4/ Underworld

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Le ciel était d'un noir d'encre lorsqu'ils se faufilèrent dans l'amas de métal pour entrer dans la mine. Ce n'est qu'une fois la porte refermée derrière eux qu'ils allumèrent leurs lampes torches. Ils découvrirent ainsi une galerie aux parois bétonnées qui ne comportait rien d'autre qu'une cage d'ascenseur. La voie était toute indiquée.

La cabine s'enfonça dans les profondeurs de la terre. Derrière ses cloisons grillagées défilaient des lampes incrustées dans la paroi du conduit, ce qui résultait en une alternance incessante de lumière et d'obscurité. La température augmentait à mesure qu'ils descendaient.

L'ascenseur finit enfin par s'arrêter et les portes s'ouvrirent. Clémentine avait eu l'impression d'un trajet si long qu'elle aurait pu se croire arrivée au centre de la terre. Ils se trouvaient à l'entrée d'un tunnel bien plus rudimentaire que précédemment : des poutres et piliers de bois maintenaient en place un grillage qui empêchait le plafond de faire tomber des débris sur les visiteurs. L'ensemble dégageait une impression de stabilité, mais Clémentine et Barovi ne se sentaient pas en sécurité pour autant. Sans compter qu'ils venaient d'entrer dans le repaire de leurs ennemis.

– Alors ? chuchota la jeune fille pour éviter que sa voix ne fasse écho et signale leur présence. C'est par où ?

– Comment veux-tu que je le sache ? répondit Barovi sur le même ton.

Ils se mirent en marche. Ils suivaient la galerie principale, se contentant de jeter un rapide coup d'œil dans les nombreux tunnels plus petits qui partaient de cette voie. Des rails couraient sur le sol de terre battue. Quelques wagonnets renversés gisaient çà et là, leur chargement répandu autour d'eux. Ils croisèrent même une excavatrice encore imbriquée dans la paroi.

– C'est bizarre... remarqua Clémentine. On dirait que les mineurs ont tout abandonné sur place, comme s'ils avaient paniqué.

– Dis plutôt que les responsables ont préféré tout laisser derrière. Tu ne te rends pas compte, ça leur aurait coûté de l'argent, les pauvres chéris !

Ils finirent par tomber sur un couloir aux murs de pierre et éclairé par de puissantes lampes. Des empreintes terreuses y marquaient le sol. Il y avait du passage dans le coin... Clémentine s'y engagea sans attendre. Barovi la rattrapa aussitôt et passa devant. Ils progressèrent prudemment, tendant l'oreille à chaque croisement pour vérifier que personne n'arrivait. Heureusement qu'il n'y avait pas d'autre couloir de ce genre, sinon, ils se seraient perdus ! Salomé devait être dans le coin. Mais où ? Ils avaient beau chercher, ils ne voyaient rien qui ressemblait de près ou de loin à une cellule ! Ils n'entendaient pas la moindre bribe de parole ! Rien ! A croire que l'endroit était désert. Sauf que les lumières devaient bien fonctionner pour une raison...

Une porte se dressa soudain devant eux. Lourde et massive malgré la rouille qui la gangrenait, elle risquait de leur donner du fil à retordre. Plus par réflexe qu'autre chose, Barovi essaya de l'ouvrir. Elle pivota sur ses gonds sans offrir de résistance. Les deux intrus s'entre-regardèrent, interloqués. Les propriétaires des lieux devaient vraiment se sentir en confiance ! Ils franchirent le seuil à pas de loup. Ils approchaient du but... Une voix leur parvint. Une voix masculine, qui semblait discuter alors que l'on n'entendait qu'elle. Clémentine, plus légère, fit signe à Barovi de rester en arrière. Il grimaça mais accepta. Elle avança jusqu'à une porte ouverte et jeta un œil par l'embrasure.

Elle découvrit ce qui aurait pu passer pour un bureau de fonctionnaire si l'on exceptait le mur-écran au fond. Celui-ci affichait une carte du monde où plusieurs points verts et rouges clignotaient, et des photos d'objets y côtoyaient des graphiques auxquels elle ne comprenait rien. Le reste de l'aménagement était assez classique : meubles de rangement, images punaisées aux murs, bureau avec ordinateur. Et un occupant. Celui-ci ressemblait à un cocon et gardait ses trois yeux bleus fixés sur la carte.

Le Cœur en FeuWhere stories live. Discover now