Chapitre quatorze : SteelHooves

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Des explosions !
Le monde autour de moi fut déchiré par la cacophonie de flashs et de déflagrations, de la chaleur écrasante suivie par les rugissements plus forts que le tonnerre. L'obscurité du crépuscule était annihilée par tous ces éclats.
Le temps se réduisit à rien, comme si les sens surchargés causaient un délai dans ma tête. Le feu et les shrapnels volèrent sur moi, la douleur me tailladant le corps. Le hurlement qui emplissait le monde s'éteignit en un gémissement aigu quand je perdis l'ouïe. J'étais fixée sur place, incapable de bouger mon corps. Le sang coulait sur mon visage comme la pseudo-déesse devant moi se déchira, les pièces d eson corps sauvagement projetées dans toutes les directions.
Je me sentis jetée au sol. Velvet Remedy me couvrit de son corps, son bouclier se formant sur nous avec une lenteur douloureuse. Je pouvais sentir la chaleur de son sang qui coulait, se mêlait au mien. Je réalisai tardivement que nous n'étions pas ceux attaqués. La seconde pseudo-déesse se tournait, les yeux écarquillés comme elle élevait son propre champ de magie. Mais c'était trop tard ; les explosions rapides qui nous tuaient Velvet Remedy et moi par la seule proximité taillent droit dans la créature. Le bouclier de la pseudo-déesse ondula, fluctua et mourut avant de pouvoir se former vraiment. Puis elle aussi fut consumée par le feu dévorant.
Le temps revint comme la pluie d'explosions se calmait. Ma vision était déformée par les silhouettes des créatures, leurs corps oblitérés brûlant encore à ma vue. Mes oreilles n'étaient toujours qu'un sifflement distant et nauséeux.  Mais à présent je pouvais voir la source de ces attaques. Et j'avais déjà vu ça. C'était l'affiche du centre de recrutement, bien vivante devant nous. Un poney entièrement cuirassé dans son armure de gris métallique, jusqu'à la queue. C'était une relique puissante du passé, un "Steel Ranger". Une lampe brillante à son front éclairait sa cible, et l'énorme arme au côté de sa monstrueuse selle de bataille tira encore.
Mais la dernière pseudo-déesse avait eu bien assez de temps pour lever son bouclier pendant que ses soeurs étaient massacrées. Et les explosions -- que désormais je voyais être des pommes de métal pareilles à celles dont j'usais sur le dragon, mais tirées à vitesse terrifiante -- détonèrent contre le bouclier dans lequel elle se tenait, confortable, insensible et vaguement agacée. Les flammes illuminèrent sa robe de nuit et son poil d'un vert maladif, et fit étinceler ses yeux comme les portes de l'enfer.
À nouveau, la mitrailleuse à grenades de le Steel Ranger s'arrêta. Et à présent une large boîte au côté gauche de sa selle s'ouvrit, lâchant deux roquettes qui fléchirent dans l'air droit sur la créature, laissant des traînes de fumée derrière elles.
La pseudo-déesse se contenta de baisser sa tête, un éclat de lumière fusant de sa corne. En un instant, les deux roquettes s'étaient retournées. Le Steel Ranger voulut reculer, mais trop tard. Les roquettes frappèrent directement notre espéré sauveur en cuirasse, l'explosion abattant le corps massif au bas de la colline. L'herbe vola en poussière, en terre et en flammes comme le corps roulait sur de nombreuses mines avant de s'arrêter, immobile et comme mort au bas de la cabane.
Le poids de Velvet pesa sur moi. Elle attendait que le Steel Ranger se relève, et le monde sembla attendre avec nous. Quand après longtemps il ne bougea pas, la pseudo-déesse trotta vers lui. Je pus entendre son rire, même si mes oreilles n'entendaient rien que ce sifflement horrible. Au fond demoi, je réalisai que j'avais vu juste -- la télépathie jouait un rôle dans la menace des pseudo-déesses.
"Voyez comment ce soit-disant 'Grand Tueur d'Alicorne' est tombé !" ronronna la voix cruelle et majestueuse de la pseudo-déesse dans ma tête. "La Déesse sera très satisfaite."
Les impacts de balles créèrent deux éclats jumeaux dans le boucliers de la pseudo-déesse. Boitant et saignant de la tempête de feu et de shrapnels, Calamity s'avança. Je pouvais voir sa bouche bouger. Sans aucun doute, il trouvait le temps d'être spirituel.
La pseudo-déesse (ou alicorne, selon elle) se tourna et renifla de dérision.
Calamity tira encore avec le même futile résultat.
Je haussai mes hanches, tentant de dire à Velvet Remedy de me laisser aller, mais elle me retint. Son corps était chaud et lourd. Je réalisai que son sort était tombé, et paniquai. Je la soulevai, la poussai de côté et me tournais pour voir ma superbe compagne inconsciente, sa peau fouettée par les shrapnels, baignante de sang. Du feu de ma corne j'ouvrais une des caisses médicales et en tirais le peu de ressources restantes. Mon coeur hurlait en voyant ce qui restait. J'avais pu crier aussi, mais sans rien entendre.
J'ouvrai l'autre, espérant plus, mais tout ce que contenait la seconde était sa robe, une bouteille de Frappe et...
... le Menth-out de Fête !
Cette voix hurla dans ma tête. Velvet Remedy dépendait de moi. Elle mourrait si je ne l'aidais pas. Je devais m'affûter maintenant ! J'avais besoin d'être forte maintenant ! J'avais besoin de ces Menth-out !
La petite orbe de mémoire roula et tomba dans l'herbe comme je tirais le Menth-out de Fête de sa boîte et le faisais flotter à moi. Un besoin me frappa, et je me forçai à n'en prendre qu'un. Les faire durer. Un suffirait...
Le monde s'éclaira, s'affina, devint propre. J'étais consciente de chaque goutte de pluie sur mon corps. J'étais consciente de la douleur, de chaque plaie de mon corps. Mon esprit fila dans mes pensées.
À nouveau, une lumière brillante éclata sur nous tous, portant cette fois la puanteur étouffante d'ozone comme l'alicorne invoquait les éclairs des nuées et abattit Calamity au sol. Je me tournai, tentant de crier, mais je n'avais pas de voix. Ou je ne pouvais pas l'entendre.
Calamity trembla, pris de spasmes au sol. Il n'était pas mort, pas même inconscient, mais il ne pouvait plus se battre. L'alicorne semblait s'en ficher. Un sourire maléfique déforma ses traits, froid et torturé, comme des taches de lumière d'un rose violet s'enflammaient autour de sa tête, grandissant et formant des flèches magiques.
Je tentai de me mettre sur mes sabots, mais mes pattes n'écoutaient plus. Un flot de nausée m'abattit. Je savais souffrir aussi de la perte de sang, et le sifflement dans mes oreilles déchiquetait mon sens de l'équilibre. Mais je savais aussi que Calamity et Velvet allaient mourir. Et moi aussi, mais en les sauvant.
Et dans l'éclat génial de mon épiphanie au Menth-out, je savais exactement quoi faire.
Ma télékinésie ne m'abandonna pas, même quand mon corps le fit. Je tirai le fusil de précision à moi tout en amenant l'orbe de mémoire et en l'envoyant du côté de l'alicorne, la bougeant pour approcher de son flanc. Je sentis un pincement de ma conscience à risquer une chose si précieuse pour Velvet.
La pseudo-déesse se tourna, saisit le mouvement hors de son champ de vision. Elle réagit avant de le reconnaître, s'attendant à une grenade, concentra sa magie pour la renvoyer à moi.
L'orbe de mémoire brilla doucement comme l'alicorne concentrait sa magie dessus. Ses yeux s'ouvrirent, son bouclier tombant et la cascade en formation de flèches s'évapora lorsque l'alicorne se perdit dans la mémoire.
Plongeant dans le zen ciblé du S.V.A.G., j'alignai la tête et pressai la poignée de charge.
***         ***     ***
"Non !" intona Velvet Remedy, sa voix distante et étouffée à travers les sifflements de mes oreilles. Elle flotta la boîte de Menth-out de Fête loin de moi avant que j'aie la chance d'en prendre un autre. J'en avais déjà pris deux, un avant de tuer l'alicorne et le second pour faire taire la dépressoin massive que je savais venir quand le premier s'effacerait.
"Mais... !" J'essayais de trouver une excuse que Velvet Remedy accepterait. J'étais incroyable à présent ; je pouvais convaincre un poney de n'importe quoi. "Au moins laisse-moi les garder. Je peux en avoir besoin. " Et pourtant, je ne povuais convaincre la plus belle jument des terres dévastées de me laisser une boîte pleine de médicaments.
J'avais administré les dernières potions médicales à Velvet Remedy. Le liquide magique semblait agir bien lentement pour fermer ses plaies. Elle n'avait désormais plus que les bandages pour aider Calamity et moi. Nous n'en avions de loin pas assez. Elle était toujours très faible dû à la perte de sang, et avait du mal à tenir debout. Calamity avait besoin d'une attelle pour sa patte ; Velvet Remedy ne voulait pas risquer un sort de soin avant que ce soit fait. De plus, il avait besoin d'un sérieux repos pour se remettre du coup d'éclair.
Il restait un autre poney.
J'avais dû repousser Velvet Remedy avant d'approcher la figure cuirassée immobile contre la cabane en bas. Avec ma lévitation, je pouvais passer le champ de mines sans peine. Pas Velvet Remedy.
Entre les pensées de l'alicorne et l'étiquette de mon PipBuck pour la cabane, je n'avais pas besoin du Menth-out de Fête pour réaliser que c'était probablement SteelHooves.
Le grand chasseur d'alicorne... signifiant qu'il y en avait d'autres. Peut-être beaucoup. La pensée m'effrayait. SteelHooves en avait exterminé deux en combinaison surprise et puissance de feu épique. C'était par ruse et par chance que j'avais tué la troisième avant qu'elle ne nous massacre. La dernière fois, il m'avait fallu un wagon de marchandise. Ces créatures n'étaient pas invincibles, mais elles étaient puissantes et difficiles à tuer.
L'étalon de métal (ou, du moins, je supposais un étalon dû à la forme de la cuirasse) n'avait pas bougé depuis la bataille. Je m'accroupissais près du Ranger tombé (nombre de mes bandages glissant et se défaisant du coup, mes plaies se rouvrant). De près, la cuirasse était encore plus impressionnante. Elle avait son propre filtre d'air, un système de survie, et même une injection mécanique. Le dommage des roquettes n'étaient de loin pas ce que ça aurait dû être. Mais l'armure avait plié au point d'impact, écrasant horriblement le poney dedans.
Je tentais de trouver le moyen de retirer le heaume. S'il y en avait un, il était bien caché. Mais je trouvai un accès pour lier mon PipBuck à la matrice arcanique du casque. Je tirai l'outil de mon caparaçon, suspectant déjà que le casque incluait son propre E.F.O. et S.V.A.G., sinon plus. Le poney qui avait conçu cette cuirasse avait dû travailler de concert avec Gadg-Étable.
"N'essaie pas." La voix du heaume était basse, grondante, et très masculine.
Je bondissais, effrayée. Il y avait un poney en vie dedans ! Poussée par la confiance du Menth-out, j'approchai, voulant le rassurer. "Je suis une Technicienne de PipBuck Gadg-Étable assermentée," je mentis, juste un peu, "Je suis certaine de pouvoir aider."
"Non. Tu ne peux pas." dit la voix, mais le corps ne bougeait pas. Le heaume ne s'était même pas tourné vers moi. "Ma cuirasse a pris un sale coup. Tout est mort. Soin, réparation... le sort de matrice complet est hors-ligne."
Je tombai sur mes jarrets, gémissant aux coups de douleurs taillant mes flancs. "Vous pouvez..."
"Sans assistance magique, je ne peux même pas bouger. Je vais mourir ici. Je suis, vraiment, déjà mort." La voix basse de la cuirasse semblait résignée à l'idée, et calme. "Mais je les ai emportées avec moi. Et, si je ne me trompe pas, j'ai sauvé une Résidente d'Étable. Comme dernier acte, c'est pas mal."
J'étais prise de court. Ma réputation hors de proportion. Un sérieux inconfort jouait en moi. Ce n'était pas juste que d'autres poneys risquent leur vie pour moi, en croyant que j'étais spéciale.
Je fixais le Steel Ranger, vivant mais paralysé. Si la cuirasse n'avait plus d'énergie, la pirater ne ferait rien. Je regardai du côté de Velvet Remedy, souhaitant avoir pris le temps de maîtriser les soins plutôt que de me reposer sur elle. J'envisageai de la faire passer par-dessus le champ de mines.
