Chapitre 1 : Matt.

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J'essaye de me concentrer sur des choses futiles, tel que le bruit des roues sur le tarmac, la voix féminine qui sort des hauts-parleurs ou encore ce vieux monsieur qui cherche son passeport. Mais rien y fait, la vérité finit toujours par revenir. Le regard des gens ne m'aide pas. En même temps, je me mets à leur place : un homme, les mains menottées, et encadré par deux policiers armés jusqu'au dents. On aura vu plus sympathique et avenant. Et apparemment les mères de familles qui s'écartent avec leurs bambins quand je passe pensent la même chose. Un policier me tire en avant par le coude brusquement. Il m'entraîne vers l'avion dans lequel nous devons embarquer. Pour la France. Le steward à l'entrée me dévisage mais il s'abstient de tous commentaires. Je monte dans l'avion, m'installe à ma place en silence. Je n'ai jamais pris l'avion et pour tout vous dire j'aurais préféré le prendre dans d'autres circonstances. Les passagers de cet avion sont très détendus. Trop détendus à mon goût. Le bruit m'oppresse. Les pleurs des enfants, ce jacassement aigu provenant de la bouche d'un gamin de huit ans, tout ça, m'empêche de penser. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas entendu ce genre de bruit que je ne suis pas sûr de pouvoir le supporter pendant tout ce temps à bord.

Ce bruit fait revenir tous les souvenirs. Ceux d'avant. Tous ceux depuis mon arrestation jusqu'à cet entretien avec le juge qui a décidé de me rapatrier en France pour le procès. J'ai beau me répéter que je n'y suis pour rien, je me dis que pour être dans cette situation, c'est que je l'ai cherché. Je me demande encore pourquoi j'ai accepté de faire ça, je me demande ce qui ce serait passé si je n'avais pas pris les clés de cette voiture, si je n'étais pas parti, si je ne l'avais pas écouté. Mais je ne plaiderais pas mon innocence, car sinon la femme que j'aime sera accusée de meurtre, et pour rien au monde je ne voudrais ça.

***

1 mois et demi plus tôt

Je me réveille à côté d'elle comme tous les jours depuis maintenant quatre mois. À chaque fois c'est un réel bonheur. Je la cherche à tâtons dans le lit mais ma main ne rencontre que le vide. J'ouvre les yeux et constate qu'elle n'est plus là. Paniqué, je sors du lit, m'habille vite et traverse la pièce. J'ouvre la porte et trouve Cara en train de faire les cent pas dans le salon.

-Matt ! s'écrie-t-elle en me voyant

Elle a vraiment l'air inquiète. Elle semble presque vulnérable. Cara n'est jamais vulnérable.

-Qu'est-ce qui se passe mon amour ? Questionnai-je tendrement en m'approchant d'elle.

-Matt, est-ce que tu serais prêt à faire n'importe quoi pour moi ? Demanda-t-elle brusquement au bord des larmes.

Je réfléchis à cette question un instant. Je pense que oui. Sans m'en rendre compte, en quelques mois, Cara est devenue indispensable à ma vie. Elle est mon présent et mon avenir. Ma vie.

-Oui, lâchais-je sur de moi.

Elle semble comme libérée d'un énorme poids.

-Matt, je peux te demander un service, un service qui pourrait changer ta vie ?

-Bien-sûr, dis-je avec empressement.

En réalité, je suis tellement heureux qu'elle me fasse enfin confiance, que je pourrais faire n'importe quoi. Je crois que je pourrais tuer pour cette femme.

-Matt, prends les clés de la voiture, suis les indications du GPS, ensuite tu abandonnes la voiture et tu pars, sans te retourner, et le plus vite possible.

Son ton me surprend, soudain elle est redevenue la Cara que je connais, celle qui n'a pas froid aux yeux, la Cara qui ne reculerait devant rien, la Cara invulnérable. Elle me tend le GPS. Je le prends et m'aperçois qu'elle m'envoie au fin fond d'une forêt. Sa requête m'étonne mais je me tais et attends la suite qui ne tarde pas à arriver :

- Deux dernières petites choses avant que tu partes: ne regarde pas dans le coffre, à aucun moment, et je pense qu'il serait mieux qu'on garde nos distances, pour quelques temps.

Je suis sonné. Cette affaire me dépasse. Quelque chose de louche se cache derrière tout ça. Mais je vais faire ce qu'elle me demande parce que j'aime Cara et je pourrais crever pour elle. Quand elle me tend les clés de la voiture, je n'hésite pas un seul instant, je m'en empare en la regardant droit dans les yeux. Elle se recule vers la porte et au moment de sortir, elle s'arrête un instant et me murmure un «bonne chance» à peine audible, accompagné d'un rictus malhonnête. Je reste seul avec le GPS dans une main et les clés dans l'autre. Je me laisse cinq secondes de réflexions, rien que cinq, une de plus me semble dérisoire, puis je prends mon blouson, tourne la clé dans ma main et sors de l'appartement en trombe.

Notre premier chapitre est terminé. N'hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez. À bientôt.

L'avocate Et Le Badboy Where stories live. Discover now