Eléna Mar

Bonne année Eléna !

Je suis estomaquée. Cathy qui a entendu le message m'ordonne de rappeler immédiatement.

Mon coeur bat à cent à l'heure. Que dis-je ? À deux cent mille à l'heure.

J'appuie sur la touche de rappel. Décroche mon loulou, décroche !

— Allo maman ?

— Oui, c'est moi. Comment ça va mon ange ?

— Moi ça va bien. C'est papa qui n'est pas bien.

— Que s'est-il passé ?

— Il a glissé sur la terrasse et s'est fait mal au bras.

— J'entends la sirène des pompiers. Où êtes-vous ?

— Dans le camion des pompiers. Nous allons à l'hôpital avec papa.

— Ton petit frère est avec vous ?

— Oui. Il pleure beaucoup et je ne sais pas quoi faire pour le consoler.

— Reste calme Louis. Je prépare mes affaires et je viens le plus vite possible vous chercher. Est-ce qu'il y a un monsieur avec toi à qui je peux parler ?

— Oui, un docteur pompier.

— Passe-le-moi s'il te plaît.

— Bonsoir madame.

— Bonsoir monsieur. Dites-moi dans quel état se trouve le père de mes enfants ? Est-ce grave ?

— Nous devons lui faire passer des radios avant de nous prononcer. Ne vous inquiétez pas, il est entre de bonnes mains.

— Je n'en doute pas. Je suis à une heure de route environ. Je vais venir chercher les enfants. Puis-je vous demander de veiller sur eux jusqu'à mon arrivée ?

— Pas de problème. Soyez prudente, les routes sont glissantes.

— Je sais, mais je ne peux pas laisser les garçons à l'hôpital. Je vous remercie. Pouvez-vous me repasser mon fils ?

— Maman ?

— Oui mon ange. Prends soin de Victor, je pars tout de suite. À tout à l'heure.

— Viens vite maman. J'ai peur.

— N'aie pas peur Louis. Les personnes de l'hôpital vont s'occuper de vous. Je fais au plus vite, c'est promis. Je t'embrasse.

— Je t'aime maman.

— Moi aussi trésor.

Stressée, angoissée, je me retiens de pleurer. Bonne année Éléna !

Premier janvier 2016. Que me réservent les jours à venir ?  Cathy me dévisage soucieuse.

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— Veux-tu que je t'accompagne ? Il va bientôt faire nuit et je n'aime pas te savoir seule sur la route avec ces conditions météorologiques.

— C'est gentil Cathy, mais reste ici. Tu en as assez fait. Repose-toi. Je vais me débrouiller.

Je file réunir mes affaires et redescends aussi vite, prête à partir. Cathy m'attend, déjà vêtue de son manteau, décidée à me suivre.

— Allons-y ma chérie.

Nous voici toutes deux embarquées dans les chemins de campagne enneigés. Je conduis sans un mot. Je songe à mon ex-mari.

Des dizaines de questions me viennent à l'esprit. Comment Julien va-t-il gérer les enfants ?

Comment va-t-il se préparer à manger ? Comment va-t-il faire ses courses ? Comment ? Une seule réponse à ces interrogations. Je vais garder Louis et Victor jusqu'au rétablissement de leur père.