Chapitre 9

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Au bout d'une poignée de minutes, tandis que je ne comprends pas plus ce qui vient de se passer, quelqu'un semble enfin se souvenir de ma présence. Qui ? Aucune idée. Pour un enfant épuisé, à moitié choqué et aveugle, toutes les ombres se ressemblent.

Des mains m'attrapent et me soulèvent délicatement. Ami ou ennemi ? Je n'en sais strictement rien. À vrai dire, je m'en moque complètement. Je ne songe même pas une demi-seconde à bouger d'un poil. Je me laisse porter Dieu sait où.

***

Mes yeux se sont finalement habitués à la lumière. Ce n'est pas trop tôt ! Je me retrouve étendu, telle une loque amorphe, au creux d'un lit chaud, confortablement bordé. Les murs autour de moi ne sont ni peints ni tapissés, mais couverts d'un enduit aux tons de bleu turquoise. Je suis dans une petite chambre rectangulaire avec une petite fenêtre donnant sur l'extérieur. Les rayons du soleil irradient la salle, la baignant dans une indicible douceur. Je n'ai ni le courage ni les forces pour aller regarder sur quoi donne la fenêtre. Mes membres sont comme cloués au lit. Depuis que j'ai envoyé la vieille femme voler parmi les graviers, mes forces m'ont abandonné. Je me sens plus faible que jamais. Même au fond de la cave après un jour et demi sans manger je n'avais pas la sensation d'être aussi faible !

Personne aux alentours, aucun bruit ne vient de l'extérieur briser le silence parfait de la jolie petite chambre. Le monde semble avoir de nouveau oublié mon existence. Pour l'heure ce n'est pas plus mal : je n'ai qu'une seule idée en tête et je vais pouvoir la mettre en exécution. Je vais pouvoir dormir.

Dormir ! Dans un vrai lit ! Il me semble que la dernière fois remonte à une éternité. Mais trois jours, quelque part, n'est-ce pas une éternité ? Simple question d'échelle, pour certains animaux une seconde peut durer une heure.

***

À mon réveil, je me retrouve avec surprise entouré de ma famille. Mes parents, Hippolyte, Lisa et Hermione, même ma grand-mère est présente ! Mieux, dans l'encoignure de la porte, je reconnais la carrure ronde et forte de Valentin. Il est le premier sur lequel mon regard se fixe et, comme nos yeux se croisent, je lui adresse un sourire crispé.

— Joli coup ! Me lance-t-il d'une voix amusée.

— Un placement parfait, renchérit Hippolyte.

D'un signe de tête je les remercie, avant de me recentrer sur la question principale qui me brûle les lèvres.

— Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ici ? Mes ravisseurs ? La police les a emmenés ?

S'en suit un silence gêné. Comme personne ne semble vouloir me répondre, je balaye la chambre du regard. Un à un, je les dévisage tous les uns après les autres. Visiblement personne n'ose prendre la parole. Je ne comprends pas pourquoi. Qu'y a-t-il de si grave que personne n'a le courage de me l'annoncer ? Pourtant, il ne doit pas y avoir mort d'homme puisque, tout de même, alors que je me suis fait enlever, tous ont l'air joyeux et ne semblent pas inquiets.

Peut-être Némo est-il mort ? Némo ? C'est le nom de mon poisson rouge. Nommé ainsi en l'honneur du poisson-clown d'un certain dessin animé éponyme. J'ai une imagination débordante en ce qui concerne les noms d'animaux, n'est-ce pas ? L'imaginer immobile au fond de son bocal, les yeux globuleux plongés dans le vide de l'au-delà, m'attriste. Mais ce n'est tout de même pas une raison ! Ce n'est qu'un poisson après tout, et il aura eu une belle vie. Mais de toute façon, ce ne doit pas être ça.

Enfin quelqu'un se décide à rompre le silence. Ma mère.

— Tu ne devines pas ?

Franchement si c'est pour dire ça, tu aurais mieux fait de ne pas ouvrir la bouche. Si j'avais deviné je vous l'aurais déjà dit, tu ne crois pas ?

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⏰ Last updated: Apr 27, 2016 ⏰

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