12/ Face-à-face et sauve-qui-peut

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Pendant ce temps, inconscient du drame qui s'était joué loin de ses yeux, Barovi était conduit à une cabine de première classe par trois armoires à glace qu'il mourait d'envie de fracasser. La porte s'ouvrit devant lui, dévoilant une pièce assez grande et richement décorée.

Frimeur... gronda-t-il en son for intérieur.

Il n'y avait personne. L'avait-on amené dans un piège ? Il se retourna pour faire face aux trois hommes de main, mais aucun d'entre eux n'avait encore sorti d'arme. Ils en portaient pourtant forcément une. C'était obligé. Barovi était bloqué, même s'il comptait vendre chèrement sa peau au cas où ils l'attaqueraient. Mais pour l'instant, il ne pouvait qu'attendre.

Il marcha dans la pièce sans jamais quitter ses gardes des yeux et examina les lieux. Une grande table ronde occupait le centre mais aucune chaise n'était en vue. Plusieurs hublots ouvraient le mur sur une chaîne de montagnes baignées de nuages. Ils devaient survoler les Pyrénées ; le dirigeable était supposé faire escale en Espagne avant de partir pour l'Amérique. Après cet arrêt, ils se retrouveraient au-dessus de l'océan sans aucune échappatoire. C'était du moins ce que devait penser Zidherio. Mais les deux amis s'étaient fixé rendez-vous à un point bien précis du vaisseau : le hangar. Là où attendaient les arches d'évacuation. Si elle avait trouvé Frenyl, Clémentine l'attendrait là-bas.

La porte se rouvrit tout à coup et les gardes s'inclinèrent avec respect. Barovi vit alors s'avancer celui qui était à l'origine de toute cette histoire. Celui qui avait enlevé Frenyl. Celui qui avait fait hypnotiser Salomé et les autres courtisanes. Celui qui avait causé la mort des policiers. Celui qui n'avait aucun respect pour la vie des autres. Celui à qui il rêvait de faire la peau.

Morahn Zidherio était bien plus imposant que sa version holographique. Il n'était pas plus grand que Barovi, loin de là, mais il exhalait un mélange d'assurance et de danger, comme une aura. Aucun doute possible. Cette fois, c'était bien lui...

– Le bonjour, Barovi.

L'intéressé n'en revenait pas. Quel culot ! Faire des politesses comme si de rien n'était ! Une petite voix lui souffla qu'il serait peut-être plus sage de répondre mais tout son esprit se cabra à cette seule pensée. Plutôt crever ! Il croisa les bras et attendit. Zidherio poussa un soupir.

– Tu ne vas pas me faciliter les choses, toi... Dis-moi, où se trouve ton amie ? Vous avez embarqué tous les deux. Alors pourquoi n'est-elle pas là ?

– Elle s'est cachée. Pour protéger les documents. Si jamais vous avez fait du mal à Frenyl ou s'il m'arrive quelque chose, vous ne les retrouverez pas avant qu'ils n'apparaissent en première page des journaux.

– Tsk, tsk, tsk... C'est à un jeu dangereux que vous jouez, tous les deux !

Barovi venait d'inventer cette histoire de diffusion. Tout ce sur quoi Clémentine et lui s'étaient mis d'accord, c'était sur le sauvetage de Frenyl et le moyen de se sauver du dirigeable. Il n'avait jamais été question de publication. Mais autant ne rien avouer de tout ça.

– On ne joue plus, rétorqua-t-il. Pour elle, je ne sais pas, mais en ce qui me concerne je suis fatigué de courir. Tout ce que je veux, c'est rentrer chez moi. Sauf que je ne le ferai pas sans Frenyl !

– Et tu ne le récupéreras pas sans les documents.

– Je dirai à Clémentine de les apporter quand vous m'aurez prouvé que Frenyl est VIVANT !

Sa voix était montée dans les aigus. Le bec de Zidherio se fendit d'un rictus.

– Hola ! Tout doux, mon jeune ami !

Le Cœur en FeuWhere stories live. Discover now