Revenant au poney cuirassé, "D'accord... SteelHooves, c'est cela ?"
"Comment... oh. Bien sûr."
Bien sûr quoi ? Secouée par la confusion, je continuai, "je vais amener notre médecin." Sans un mot de plus, je concentrai ma magie sur Velvet Remedy. Elle flotta dans l'air dans un petit cri choqué. Je commençait à l'amener vers nous.
"LittlePip, dépose-moi !"
"Champ de mines," j'annonçai simplement.
"D'accord, déplace-moi, puis dépose-moi."
Un peu plus tard, elle nous avait rejoints. Elle me jeta un ricanement plaisant et alla au chasseur cuirassé. Comme je lui répétais ce qu'il m'avait dit, mon esprit revint à l'affiche vue sur le mur de la clinique de Candi : " Pas besoin d'être un Steel Ranger pour être un Héros ! Joignez le Ministère de la Paix aujourd'hui !" Je regardai Velvet Remedy, sachant qu'elle devait être familière de ce genre d'affiche quelque part, et je me demandais si elle se le rappelait aussi bien.
***         ***     ***

"Inutile de s'acharner," insista SteelHooves. "Il n'y a rien à faire. J'ai eu mon galop d'essai..."
"Absurde," piaffa Velvet Remedy, rejetant la morbidité du Steel Ranger. "Il suffit désormais de vous faire sortir..."
"Non," répéta la voix basse et rocailleuse.
"Pardon ?" demanda Velvet, confuse. Elle avait passé les dernières minutes à examiner la cuirasse, de plus en plus inquiète. "Même si la cuirasse vous a protégé des brûlures et des écorchures, vous avez souffert du trauma des chocs. Les dommages internes doivent..." Comme elle parlait, elle s'était mise à envelopper la cuirasse d'une lueur magique douce.
"Ne retirez pas la cuirasse."
Velvet Remedy gémit. "Oh s'il vous plait, j'ai déjà subi ça avec Calamity. Je ne peux pas vous traiter si je ne peux pas voir vo..."
"Si vous retirez ma cuirasse, je meurs."
Je clignais des yeux, le regardant et regardant la large encognure écrasant son côté. Sans avoir les compétences de Velvet Remedy j'imaginai que la cuirasse était la seule chose le tenant entier.
Velvet recula, annulant son sort. "Bien, on dirait qu'il y a un problème de conception."
"L'armure est conçue pour me maintenir en vie," dit SteelHooves sur la défensive. "Ouvrez la pièce sur mon flanc gauche." Velvet Remedy obéit, révélant un système pour les drogues et les potions, tout de la Frappe au...
"Je ne reconnais même pas toutes ces drogues," dit Velvet, surprise.
"La cuirasse a un enchantement de soin. S'il fonctionnait, je serait déjà guéri."
Je continuai de regarder le système d'injection, l'air de rien, "il n'y a pas un système pour les Menth-..."
"LittlePip !" gronda Velvet Remedy, me poussant au silence.
Je reculai, intimidée. Détournant mon esprit des drogues je me concentrai sur l'échec de la matrice magique de la cuirasse. Si c'était un PipBuck, je pourrais aisément...
"Un instant," je lâchai, sachant déjà exactement quoi faire.
Velvet Remedy me jeta un regard. "LittlePip..." elle siffla dangereusement. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Il n'y avait eu qu'une seconde depuis ma remarque ; elle ne réalisait pas la vitesse à laquelle je pensais en cet instant. (Ou alors elle ne me retirerait pas si vite mon Menth-out de Fête.)
"Non, je sais comment l'aider ! Je peux restaurer l'énergie de la curiasse et relancer la matrice." Je rayonnai. "Le concepteur a forcément incorporé de la technologie Gadg-Étable. Ce n'est pas différent de fixer un PipBuck."
L'expression de Velvet s'adoucit. "Dans ce cas, ne reste pas là," elle sourit, me laissant la place, prudente de ne pas s'approcher du champ de mines.
Je trottai plus près et revins à la réalité. Reconnaître mon erreur se mêla avec la dépression violente qui m'emplit lorsque le Menth-out de Fête s'évanouit. En un instant, j'étais stupide, ignorante et... stupide.
"J... je ne peux pas," je grognais.
"Mais tu viens de dire..."
"Je n'ai pas les outils." J'allais pleurer. Le Steel Ranger allait mourir, prisonnier de sa cuirasse, parce que je n'étais pas Technicienne de PipBuck assermentée. Mon caparaçon de service n'incluait pas la clé de matrice de sort. Difficilement, je l'admettais.
Velvet Remedy s'approcha de moi, chancelant un peu, encore faible de la perte de sang. Elle roula sa queue sur moi, soupirant doucement dans mon oreille.
"Une clé de matrice ?" La voix de SteelHooves semblait reprendre espoir. "Tu peux en trouver une dans l'Étable Vingt-neuf."
***         ***     ***

Nous partions pour une autre Étable. Je tremblai à l'idée. D'appréhension plus que de faiblesse physique, je supposais ; Velvet Remedy avait soigné mes plaies.
Calamity boita jusqu'à moi. "Rappelle-toi, LittlePip. C'est pas ton Étable." J'approuvais. Je subissais toujours la dépression post-Menth-out. Je savais n'être pas en condition, mentale, de le faire. Mais SteelHooves avait besoin d'aide, et on la lui devait.
"J'ai changé d'avis," protesta le Steel Ranger. "Je ne peux pas vous autoriser à aller dans une Étable pour moi." Son sens de l'espoir avait été battu en brèche par une noblesse têtue que je comprenais et rejetais. Je n'étais pas la seule.
"Oh ? Dans ce cas, viens et arrête-nous," suggéra Velvet Remedy. Puis elle ajotua, "Oh c'est vrai. Tu ne peux pas."
"Vos manières sont détestables," jugea la voix de dans la cuirasse.
Je les regardai tous trois. Nous n'étions pas en condition de nous plonger en terrain inconnu et forcément hostile. Chacun de nous pouvait à peine tenir.
"Je ne vous dirai pas où est l'entrée," voulut nous dissuader SteelHooves.
Calamity gémit. "Un trou marqué Étable Vingt-neuf ? Près de l'arrêt passagers d'Fetlock ?" SteelHooves fit attention à ne rien dire. Calamity se pencha et murmura, "Et Velvet Remedy pensait qu'y avait rien d'intéressant sous l'wagon."
Il nous fallut bien plus longtemps pour nous y rendre qu'à mon souvenir. Nous allions à petits pas, évitant les signaux rouges de mon compas E.F.O. En l'état, quelques radcafards pouvaient nous achever.
Calamity volait pour porter sa patte. Il regarda la voiture de passagers et annonça trop joyeusement, "Ben, j'espère qu'ta lévitation est d'retour et toujours terrifiante, Lil'Pip. À moins qu'on trouve un régulateur d'flux et aucun poney m'aurait averti, bouger c'truc dépend d'toi."
Je me couchai. J'avais besoin de me concentrer sur le wagon (Sky Bandit Stages, je notai inutilement), et ça signifiait de ne pas divertir mes forces en restant debout. Ma corne s'illumina à ma concentration sur le wagon. La force magique l'enveloppa. Je poussai, prjetai toute ma volonté sur le véhicule. Ma corne s'enflamma. Une couche de plus y brilla. La voiture se mit à tourner, grinçante. La sueur coula de mon front. Je me sentis mal pour respirer. Dans la distance, Velvet Remedy semblait inquiète, mais j'oubliai ça. Un second flot brillant s'échappa de ma corne, et le wagon entier se souleva à plusieurs mètres du sol puis fut déplacé sur le trottoir.
Je le déposai gentiment, puis m'effondrai, épuisée. Je pouvais voir le couvercle. Yay. Dormir.
***         ***     ***

"J'étais inconsciente combien de temps ?" je demandais péniblement.
"Assez pour te reposer un peu," m'apaisa Velvet. "J'ai fermé les yeux un peu aussi."
Nous étions dans un petit tunnel de maintenance. D'un côté, une porte menait à plus de tunnels qui serpentaient sous Fetlock. De l'autre, trois marches menaient à la porte massive de l'Étable Vingt-neuf. Calamity se tenait sur trois sabots (sa batte blessée levée) et regardait le mécanisme de contrôle.
"Ben c'est foutu," il proclama. Il semblait que l'Étable Vingt-neuf ne s'était jamais ouvert. Et sans mot de passe d'annulation, il était improbable qu'on puisse entrer. Mais je me mis au travail. Mon esprit était toujours lent, et je considérais prendre un autre Menth-out (même pas de Fête, ça aiderait), mais je ne voulais pas que Velvet Remedy ou Calamity pensent que j'en avais besoin. Je n'en avais pas besoin. Ils me rendaient juste meilleure.
Après avoir fouillé le système de contrôle dans tous les sens, je trouvais quelque chose d'utile. "Je... pense avoir un accès secondaire."
"Où ?" Demanda Calamity, regardant le couvercle. "C'est loin ?"
Je secouai la tête. "Non, je veux dire, dans le système. Une clé en trois parties est requise pour contourner la sécurité."
"Quel genre de clé ?" Demanda Velvet Remedy.
"Reconnaissance vocale. Trois voix différentes sont requises," je les informai. Puis, avant qu'un seul pony note le fait que nous étions justement trois, j'expliquai, "il faut trois voix précises. Ce qui est dit importe peu, seul compte celui qui parle."
C'était un accès intéressant pour le coup. Je me demandais ce qui avait encouragé cette conception. Et si toutes les Étables avaient le même défaut de sécurité.
"Quelles trois voix ?"
J'y pensai un moment, et maudis la lenteur de mon cerveau. "Je... euh..." Puis je me rappelai le code d'annulation de l'Étable Deux. CMC3BFF. "Je crois savoir."
La première voix était celle qui prit le plus long, simplement parce que je n'avais pas d'enregistrement. À la place, nous restions assis à écouter DJ Pon3 à la radio, attendant que sa sélection de chants se répète. Pour la premèire et seule fois, je fus heureuse que la radio ait si peu de musiques à choix.
"Bonsoir les poneys ! C'est votre humble hôte, DJ Pon3, maître des ondes. Et c'est juste le bon moment. Mais d'abord, les nouvelles ! On dirait que notre croisée des terres brûlées de l'Étable Deux est aussi une sauveuse opportune. D'après les rapports, elle et ses compagnons ont évité à un paquet de pillards à Shattered Hoof d'être faits captifs et décimés par une armée d'esclavagistes. Et ensuite, parce qu'on n'a pas de cupcake sans glaçage, elle a tué un dragon !"
Bon sang de Luna, pourquoi ce n'était jamais "Calamity et ses compagnons ?" Ou Velvet Remedy et sa suite ?
"Je ne sais pas si j'approuve ce coup-là, petite. Sauver des pillards ? Quelques monstres méritent l'esclavage."
Parfait.
"Autre nouvelle : j'ai des rapports de chiens d'enfer attaquant les voyageurs des terres dévastées entre Manehattan et Fillydelphia. Franchement, poneys, si vous passez par là, faites-le avec une solide escorte. Et sinon, n'y allez pas. C'était le conseil de survie de DJ Pon3. Revenez pour d'autres conseils dans cette série, incluant 'les Grenades se bouffent pas' et 'les pillards veulent pas être copain'. Mais d'abord, c'est Sweetie Belle qui chante, 'Les jours sombres sont passés'..."
Je me remettais debout. "C'est la bonne, les poneys !"
De retour aux contrôles, je passai quelques morceaux de chant dans le sort de reconnaissance vocale, notant mentalement d'enregistrer le chant si je devais me perdre dans une Étable une troisième fois.
Je suivis avec des extraits de deux enregistrements :
"Le code d'ouverture de la porte de l'Étable Deux est... CMC3BFF."
"Salut ! Mon nom est Scootaloo. Vous me connaissez sûrement (puisque je suis célèbre) pour mes géniales performances aux événements comme le GALLoPS de l'année passée, ou comme fondatrice du Red Racer..."
Dans un sifflement pusisant et un grincement draconique, la porte de l'Étable Vingt-neuf s'ouvrit.
Je me tournai pour trouver Velvet Remedy me dépassant pour faire face à la porte. La jument magnifique avait revêtu sa superbe robe et refait sa crinière. Je jetai un regard à Calamity, qui haussa les épaules. "Euh... Velvet ?" La robe cachait le gros de ses bandages.
