Wasn't Expecting That.

Le lendemain, je me suis réellement fait engueuler par l'entraîneur parce qu'exactement comme je l'avais prédis, j'étais incapable de mettre un pied devant l'autre sans clopiner grossièrement. Donc ne parlons même pas de courir. J'ai vraiment cru qu'il allait finir par me virer de l'équipe. Vraiment.

L'issue de cette histoire aurait surement été tout autre si tel avait été le cas.

Mais comme on changerait le monde et l'humanité à coups de "si", je ne vais pas m'attarder là.

Je dirais que j'ai simplement écopé d'une bonne soufflante, puis j'ai regardé l'entrainement sous le grommellement incessant du coach qui maudissait Eleanor, qui maudissait les patinoires, et qui me maudissait moi, d'avoir accepté d'y aller. Et si je vous raconte ça, ce n'est évidemment pas pour vous décrire comment j'ai failli arrêter le foot mais plutôt, comment on en vient à cette deuxième fois.

Parce que c'est évidemment la prochaine étape de mon récit.

Alors cette deuxième fois, elle est arrivée justement ce jour-là, pendant l'entrainement. Quand j'ai reçu un message de la part de ma meilleure amie.

Nouveau SMS de El :
14:27✉Ce soir, Finnick's, 9pm.

Rien de plus, aucune salutation, typiquement Eleanor.

Une nouvelle fois, évidemment que j'ai accepté. De toute façon je n'avais rien d'autre à faire et aucune excuse, alors à quoi bon se dérober ?

Quand je suis arrivé au pub ; ce vieux pub irlandais dans lequel El et moi venions souvent élire domicile avant et dans lequel il nous arrive encore d'aller quelques fois - mais ça vous le savez puisque vous épiez le moindre de mes faits et gestes. Vous le savez puisque vous m'attendez à la sortie de chez moi, et que depuis des années, je n'ai jamais pu sortir sans être photographié.

Je ne dis pas ça pour être ingrat et méchant, je dis ça pour que vous compreniez que parfois, dans certains moments de sa vie, une personne à besoin d'être seule. Mais vous ne nous avez jamais laissé seuls. Vous étiez toujours là, à raconter des bêtises, des conneries, à colporter des rumeurs qui faisaient mal.

Je ne vous accuse pas d'avoir gâché ma vie, loin de moi cette idée ; je vous reproche simplement d'avoir terni mon bonheur. Parce qu'Harry ne s'est jamais fait aux médias, contrairement à ce qu'il a pu dire. Il ment bien avec sa bouche, mais si vous faites un zoom sur ses yeux, dans n'importe quelle interview où il est venu avec moi, vous verrez que j'ai raison. Vous verrez que même s'il a toujours prétendu le contraire, il ne s'en fichait pas totalement. Les yeux ne mentent jamais.

Mais pour en revenir à ce que je disais, quand je suis arrivé au Finnick, El était déjà là, assise à la dernière banquette sur la gauche. Là où la pénombre est un peu plus prononcée parce qu'on est plus proche de la réserve et des toilettes que du bar.

Notre table.

Seulement au moment où je me suis approché, je me suis rendu compte qu'elle n'était pas toute seule, à notre table.

Alors je me souviens m'être arrêté en plein milieu de la salle pour vérifier que c'était bien Eleanor qui était là-bas. Elle n'avait jamais mentionné qu'elle serait accompagnée donc j'étais septique. Mais derrière moi, le barman m'a reconnu et a appelé mon prénom, ce qui a immédiatement attiré l'attention des personnes à ma table.

Et c'était bien Eleanor, juste à côté de...

« Oh, sainte mère de dieu. »

Je suis intimement convaincu aujourd'hui que ce tic de jurer par des expressions bibliques quand je suis pris au dépourvu me vient de ma grand-mère. Mais à cette époque, je n'avais pas encore fait le rapprochement, alors  ça aussi, ça m'a un peu pris au dépourvu.