14- La chasse

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Les lourds nuages orageux s'ammoncelaient dans le ciel sombre.

Encore un temps à rester chez soi devant un bon feu, avec un chocolat chaud à la main (et même si possible devant un bon film diffusé sur les cristallos)...

Mais pour Chiara, c'était surtoût l'heure de glaner quelques informations. Elle resserra son gilet de laine aux mailles bien serrées autour d'elle, et fourra ses mains aux bouts des doigts bleuits dans ses poches. Quelques mèches folles de cheveux bruns s'échappaient de son écharpe écossaise. Elle les remit en place d'une main habile.

Les promeneurs étaient peu nombreux par ce temps. Mince! Ou pas d'ailleurs, puisque les rares personnes dehors par ce froid avaient une bonne raison de sortir. Comme des informations à faire parvenir au sujet de mystérieux enlèvements. Mais ce n'étais qu'un exemple après tout!

Des flocons se déposaient sur le bout du nez de Chiara. Elle ouvrit la bouche pour goûter du bout de la langue cette fraîche saveur... comme une gamine, toujours! Mais c'était l'apparence qu'il fallait qu'elle prenne lorsqu'elle était en mission d'informations.

Une jeune fille qui s'amusait ne serait jamais soupçonnée d'être en réalité une espionne des services secrets du royaume voisin.

-- Soren, attends!

-- Oui Alys, mais si tu te dépêches.

Plus loin, devant elle lui parvenaient des éclats de voix de quelques enfants qui jouaient dehors. Ils avaient tous les cheveux d'un blanc de glace ou d'un noir de jais. L'une des petites filles avait même les cheveux argentés. D'après les cris des enfants, elle s'appelait Zéanor.

La petite fille haussa les sourcils en se concentrant et sa main se couvrit de givre tandis qu'elle faisait apparaître des flocons tourbillonnants de sa paume. Les flocons s'élevèrent et se dirigèrent vers ses camarades qui les repoussaient. Ils étaient trop chous...

Chiara s'approcha d'eux pour entendre clairement ce qui se disait:

-- Dis donc, vous avez entendu ce que les grands ne veulent pas nous dire mais qu'ils disent quand ils sont entre grands?

-- Non Zéanor, mais il paraît que c'est grave...

L'une des petites pris la parole. C'était la dénommée Alys.

-- Moi une fois je les ait entendu en parler... il paraît que des gens ont été vus dans le coin avec des personnes évanouies dans leurs bras. C'est un vrai trafic, et en plus ils font ça la nuit.

-- Oh c'est vrai? J'espère que c'est pas près de chez nous.

-- Non, mais pas très loin non plus... ils ont été vus au pied du pic du faucon.

Les enfants s'éloignèrent. Chiara avait déjà appris pas mal de truc. Elle envoya un message à Erwan:

-- Tu me reçois? On a des infos... retiens le nom du pic du faucon. L'info reste à vérifier.

La réponse ne tarda pas à arriver.

-- Très bien, ça coïncide avec ce que j'ai trouvé.

Chiara passa le reste de l'après-midi à guetter des infos et à les échanger avec ses coéquipiers. Le seul élément qu'elle retrouvait à chaque fois était cet étrange lieu, le pic du faucon. Elle était ébahie du paysage poudré qu'elle découvrait à chaque rue.

La brune prenait soin de camoufler ses traces, et de se rendre discrète. Peu de gens étaient sortis par ce temps. Les bourrasques s'engouffraient partout tout en laissant une impression glacée. Hum... déroutant! Chiara dialoguait en murmurant avec Mahaut.

Bon, c'était bien beau d'attendre les gens dehors mais elle allait quand même passer à l'action à l'intérieur. Se couler dans les maisons c'était son domaine...

Elle avisa une demeure aux rideaux tirés, qui laisait filtrer la lumière d'un bon feu de bois. Un petit escalier de pierre descendais vers une cave.

Elle le gravit, en prenant bien soin d'un geste de magie bordeaux de camoufler ses traces de pas.

Pas de crainte pour Aphrodite, la guéparde miniaturisée était enfouie au fond de sa poche et des miaulements de chaton égaré parvenaient jusqu'aux oreilles de Chiara.

La neige entassée apportée par les rafales empêchait l'ouverture de la porte. La jeune espionne déblaya le tout, accroupie à quatre pattes (tellement peu classe) et fusilla du regard un vieillard qui arrivé par derrière, en profitait pour lui mater le...

Sitôt que le pauvre vieux eût fait demi-tour, il se pris en plein dans le crâne un sort d'oubli des dernières minutes.

Pendant ce temps, Chiara avait crocheté la serrure et se dirigeait vers le foyer central de la maison.

La cave communiquait avec le rez de chaussée par un escalier. Un escalier grinçant. Grrr... elle avait appris comment être aussi inaudible qu'une patte de velours à l'école des espions lors de sa quatrième année.

La brune gravit les marches et après avoir vérifié que la voix était libre, se coula derrière une tenture. L'instinct avant tout. Elle avait sentit que cette maison était source d'infos, elle allait maintenant le vérifier.

Une femme se tenait, dans un fauteuil, une tisane à la main. Elle s'adressait à son mari:

-- Reyt, tu ne devrai pas faire ça. C'est important. Dans un couple, tu dois prendre en compte mes décisions aussi.

Une querelle de couple, rien d'important. Pourtant, un détail retint son attention.

-- Écoute ma chérie, c'est de mon cousin qu'il s'agit et cette étrange affaire rapporte beaucoup. Ce n'est pas nous qui sommes liés mais le royaume voisin. Cette forteresse abrite les détenus pour faire pression sur Talors. Tu sais bien que ce n'est pas en haut du pic du faucon que les gens vont aller chercher. Cet endroit donne la chair de poule et les étranges signaux brumeux qui ne sont pas liés à la magie. Cet endroit flanque la frousse.

Chiara avait rendez-vous dans moins d'une minute avec les deux autres. Là, elle tenait quelque chose! Elle se hissa jusqu'en haut de la maison et s'échappa par un vélux.

Elle n'avait même pas eut le temps de le refermer qu'elle sentit une présence derrière.
Moins d'une fraction de seconde après, le coup venait.

Elle tomba évanouie...

OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant