Chapitre 8

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Marie était stressée, apeurée dans ce lieu froid et inquiétant.
Puis, ils avancèrent tous ensemble, en rang d'écoliers bien disciplinés, effectuant l'un après l'autre ces rituels :
- Là, on va passer dans un couloir, et après, des gardiens vérifient ta pièce d'identité et te disent de t'asseoir là où ils t'indiquent, après on attend à ces tables que
nos enfants viennent.

- Merci infiniment Madame, je ne sais pas comment vous remercier : Barak Allah ou fik
- Wa fik el Baraka ! C'est bien ma fille ! En plus t'es musulmane ! Ma cha Allah ! C'est bien ma fille !
Ils avancèrent lentement en file indienne, épiés, contrôlés, suspectés, scannés par les yeux des gardiens et ceux des nombreuses caméras braquées sur eux.
Derrière la dame, les jeunes entendaient leur conversation :
- Starful Allah ! La meuf c'est une sœur, frère ! T'as déconné wa Allah !
- Ben, je pouvais pas deviner, ta gueule !
Lui répondit l'autre honteusement.
- Taisez-vous !
leur ordonna la vieille femme
- La honte pour vous tous ! Faut respecter les femmes, toutes les femmes musulmanes ou pas ! C'est ça l'islam !
- Pardon Hajja ! Smahni, wa Allah, c'est le chitan, c'est tout ! La prochaine fois, ben j'agirai pas comme ça
- C'est bon, taisez-vous ! Vous allez vous faire exclure !
Ils arrivèrent tous en ligne, tels des enfants en rang devant leur salle de classe.
Comme le lui avait expliqué sa charmante guide, ils attendaient à l'entrée d'une grande salle meublée de petites tables carrées et de chaises en bois.
A chaque table une chaise faisait face à deux autres.
A chaque coin des gardiens armés se tenaient prêt à intervenir.
Comme prévu, un des gardiens prit une liste et se mit à appeler les personnes :
- Madame Martin, asseyez vous ici s'il vous plaît
Monsieur Fernando, ici ... merci
Madame Diallo vous vous mettrez ici
Madame Medina ici
Monsieur Djilali venez par là, Madame Haroun ici, Monsieur Martinez venez là
Marie regardait ce spectacle et attendait avec beaucoup d'impatience que son nom soit cité.
Son cœur retentissait à chaque fois que la bouche du gardien s'ouvrait.

- Madame Abdenour, installez vous ici s'il vous plaît

Elle fût installée dans un coin au fond de la salle.

- Comment avoir un peu d'intimité ? Tout le monde va écouter ce qu'on dit !
Se disait-elle au fond d'elle.
Dans cette salle résonnaient les bruits des chaises et les chuchotements, bientôt interrompus par la prise de parole d'un autre gardien :
- Mesdames, Messieurs, vous connaissez le règlement, inutile donc de vous le rappelé : Pas de cris, ne pas parler fort, pas de bavardage avec les tables voisines, pas de téléphone portable, et bien sûr pas de bagarre ! Sous peine d'exclusion immédiate et définitive ! Ah j'oubliai, respecter les horaires, une fois que vous entendez la sonnerie, vous devez quitter la pièce sans tarder et ne pas traîner. Est-ce clair ?
A cette question, tout le monde répondit dépité :
- Oui monsieur !
Comme si cette réponse pouvait les aider à voir plus vite leur proche.
Dans un silence collégial, tout le monde se regardait dans le blanc des yeux.
Marie se tourna et fit un sourire à Madame Medina, c'est le nom de sa protectrice.
Finalement, tout le monde se connaissait maintenant et faisait parti d'une même famille, bon gré, mal gré !
Son regard croisa celui d'un des jeunes qui l'importunait quelques minutes auparavant. Elle ne savait pas ce qu'il disait, mais par ces gestes et ses mimiques, comprit qu'il essayait de s'excuser :
Il baissa les yeux posa sa main sur le cœur et Marie reconnut sur ses lèvres le mot « PARDON »
En guise de réponse Marie sourit et leva la main droite comme pour dire « excuses acceptées ! »




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