"Nous rencontrons les poneys d'une autre Étable pour la première fois. Nous voulons montrer sabot blanc," elle annonça richement. "Surtout s'ils n'ont jamais eu de visiteurs jusqu'ici. Nous voulons être diplomates," son regard passa sur moi sans tourner la tête. "Si vous vous entrez les premiers, nous auront l'air d'envahisseurs."
La vaste porte de métal s'écarta enfin et Velvet Remedy entra dans l'Étable Vingt-neuf royalement et sans hésiter. Calamity boita à moi comme je la garderai y disparaître. "Elle est pas mal, hein."
"Oui..." je dis, me sentant secouée. Je regardai Calamity qui regardait par la porte vers Velvet. "... elle..." J'eus un contre-coup. Calamity ne regardait pas Velvet Remedy, il la regardait. Quelque chose dérailla dans ma tête. "... non !"
Non, ce n'était pas... non.
"Non ?" Il demanda, surpris, ses yeux ne quittant pas ses hanches.
Je balbutiai en me remettant. "Non, pas non. Je... oui. Oui elle l'est. Elle est..." à moi.
Bon sang !
***         ***     ***

Ce n'était pas juste.
J'aimais Velvet Remedy. Depuis bien avant que Calamity la rencontre. Oui, oui je n'avais pas la moindre chance avec elle. C'était... elle ! Et j'étais juste... moi. Et je savais comment les granges s'ouvraient.
Mais... argh.
Je saisis l'image d'un Calamity charmant Velvet Remedy là où j'avais échoué et la projetai dans un puits sans fond. Puis je bouchai ce trou. Puis je bâtissai une cabane au-dessus et m'y installai.
Je me concentrai à la place sur l'intérieur propre mais sinistre de l'Étable Vingt-neuf. Au premier regard, tout semblait parfaitement préservé. Un sursaut de Velvet Remedy brisa cette illusion.
Velvet reculait face aux restes d'un squelette se tenant par-dessus une partie du mécanisme de porte, la colonne à mi-hauteur pulvérisée.
Velvet vacilla, semblant prête de s'évanouir. Je grimaçai, regardant Calamity qui se précipita pour la tenir. C'était un très mauvais départ.
Deux portes de métal nous offraient deux options : la maintenance ou l'atrium. Mon Étincelle de Front d'Oeil était vide. De fait, il était vide de tout à part de mes deux compagnons. Il n'y avait pas de vie dans cette Étable. Du moins, pas à portée de mon sort PipBuck. L'Étable était purement silencieuse, sauf pour l'éternel murmure sifflant des lumières et le grondement paisible des générateurs.
"C'lieu est une tombe," affirma Calamity.
La maintenance nous mènerait directement à la stalle des PipBucks. Mais l'atrium nous mènerait à la clinique, et nous avions désespérément besoin de médicaments. Dans le cas où quelque chose se tapirait dans l'Étable Vingt-neuf, il nous en fallait avant de s'y promener. Je testai ma logique sur Velvet Remedy et Calamity, qui approuvèrent, Calamity gémissant au sabot de sa patte blessée frôlant le sol.
Je m'avançai et la porte de l'atrium glissa. Entrant, mes yeux tombèrent aussitôt sur les squelettes d'au moins trois dizaines de poneys. Ils étaient épars dans la pièce, mais la plus grande concentration était droit à mes sabots. Je dus utiliser ma télékinésie pour créer un passage à travers les poneys "assez chanceux" pour avoir atteint l'Étable avant que le mégasort ne détruise Manehattan. Je sentis la colère mordre ma nuque. Et me répétais que ce n'était pas mon Étable.
Il y avait plein d'autres débris dans l'atrium aussi. Des bouteilles de bière et de whisky, de scotch et de vin, la plupart vides et beaucoup brisées. Les robes et les costumes étaient graisseux d'usure. Tout au fond, un système sonore était taillé par des balles.
"Tu penses qu'ils... ?" la voix de Velvet se perdit. Elle regardait derrière nous, juste au-dessus de la porte que nous avions traversée. Deux tourelles automatiques étaient montées au mur. Elles fonctionnaient, mais ne semblaient pas nous traquer. Mon E.F.O. n'y voyait pas une menace. La pièce suggérait que ça n'avait pas toujours été le cas.
