7/ ... et tuer

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Barovi détestait cette ville. Tout comme Clémentine, il s'y sentait enfermé, en danger, sous surveillance constante. Ce qui était le cas. Mais ce qui provoquait chez lui cette aversion pathologique pour la ville ne se trouvait pas du côté des canaux empuantis de vase ou des bâtiments aux façades parfois décrépites, ni même des vaisseaux qui obstruaient le ciel. Non. C'étaient les moqueries. Dit comme ça, cela pouvait prêter à sourire. Mais les quolibets et autres piques qu'il recevait à longueur de temps l'atteignaient plus sûrement que des coups de poignards. Tout, ici, lui rappelait le harcèlement dont il avait été victime à l'école. Il ne manquait que les coups. Sauf que si ça continuait, il les donnerait lui-même ! Cette violence verbale l'aurait démoli quelques jours plus tôt. Etrange comme les événements pouvaient faire changer les gens... Si Clémentine avait été là, elle n'aurait pas hésité à remettre ces crétins à leur place. Même si cela n'aurait probablement pas eu d'autre effet que de renforcer les attaques. Lui se contentait de les ignorer, de passer devant en essayant de ne pas se laisser atteindre.

Un échec complet.

Il sentait des larmes de colère lui monter aux yeux. Bordel, il n'allait quand même pas se mettre à pleurer ! Pas devant eux !

– Regarde-moi ce pauvre type qui a besoin d'une plus petite que lui pour le protéger ! lança quelqu'un.

Barovi déglutit. Sa gorge le brûlait. Il continua de marcher et essaya de penser à autre chose. Son bracelet de localisation, par exemple. On le lui avait mis au moment de sortir. Pour le retrouver où qu'il aille. Il ne risquait pas d'aller loin avec ce truc au bras. Il avait bien essayé de le retirer, mais cette saleté bougeait encore moins qu'un fer de prisonnier !

– Je te parie qu'il n'a jamais réussi à la sauter. Si ça se trouve, il n'a même jamais essayé !

Fait chier !  hurla le captif dans sa tête. Toute cette putain de ville sait qu'on est là ou quoi ?

Il aurait dû faire comme Clémentine et décliner l'offre. Il aurait bien mieux fait de rester en cellule ! Comme pour confirmer cette pensée, une main surgit devant lui et lui arracha son pendentif. Il n'avait même pas eu le temps de réagir. Le voleur examinait plus sa tête que le butin. Il voulait l'énerver. Ne pas répondre. Surtout, ne pas lui faire ce plaisir !

– RENDS-MOI ÇA ! éructa Barovi en se jetant sur lui.

Mais d'autres mains le saisirent par derrière et le maintinrent en place. Il entendait des cris, des rires. Cela avait commencé de la même façon le jour où il avait été battu... Il regarda en arrière. Deux hommes le tenaient et un autre regardait. Et le voleur, en face de lui. Quatre contre un. Il essaya de se dégager, mais la prise de ses agresseurs ne fit que se resserrer. Il ne put que regarder, impuissant, celui qui lui avait pris son pendentif faire tourner l'objet entre ses griffes.

– Ce n'est même pas une pierre précieuse, alors pourquoi tu y tiens tant, à ce collier ?

Un déclic se fit alors entendre. Le médaillon s'était ouvert. Sur la photo de Frenyl. Le voleur marqua un temps d'arrêt avant de s'exclamer :

– Oh merde, les gars ! C'est une pédale !

Un mot. Un seul mot. Le même que celui qui était sorti des rictus de ceux qui l'avaient battu autrefois. Barovi explosa. Il se cabra et donna un grand coup en arrière. La prise à sa gauche se desserra. Il en profita pour attraper le propriétaire de ces pinces et le jeta au sol. Puis il se retourna et se jeta sur le deuxième avec un rugissement sauvage. Il enfonça les doigts dans ses yeux jusqu'à l'entendre crier pitié, avant de le cribler de coups de poings qui l'envoyèrent au tapis. Le tout n'avait pas duré vingt secondes. Il se redressa, haletant, les traits cassés par la rage qui sortait enfin. Celui qui n'avait jusque là que regardé ne demanda pas son reste et prit la fuite. Barovi fit volte-face. Le voleur n'avait même pas commencé à courir, trop surpris pour bouger. La victime était devenu le bourreau. Les bois dressés en pics, il poussa un hurlement de colère à l'état pur en plaquant son ancien tortionnaire au sol. Le médaillon tomba en tintant sur les pavés. Il saisit la gorge du voleur à pleines mains et se mit à serrer.

Le Cœur en FeuWhere stories live. Discover now