.
- M Malefoy ! Quand vous cesserez de faire le pitre, je pourrais peut-être commencer mon cours ? S'exclama le professeur McGonagall.
Ainsi Drago s'amusait ? Il s'amusait alors que j'avais l'impression de mourir à petit feux ? Je lui en voulais affreusement, mais après tout n'est-ce pas pour ça que je ne lui avais rien dis au sujet de notre lien de sang ? N'était-ce pas pour qu'il reste insouciant ? Si, c'était pour ça, je n'avais donc pas le droit de lui en vouloir parce qu'il s'amusait au fond de la classe. C'était juste vexant de savoir qu'il tournait si vite la page contrairement à moi.

Quand les deux heures de cours prirent fin, je me levai le plus vite possible de ma chaise et sortis de la salle de cours. Je ne voulais pas parler aux garçons, je ne voulais parler à personne. Cependant, c'était sans compter sur Parvati et Lavande qui m'interpellèrent à travers le couloir. Leurs cris agaçants eurent finalement raison de moi et je me retournai vers elles à contre cœur.
- Qu'est-ce qu'il se passe avec Krum ? Me demanda Lavande.
- On t'a vue dans le parc avec lui à la pause de midi, ajouta Parvati.
- Ce n'est pas parce que personne ne s'intéresse à vous, qu'il faut faire un transfert sur moi, répliquai-je méchamment avant de les abandonner dans le couloir.
Je marchai le plus vite possible pour rejoindre les toilettes les plus proches et m'enfermer dans une des cabines. Je sortis le carnet noir de mon sac et l'ouvris le coeur battant. Drago ne m'avait rien écrit de nouveau J'aurais dû être contente que tout se passe comme je l'avais souhaité, mais je ne pus empêcher un flot de larme de s'échapper de mes yeux.
Victor Krum. Il fallait que je me concentre sur Victor Krum.



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