Ombre & Lumière Tome 1

Chapitre 12

Et si eux aussi se retrouvent enfermés dans leurs propres corps ?

Et si ... et si nos corps ne nous appartenaient pas ?

Et si on les...louait ?

Et si nous ne contrôlions en fait que nos esprits ? Nos âmes ?

Et si après la mort on ne les quittait pas ?

Je réfléchis de plus en plus vite.

Et si elles restaient avec nous. À jamais.

Et si nous étions immortels.

Et si les gens se trompaient sur toute la ligne ?

Tout ça me parait si logique à présent... Mais j'ai la mauvaise impression que c'est trop tard... je ne me considère déjà plus comme une vivante. Je veux pleurer, mais ça m'est impossible... Toutes mes hypothèses sont si banales ! Que je suis bête! À quoi ça va bien me servir de savoir comment c'est après ? On s'en fou d'après...

La seule chose qui compte c'est le moment présent. Sans nos corps alors la vie n'est plus une vie... Sans nos corps nous sommes morts.

Nous ne vivons qu'une fois... Et moi ? j'ai gâché ma vie...

Des yeux ouverts qui s'ouvrent à nouveau. Une vie qui prend la relève de ta vie antérieure. La seule différence, c'est que ce n'est pas une vie, mais tant pis, tu ne peux rien y faire. Alors laisse-toi faire.

Puis, maintenant que tu sais, alors tu es sereine, tu n'as plus peur ; qu'est-ce qui pourrait bien te faire peur ?

Tu meurs...

Peu à peu je me détends. Je ne pense plus à rien. Je sors de ma bulle...

Et je reviens à moi, mes cinq sens se remettent à fonctionner, ma respiration reprend son cour...

Je suis vivante.

J'évite de me demander pourquoi et regarde autour de moi. Tout parait normal. Personne n'a l'air de m'avoir remarqué...

Et si j'étais morte ? Ici... dans ma salle d'histoire... Est-ce que ça avait l'air d'une crise de panique ? d'un infarctus ? Pas très plausible.

Si la mort est telle que je l'ai vu tout à l'heure alors je la redoute encore plus qu'avant. Je préfèrerai disparaitre à jamais que devenir une âme vagabonde.

La sonnerie retentit et je me dépêche de sortir de cette salle en séchant mes larmes, je déglutis avec difficulté, il y a un étrange goût au fond de ma gorge.

Les couloirs menant à la sortie sont sombres et déserts.

Où sont passés les autres élèves ? J'accélère le rythme, plus vite je serais sortie, mieux ce sera ! Un silence de mort règne autour de moi. Je n'entends que le son de mes propres pas ; et de temps en temps le grondement lointain du tonnerre. Une tempête fait rage dehors...

J'y suis presque, le portail n'est plus qu'à une centaine de mètre. Bientôt je l'apercevrai.

Pourtant je me sens prisonnière. La sortie est proche, mais j'ai l'impression que je ne pourrai jamais l'atteindre. C'est comme si quelque chose me retient, m'empêche d'avancer, rallonge les couloirs...

Que se passe-t-il ?!

Et là, je ne vois plus mes pieds, ni le sol... Une brume épaisse, n'ayant rien de normal, se propage dans le lycée. Je me mets à courir, aussi vite que je le peux, je devrais déjà être à l'extérieur !