Je ne lui en veux pas, après tout, comment le pourrais-je? Peut-être n'a-t-elle pas trouvé ma lettre à temps. Et puis, je dois l'avouer, ma lettre ne laissait entrevoir aucun retour en arrière possible, je ne lui indiquais même pas où je me rendais... 

Une fois arrivé à Londres, ma vie s'est encore compliquée, je n'avais que très peu d'argent et l'hôtel étant bien au dessus de mes moyens, j'ai été contraint à passer quelques nuits dans la rue.

J'étais livré à moi-même, à la merci du froid et autres dangers nocturnes. Chaque bruit m'effrayait, j'en étais paranoïaque. J'avais faim, froid. Je n'avais personne à qui parler, je ne m'étais jamais senti aussi seul de toute ma vie. Mais au moins, tout ça me permettais de faire abstraction de ma peine. 

Le dixième soir, il pleuvait, un véritable déluge, j'ai voulu le passer à l'abri dans une station de métro. J'aurais du savoir que c'était une mauvaise idée, que les métros attiraient les pilleurs. Ça n'a pas manqué, je me suis fait rué de coups, pour que finalement des enfoirés récupèrent le peu d'argent qu'il me restait.

Ils m'ont néanmoins permis de comprendre quelque chose, je n'étais pas fait pour vivre dans la rue, j'avais besoin d'aide, et, pour cela j'ai du mettre toute ma fierté de côté et me rendre chez ma grand-mère.

J'ai titubé durant de longs kilomètres, sous une pluie nocturne. J'avais froid jusqu'aux os et mes plaies me faisaient atrocement mal. Je maudissait cette entreprise de ne pas avoir fait rapatrier Pétunia aussi vite que je le souhaitais.

Il était 5 heures passées quand j'ai frappé à la porte de chez ma grand-mère. Cet appartement, je n'y avait mis les pieds qu'une seule fois de toute ma vie, à l'époque, grand-père y vivait encore. Je devais avoir trois ans, les souvenirs sont presque inexistants, mais la statue d'aigle royal située sur la devanture est restée gravée dans ma mémoire.

Le lendemain, mon père et moi prenions l'avion pour Redmond.

En me voyant, ma grand-mère, vêtue d'une longue robe de nuit blanche a automatiquement prit peur, me menaçant d'aller se plaindre à la police. Elle a finalement plissé des yeux devant mon silence. C'est là, qu'à ma plus grande surprise elle m'a reconnu.

Elle m'a accueillit chez elle, m'a soigné, m'a nourri et a pris soin de moi. Elle était douce avec moi mais je n'oubliais pas tout ce que m'a raconté mon père. Elle lui a fait vivre une enfance misérable, alors, je me devais de la mépriser. Mais je m'y étais attaché. J'y suis toujours, mais je ne le lui dirai jamais, elle est déjà bien trop sûre d'elle pour cela.

Alors que je guérissais physiquement, intérieurement c'était toujours un vaste champs de bataille, alors je me suis totalement enfermé dans la musique jusqu'à la fin des vacances, jusqu'à ce que j'intègre la BRIT school grâce à une bourse.

Je n'allais nulle part sans ma guitare sur le dos, et, j'ai très vite remarqué que mon charme ne laissait pas les petites anglaises indifférentes. Mais, j'avais toujours cette putain de belle brune américaine incarné dans mon crâne. Je n'étais qu'un incapable.

Un incapable qui s'est rendu compte trop tard qu'il a fait la plus grosse erreur de sa vie. C'est pourquoi je voulais retourner à Redmond, je voulais la voir, voir si elle allait bien, si elle était heureuse, espérant égoïstement que je lui manquais.

Alors, j'ai tout fait, j'ai enchaîné les concerts de rue à toutes heures de la journée, accompli de petits jobs, j'ai même été contraint de vendre Pétunia. Mais elle en valait le coût.

Et j'y étais, fin juin, j'ai réussi à me rendre dans cette ville lointaine, Redmond. J'ai même réussis à m'introduire dans le lycée, Dimson Highschool, me faisant passer pour un ancien élève visitant ses profs.

Nous (Terminé)Where stories live. Discover now