YOURS. // Tome 2

Chapitre 3

Niall soupire à ma remarque, mais en même temps, j'ai absolument raison. Je sens que j'ai besoin de m'en griller une.

- Je sors.

- T'oxygéner c'est ça ? Me lance Niall, alors que je porte une de mes clopes à mon oreille.

- Et essayer de contacter une des sœurs de Liam.

- Je t'accompagne. Me dit Joy en se levant de sa chaise.

J'accélère le pas dans le couloir pour ne pas déranger le service par nos passages, tandis qu'elle prend son temps pour jeter un regard vers la chambre de celui qui nous réunit tous ici. Je lui tiens la porte pour la laisser passer. Elle nous fait traverser des couloirs dérobés pour nous conduire vers une sortie à l'abri des regards, habituellement réservée au personnel, afin que nous évitions les vautours postés à l'entrée. Le froid matinal est revigorant et calme quelque peu mon humeur.

- Je peux t'en taxer une ? Me demande Joy en bougeant ses jambes pour se réchauffer.

Je lui tends mon paquet et mon briquet.

- Je ne savais pas que tu fumais.

- Ça fait très longtemps que je ne l'ai pas fait. M'avoue-t-elle, comme si aujourd'hui était une raison suffisante pour s'y remettre.

- Tu vas te cailler les miches dans cette tenue.

Je retire ma veste pour la lui donner. Elle me fait pitié à sautiller sur place. Elle la met sur ses épaules et me remercie une nouvelle fois.

- Passe ton coup de fil si tu veux. Me dit-elle.

- Je n'en ai pas pour longtemps.

Je parviens rapidement à avoir une des sœurs aînées de Liam, qui m'explique qu'il est en « retraite spirituelle » avec sa douce sur une île déserte au large de la Papouasie. C'est dingue. Il y a deux jours, il était encore à nos côtés et ne nous a en aucun cas mentionné un départ à l'autre bout du monde. Il n'y a que lui pour pondre des idées pareilles. Où Harry à la limite. En tout cas, ils sont coupés de tout. Impossible de les joindre. Je reviens vers Joy qui pianote sur son portable.

- Alors ? Me demande-t-elle en levant les yeux vers moi.

- Ben, son meilleur pote est en train de crever et lui il médite chez les indigènes...

- Arrête. Il ne va pas mourir.

Elle l'a dit comme si ça lui avait transpercé la gorge, tellement elle espère dire vrai. Il faut que j'arrête de sortir tout ce que je pense sans réfléchir. Mais j'ai énormément de mal à être optimiste dans ce genre de situation. Je vois toujours le pire.

- Au fait, Ava m'a informée cette nuit qu'elle était en route pour Londres. Me dit-elle.

Bordel. Je lui avais dit de rester chez elle jusqu'à demain, comme prévu.

- Elle ne voulait pas te prévenir par peur que tu ne l'en dissuades et que tu ne veuilles venir la chercher à Stansted. Continue Joy. Je pense qu'elle devrait être là dans peu de temps.

À l'évocation de son retour, je suis partagé entre l'excitation de la revoir et l'appréhension de ne pas savoir quoi lui dire suite à nos derniers échanges. Tout s'est enchaîné tellement vite. En l'espace de quarante-huit heures, ma petite amie est repartie chez elle pour s'éloigner de moi, j'ai fait le con en embrassant mon ex, j'ai quitté ma boîte de management et mon meilleur ami est dans le coma... Un indescriptible bordel avec lequel je dois batailler pour affronter toutes ces merdes. Les scènes défilent sans cesse dans ma tête, comme si je rembobinais pour être sûr que rien ne m'échappe. Mais j'ai bien conscience de ne pas être seul dans cette galère. Et rien que la blonde à mes côtés me le prouve en étant elle aussi fragilisée par tout ce qu'il se passe.