Love Game TOME 1 (TERMINÉ)

CHAPITRE 7 Elle

- Comment ça se fait qu'on n'est toujours pas arrivé chez toi, bon sang ? Ça va faire une heure qu'on tourne en rond dans le quartier !

Je ne peux m'empêcher de rire. Ça fait une heure qu'il me suit en essayant d'être discret, sans résultat. Je m'en amuse. Ça fait trois fois qu'on passe dans cette même rue. Mais il est hors de question que je l'amène chez moi.

- Je ne t'ai jamais dit que je rentrais chez moi limace.

- Répète un peu pour voir crevette ? dit-il sur un ton menaçant.

Crevette ? Je crois que je préfère largement Baby. Mais je ne louperais pas une occasion si belle, offerte sur un plateau d'argent, de le provoquer.

- Limace ! lancé-je en lui tirant la langue.

Son regard est amusé. Ce qui me fait sourire. J'aime quand il a ces yeux-là, il a l'air tellement enfantin. Je relève la tête pour regarder autour de nous. Je nous ai traîné devant le jardin du Luxembourg. J'y entre, et évidement il est sur mes pas.

On marche sans rien dire pendant cinq minutes. Je crois que je ne l'ai jamais entendu sans voix pendant un si long moment. J'ai l'impression de mener. J'aime ça, ça change. Je m'arrête et m'assois dans l'herbe. Il vient à côté de moi.

Je devrais lui dire quelque chose, mais quoi ? Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de l'embrasser tout à l'heure, ça ne me ressemble pas. Rien que d'y penser je sens déjà le rouge me monter aux joues.

- Pourquoi es-tu parti en courant ? Me demande-t-il en fixant ses yeux droits dans les miens.

Je me mords la lèvre inférieure, troublée, et je déteste ça. Je suis obligée de détourner le regard. Je le vois esquisser son légendaire sourire en coin. Ça aussi je déteste. Quoique.

Qu'est-ce que je peux lui répondre ? Je n'en ai aucune idée moi-même. Dès que je l'ai vu débarqué face à Célia et moi j'ai paniqué. Alors quand elle m'a laissé seule face à lui, j'ai pris peur. Allez savoir pourquoi.

- Ça ne te regarde pas.

Je sais qu'il ne va pas se contenter de ça.

- Tu as commencé à jouer non ? Tout ce tu fais me regarde Baby.

Il n'a pas tort. Je lui ai confirmé mes intentions à la seconde où mes lèvres ont frôlé sa joue. Si il m'a couru après jusque dans le hall de la fac puis dans la rue c'est que ça ne l'a pas laissé de marbre. Je dois prendre ça à mon avantage et m'amuser.

- Dans ce cas je pense que ça va être un jeu très intéressant... babe, dis-je en riant.

Il plisse les yeux sur ce soudain revirement de situation, essayant de cerner mes intentions.

- Je te propose de mieux nous connaître. Ce sera plus facile de jouer. Alors, action ou vérité ? M'interroge-t-il.

Je ne mets pas longtemps à réfléchir.

- Vérité !

J'ai peur de ce qu'il pourrait me proposer si je dis action.

- Évidemment... laisse-t-il échapper narquois. Pourquoi voulais tu faire médecine ?

J'écarquille les yeux. Je ne m'attendais pas à ça. C'est une question... banale. Ce n'est pas personnelle. Ça ne lui ressemble pas d'être sérieux. Je prends trop de temps pour lui répondre, il esquisse un sourire pour me le rappeler.

- Si je te réponds "pour sauver des vies" ça fait cliché ? Je lui demande en riant.

Il acquiesce.

- J'aime aider les autres c'est comme ça, je n'y peux rien. Ça a toujours était mon truc, la science je veux dire. Quand j'étais petite je disais que je voulais être médecin parce que je n'aimais pas le français... et j'ai toujours adoré les dissections au collège.

Il n'a pas arrêté de me fixer de son regard profond pendant mon monologue. J'essaie d'éviter le vert de ses yeux. Un éclair passe sur son visage angélique.

- Tu aimes les dissections ? dit-il avec un amusement non dissimulé.

- Oui, j'adore ça ! Je trouve ça marrant et fascinant en même temps.

Il ricane.

- Ce n'est pas médecine qu'il fallait faire dans ce cas, mais de la boucherie !

- C'est ça fout toi de moi, dis-je en riant de bon cœur en lui assénant une petite tape sur l'épaule. Et toi ? Pourquoi médecine ?

Son regard s'assombrit et son magnifique sourire disparaît. Ses traits deviennent plus durs.

- Je... Quand j'avais 9 ans, j'ai eu un grave accident de voiture et... Il y avait ce médecin qui me soignait. Il était très gentil, patient... Bref, il m'a donné une bonne image de son métier. Du coup, j'ai voulu faire médecine.

Un accident ? Je sais que c'est censé être un jeu, mais son honnêteté me transperce de part en part. Je ne m'y attendais vraiment pas. Je sens quelque chose atteindre mon cœur. J'imagine un magnifique garçonnet au yeux verts pétillants dans un lit d'hôpital entouré de toutes ces machines. Je suis triste. J'ai soudain cette envie irrépressible de le serrer dans mes bras pour lui enlever cette expression qui envahi son visage. Cette expression qui me fait mal.

- Je suis désolée Michaël... je...

- Enfin bref, action ou vérité crevette ?

- Baby, lâché-je sans hésiter.

- Quoi ?

- Je préfère Baby.

Je sens le rouge me monter aux joues en lui avouant ça.

- D'accord ...

Il semble aussi surpris que moi mais ça l'amuse.

- Alors ? Action ou vérité Baby ?

- Action, dis-je sur le ton du défi.

- Embrasse-moi, répond-y-il du tac au tac.

Qu'est ce qui m'as pris de baisser la garde avec lui ?! Voilà ce que ça donne "apprendre à se connaître" version Michaël.

- Non, tout sauf ça, fis-je avec un dégoût feint.

J'avoue que l'idée ne me déplaît absolument pas, bien au contraire. Mais je ne peux pas, ça serait lui donner un point trop facilement.

- Pourquoi ? rétorque-t-il en détournant le regard pendant un instant avant de me fixer à nouveau droit dans les yeux.

Je me perds dans leur profondeur, oubliant tout. Je prends soudainement conscience que son visage est à quelque pauvres centimètres du mien. Quand est-ce qu'il s'est rapproché ?!

- Pourquoi, quoi ? relevé-je, histoire de ne pas faire durer ce moment gênant.

Il ne répond pas et se contente seulement de poser légèrement ses lèvres contre les miennes. Je me fige. Je sens une nuée de papillons dans mon estomac et ferme les yeux. Ses lèvres ont un goût mentholé. J'adore. Une chaleur soudaine monte en moi. Je me perds sur ses lèvres...
C'est son rire qui me ramène à la réalité.

-Attends... Ne me dis pas que tu croyais vraiment que j'allais t'embrasser ? Dit-il en se levant.