Mais ça n'a pas d'importance ici.

Quand je suis ressorti de la salle de bain, les cheveux trempés par la douche, j'étais habillé de quelque chose qui ne lui plaisait visiblement pas parce qu'elle m'a regardé avec des yeux aussi grands que des ballons et m'a fait son petit froncement-de-sourcil-tu-crois-que-tu-vas-aller-où-habillé-comme-ça-chéri.

Nulle part. Ça c'était la réponse.

Alors avant qu'elle me le dise elle-même, j'ai tourné les talons et je suis allé me changer. Encore.
Mais ce n'était pas parce que j'accordais de l'importance à mes vêtements ; seulement parce que sinon, je l'aurais entendu piailler tout l'après-midi à cause d'une maille de mon pull pas assortie avec un des poils de mes sourcils.

Du coup, je me souviens exactement de ma tenue ce jour-là, quoiqu'elle ne soit pas des plus compliquées : j'avais un jeans noir et un t-shirt gris foncé. J'avais joué la simplicité et contenté El, alors quand on s'est mît en route, c'était tout ce que comptait.

Enfin, c'était tout ce qui comptait jusqu'au moment où je suis arrivé à la patinoire en fait. Parce qu'il faut avouer que dans ma hâte, j'avais oublié le plus important : les chaussettes.

J'avais enfilé des vans à la va-vite, une veste d'été qui passait bien. Et je croyais avoir fait la plus grosse erreur de ma vie en acceptant de venir. Croyais, parce qu'évidemment que sans tout ça, rien ne se serait passé du tout.

Souvent, je me demande... si je ne l'avais pas rencontré, si je n'avais pas rencontré Harry, est-ce que vous vous seriez acharné à ce point sur moi ? Est-ce que vous vous seriez acharné à ce point sur Eleanor ?
Ou est-ce que votre intérêt pour ma vie privée ne se résumait qu'aux rumeurs que vous aimiez lancer sur moi, sur lui, ou sur elle ?

Oh, et puis pourquoi je pose la question ; je n'aurais jamais de réponses, de toute façon.

_Dans la famille des Crétins, je voudrais le fils, El a donc commencé à plaisanter en rigolant.

Elle avait déjà enfilé ses propres patins, des beaux blancs en cuir qui n'échauffent pas les pauvres chevilles, et moi j'étais toujours là, en train de galérer avec mes pauvres bouts de plastiques bleus foncés.

_Franchement, Louis. Des chaussettes... T'es quand même un sacré cas.

Je l'ai remercié en grognant et elle a rit.

_Tu vas avoir mal aux pieds.

Cette fois, j'ai souris de toutes mes dents, très ironiquement, et c'est en lui tirant la langue que je l'ai aperçu pour la première fois.

Je ne parle pas de El, hein. Arrêter avec ça.

Je parle de mon miracle.

Harry.

Il était en train de rire aux éclats dans l'allée d'à côté. Il avait déjà ses patins aux pieds j'imagine, parce qu'il marchait avec d'autres garçons en direction de la piste.

Je me souviens que la première chose qui m'est passé par la tête à ce moment-là était « Mon dieu, alors lui, son coiffeur est mort. »

Ce n'était pas méchant. C'était amusant ; un garçon aux cheveux longs. On n'en voit pas tous les jours.

Remarquer, maintenant, si. Il paraît que c'est la nouvelle mode. Alors j'aime penser qu'il est l'instigateur de cette coupe masculine-féminine. Les filles avaient bien celle à la garçonne ; pas de discrimination, s'il vous plaît.

Harry est passé en un courant d'air cette première fois-là. Il riait, il bougeait ses bras dans tous les sens, et il avait disparu le temps que je baisse les yeux sur les engins de torture qui me labouraient déjà les pieds.

Wasn't Expecting That.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant