Éléna Mar, the end !

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Excitée à l'idée de couvrir mes enfants de bisous, je roule à toute berzingue. Arrivée devant la maison, je pile si fort que ma tête frôle le pare-brise. Le portail est fermé. Les volets sont clos. Un panneau est accroché sur le pilier.

Dessus est écrit en gros « maison à vendre ». Bouche bée, les yeux rivés sur ce panneau, je suis sans voix. Mais que s'est-il passé pendant mon absence ? Comment Julien peut-il vendre la maison, lui qui y tient comme à la prunelle de ses yeux ? Tout cela n'a aucun sens. Quelque chose de grave a dû arriver. Vite, mon portable. Je compose le numéro de Julien. Boîte vocale. Je lui laisse le message suivant :

— Julien, c'est moi, Éléna. Je suis rentrée. Rappelle-moi, c'est urgent.

Une demi-heure plus tard, toujours pas de nouvelles. Cathy sait sûrement quelque chose. Je lui téléphone. Boîte vocale. 

— Coucou ma chérie. C'est Éléna. Peux-tu me rappeler, c'est super urgent. Bisous.

Je patiente vingt minutes, ce qui est déjà beaucoup trop, sachant que Cathy est une accro du téléphone, et qu'elle rappelle toujours dans les minutes qui suivent. Étrange. Qui d'autre serait susceptible de me renseigner ? Zora ? La belle-mère ? La roussette doit savoir où se cache mon Juju et les loulous, sauf que, je n'ai pas ses coordonnées.

Le stress monte, mes mains tremblent. Contrôle-toi Éléna, il y a une explication à leur disparition. Reste à la trouver. Je tape lentement les numéros de belle-maman. Ça sonne. Enfin, je vais avoir quelqu'un. Boîte vocale. Pas la peine de lui laisser un message, elle ne prendra pas la peine de me répondre. Décidément, ils se sont ligués contre moi ou quoi ! Je frappe le volant en criant :

— Le boulot !

Comment n'y ai-je pas pensé avant. Les collègues de Julien sont forcément informés. Je démarre en trombe, direction l'école où il bosse. Je remarque que sa voiture n'est pas à sa place habituelle. Je me rends au secrétariat.

— Bonjour madame Mar, comment allez-vous ? me dit la secrétaire.

— Bien. Enfin, non. Pas bien du tout. Je cherche Julien. L'avez-vous vu ?

— Julien ? non, pas depuis cinq ou six jours. Voyez en salle des professeurs, ils sont peut-être au courant.

— Merci.

Je me dirige d'un pas alerte vers la salle des profs. Je frappe.

— Entrez.

Une dizaine d'instits sont là, à débriefer sur leurs classes. Je m'approche, me présente.

— Bonjour. Madame Mar, la femme de Julien. Je suis inquiète car il n'est pas chez lui. Quelqu'un l'aurait-il aperçu ?

Au milieu de ces hommes et femmes, une perruque rousse sort du lot. Zora !

Elle me répond :

— Chez lui ou chez vous, madame Mar ?

— Pardon ?

— Vous êtes sa femme, donc chez vous.

— Je ne saisis pas.

— Réfléchissez...

Elle hausse les épaules et rejoint ses collègues. Le doigt sur la tempe, je l'observe et tourne dans tous les sens ses réponses incompréhensibles. Je m'en vais, déçue, inquiète. Sur la route qui mène à mon appart, je pense à mes garçons. J'éclate en sanglots. Warning allumé, à cheval sur le trottoir, je chiale comme une madeleine. Quelqu'un vient toquer à la vitre. Je redresse la tête, les yeux éclatés par mes pleurs, je ressemble à une junkie qui vient de se snifer une barre de saloperie. Un policier, les bras croisés, me dévisage. Il tape une seconde fois, un peu plus fort. Je baisse la vitre.

Eléna MarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant