Love Game TOME 1 (TERMINÉ)

28. Lui

            La musique à fond dans mes oreilles, je feins de dormir sous le regard pesant et meurtrier d'Anaïs. Nous sommes dans le bureau des Tiger, moi sur le canapé et elle derrière le bureau.

- Tu vas m'ignorer encore longtemps ?

Je soupire en me redressant sur ma chaise. Qu'est-ce qu'elle peut être barbante celle-là...

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Surtout que tu n'es pas digne de mon intérêt...

Elle attrape un stylo qui traine sur la table. Je comprends directement ce qu'elle s'apprête à faire. J'évite de justesse le projectile.

- Tu n'as pas le droit de dire ça ! S'écrit-elle en se levant.

Je ricane, moqueur.

- Qu'est ce qui m'en empêche ?

Elle soutient mon regard avec sévérité.

- Tu pourrais au moins avoir un minimum de considération pour moi.

Elle a raison d'une certaine manière. Elle a toujours été correcte avec moi, et je l'ai jeté comme une vieille chaussette. Au mois, ça lui servira de leçon... Rester avec un type qui vous utilise n'est pas une bonne idée même si on a des sentiments...

- Je t'avais prévenu qu'il n'y aurait rien de mon côté. J'ai été honnête depuis le début, Anaïs.

Elle contourne le bureau pour se planter devant moi en croisant les bras.

- J'espérais que tu changerais d'avis.

Son ton est accusateur. Attends... elle essaie de me faire porter le chapeau de sa rupture. Je me lève pour être à sa hauteur. Je n'aime pas qu'on me domine.

- Dans ce cas, tu aurais dû être franche avec moi, répliqué-je froidement.

- Parce que ça aurait changé quelque chose ? rétorque-t-elle sèchement.

Non. Je ne dis rien. La réponse est évidente. Je l'aurais fui comme la peste. Les filles amoureuses sont collantes. Cependant, Abby ne l'est pas assez... et si elle l'était, ça ne me dérangerait pas, au contraire.

- Tu vois ? Mais de toute façon, ce n'est pas grave...

- Pas grave ?

Je hausse les sourcils devant ce revirement. Elle sourit devant mon expression ahurie. Il y a deux secondes cette fille m'en voulait à mort...

- Oui. Tu vas revenir chez moi me supplier d'être avec toi, si tu ne romps pas avec elle. Je vais tout faire pour casser votre couple, et si vous persistez alors je te mènerai la vie dure.

Je ris de bon cœur.

- Tu me mèneras la vie dure ? C'est une blague ? Je pourrais t'envoyer au sommet de la tour Eiffel d'un pichenette.

Elle ricane.

- Tu prends pour une idiote ? Ce n'est pas à toi que je vais m'en prendre mais à elle.

Mon visage se décompose.

- Je te l'ai déjà dit. Si je ne peux pas t'avoir alors personne ne t'aura.

Elle croise les bras en me toisant hargneusement.

- Je ne te laisserai pas t'en sortir aussi facilement après ce que tu m'as dit, Michaël. Tu aurais pu être plus sympa.

- Ne t'en prend pas à Abby. Je ne te laisserai pas faire ça.

Je m'avance vers elle, menaçant.

- Si tu touches, ne serait-ce qu'à un seul de ses cheveux, tu le regretteras. Je t'en fais la promesse.

Nos corps ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je la sens se figer légèrement du fait de notre proximité. Je m'écarte lentement après lui avoir bien fait comprendre à quel point je suis sérieux. Elle détourne le regard et une lueur s'anime dans ses yeux.

- D'accord, Michaël.

Je plisse des yeux. Depuis quand est-elle si conciliante ?

Elle lève les yeux vers moi.

- Je sais que tu m'aimes mais tu n'aurais jamais dû aller avec cette fille pour me rendre jalouse. Je l'ai tellement mal pris...

Quoi ?

- Mais...

Je n'ai pas le temps de parler qu'elle enroule ses bras autour de mon cou et se jette sur moi. Je la repousse mais elle s'accroche à moi comme une sangsue. Quand enfin, je réussis à me détacher d'elle. Elle semble satisfaite. Je l'attrape par le col de sa veste.

- La prochaine fois que tu fais ça, t'es morte.

Elle sourit de plus belle.

- Je crois que ta primante l'a très mal pris.

Je me fige avant de me retourner. Abby est déjà loin dans le couloir mais je la reconnais quand même. Mince, il s'est passé quoi là ?!
Je ne prends même pas la peine de fusiller Anaïs du regard et m'élance à la poursuite d'Abby. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard.

Je cours à en perdre haleine, et quand j'arrive à son niveau, je l'emprisonne dans mes bras. Son dos est contre mon torse. Elle a l'air si fragile...

- Ce n'est pas ce que tu crois, Abby. Laisse-moi t'expliquer.

Elle se débat en hurlant. Toutes les personnes présentes se tournent vers moi. Un garçon vient à notre rencontre.

- Relâche la, commence l'un des deux.

On se jauge du regard. Bleu sur vert.

- Occupes toi de tes affaires, bouffon. On sort ensemble.

Abby ne peut pas le voir. Je suis bien content que ce soit le cas. Le gars qui a pris sa défense est beau. Si moi, je suis un mec hétéro et je le trouve pas mal, comment elle va le trouver elle... Rien que de l'imaginer se pâmer devant un autre me rend fou. Je resserre ma poigne autour d'Abby. Elle est à moi. Seulement moi.

Il acquiesce et s'en va. Je le soupçonne d'être intimidé par ma carrure imposante.

Abby en profite pour m'écraser le pied avec force. De douleur, je la relâche brusquement. Je n'ai pas le temps de m'occuper de mon pied qu'elle me gifle violemment.

Je titube sous le choc. Mon regard croise le sien. Elle est triste, vraiment triste. Son désarroi me cloue sur place. Je ne bouge plus, pétrifié. Comment ai-je pu la rendre aussi malheureuse ? Elle me toise avec de la haine.

- Ne t'avise pas de me reprendre dans tes bras. Tu es trop sale pour moi, crache-t-elle en s'en allant.

Je n'ai pas la force de la suivre. Mes genoux me lâchent et je me retrouve à terre.

- Abby, ne me quitte pas, murmuré je faiblement.