Nouvelle ère : attraction

30. Jared

Je lâche Noah qui part immédiatement  rejoindre la gamine en pleurs. J'ai la tête qui tourne alors je m'assoie et m'adosse à l'arbre contre lequel j'aurais pu tuer cet abruti. Je ferme les yeux et respire un bon coup. Comment il a pu nous cacher le fait qu'il se sentait épié. Putain mais on vit dans un monde où chaque détail compte. Il aurait dû nous le dire. C'est impardonnable. Depuis toutes ces années, nous n'avons jamais été confronté à un autre groupe et je ne comprends pas bien ce qu'ils veulent. A moins d'être une centaine, ce dont je doute, ils ne pourront pas nous prendre la base. Et s'ils n'étaient pas hostiles, nous aurions pu les accueillir. 

Je me sens un peu dépassé. Non complètement dépassé en fait. Qu'est-ce que je dois faire maintenant ? Essayer de retrouver Lenny tout seul alors que je n'ai aucune idée d'où il peut se trouver ? Repartir vers la base afin de rejoindre les filles ? Je suis perdu. Je suis comme un con et je me sens désemparé. J'essaie encore de trouver le courage de me relever et de prendre une décision quand je sens qu'on appuie quelque chose contre ma tête. J'ouvre les yeux d'un coup et la première vision que j'ai est celle de Noah et Amanda entourés par cinq individus armés. J'étais tellement dans mes pensées à me demander quoi faire que je n'ai rien entendu. Et y'a pas à dire le retour à la réalité est brutal. Je comprends immédiatement qu'il y a aussi au moins deux personnes à côté de moi dont une qui tient un flingue et l'appuie au-dessus de mon crâne. Je secoue la tête et commence à rire. Voilà tout ce dont je suis capable de faire. Rester assis par terre, les bras ballants le long du corps et rire à gorge déployée. Pathétique. Quand je finis par me calmer et que je regarde à nouveau devant moi, je tombe sur un visage familier et surpris. 

- Hé ben si j'avais su qu'il te fallait autant de merde pour te faire rire comme un hystérique, j'aurai organisé ça avant mon pote ! me lance Lenny avec un immense sourire. 

- C'est lui ton frère ? demande le gars qui tient son flingue contre ma tête en s'adressant à Lenny.

- Et ouais, lui répond Lenny totalement détendu. 

- Vous vous ressemblez pas vraiment quand même, affirme le gars.

- Ouais ça c'est parce qu'il a été adopté !

La détente et la nonchalance de Lenny me font comprendre que je ne dois pas trop m'affoler de la situation. Certes nous sommes en sous nombre mais les cinq personnes devant moi, même si elles sont armées, ne menacent personne et le gars à côté de moi vient de retirer son arme de contre ma tête.

- Tu peux te relever, m'informe le gars au flingue. 

- Trop aimable, je marmonne en me redressant face à lui. 

Je le toise de toute ma hauteur et avec ma tête de plus que lui, il paraît tout de suite moins impressionnant sans son arme braquée sur moi. Je m'avance pour me coller à quelques centimètres de lui et je le vois paniquer ne sachant plus quoi faire.

- Tu braques encore une fois ton flingue sur moi et je te le fais regretter jusqu'à la fin de ta vie, je lui annonce avant qu'il ne prenne une mauvaise décision. 

Puis je me tourne vers Lenny.

- Tu m'expliques ? je lui demande en haussant les sourcils. 

- Ben pour faire court on est dans la merde et c'est pas à cause d'eux, même s'ils ont encore à apprendre question relationnelle. Mais ils vont t'expliquer mieux que moi.

- Qui m'explique ? je demande avec impatience. 

- Je pense que ça va être moi, annonce une voix féminine sur ma droite. 

J'avais presque oublié la deuxième personne présente à mes côtés. Je me retourne pour lui faire face et je suis quelque peu déstabilisé. Un visage doux et magnifique me contemple. Son regard est rivé au mien et ses yeux bleus gris m'hypnotisent pendant un instant. En fait jusqu'à ce que j'entende Lenny rigoler.