Je regardai vers la fenêtre circulaire de la Superviseure, mais il n'y en avait pas. Le mur était plein et vide là où la fenêtre aurait dû être. L'escalier qui aurait dû mener au centre de sécurité et à l'office de la Superviseure était là, mais simplement marqué : Sécurité.
Je me trouvai agacée sans raison par le changement de structure de l'Étable. Encore.
Derrière moi, j'entendis Calamity souffler à Velvet, "Elle a d'jà eu d'mauvais moments dans une Étable." Quoi, c'était si évident ? "Vaut mieux garder un oeil sur elle."
Oh génial. Maintenant ils allaient jouer les parents. Argh. "D'accord, il ne semble pas y avoir de danger. On devrait se séparer pour gagner du temps. Velvet, tu pourrais piller la clinique." C'était sûr. Je pouvais voir la clinique depuis la fenêtre de l'atrium. "Calamity et moi irons en maintenance."
Velvet Remedy refusa, "Non, Calamity va rester avec moi."
Je faillis abattre mon sabot.
Velvet Remedy continua simplement, "Je veux soigner cette patte au plus tôt. Je peux user de ma magie pour soigner l'os quand il sera en place."
Bien, je grognais mentalement. Puis, aussi plaisamment que possible, "Bien sûr. Pas de problème. Je n'ai pas besoin d'aide pour trouver une stalle de Technicien PipBuck de toute façon." Cela en assumant que le reste des lieux ne soit pas sens dessus-dessous. "Je serai revenue avant que vous n'ayez fini."
Je me mis à trotter vers la porte. Velvet Remedy m'arrêta d'une voix douce. "LittlePip ? Tu vas bien ?"
J'agitai un sabot. "Oh oui. Je... me sens juste un peu fatiguée. La perte de sang, tout ça." J'offris un bon sourire. Elle sembla vouloir me convaincre. "D'accord, je suis un peu surprise. Mais contente. C'est une bonne chose que mes deux amis s'entendent."
Calamity toussa. "Hein, quoi ?" Il ricana, "C't'une petite idole élitiste et ben-pensante qui préfère soigner nos enn'mis qu'leur tirer d'ssus."
Velvet Remedy se renfrogna sur lui. "Et c'est un rustre impulsif qui pense qu'il peut réparer les terres brûlées en les plongeant dans le sang."
Par les Déesses, est-ce qu'ils pouvaient se révéler encore plus !
Je partis avant de crier.
***         ***     ***

Je passai le reste de ma trotte vers la maintenance de l'Étable à me rappeler que c'était une bonne chose que mes amis s'entendent, mais j'étais si jalouse alors que je n'avais aucune chance de toute manière, et que si je voulais conserver ces amis, je devrais enterrer mes sentiments dans ce même puits.
Je me demandais depuis combien de temps ça durait. C'était nouveau ? Il y avait eu des signes que j'avais été trop sotte pour manquer ? Ou bien je n'avais jamais voulu les attraper ?
L'idée de "les attraper" m'amena une image indésirable de Velvet et Calamity à l'esprit que je me dépêchai de déchirer et de brûler. Ce serait difficile.
Vous savez ce qui rendrait facile d'être heureuse pour eux ? Un petit poney dans ma tête agitait une boîte devant moi. Saleté de petit poney. Je voulais subir juste un peu plus longtemps.
Une petite lumière apparut sur mon compas E.F.O. Ce n'était pas hostile. L'un d'eux m'avait suivi en bas ? Si oui, qu'est-ce qu'ils faisaient devant moi ?"
L'instant d'après, un robot de maintenance flotta hors d'une des stalles, ses multiples membres s'exténuant comme il nettoyait le mur. Plus étonnant que les lieux aient été si propres. Je fus ennuyée en pensant que nous n'avions pas de robot lave-mur à la maintenance de l'Étable Deux. J'avais dû laver les murs de ma stalle avec les sabots.
Le robot se mit à laver dans ma direction. Je décider de lui laisser le passage en passant dans la stalle du Technicien Robotique. La pièce était pleine de robots de maintenance dans des états variés d'entretien. Il y avait assez d'outil ici pour améliorer les plans d'atelier de Calamity. Je me mis à piller.
L'office du Technicien Robotique avait été brûlée. Je trouvai les squelettes de deux poneys aux côtés d'un robot médical partiellement démonté. Vu les choses, un poney avait fait une erreur fatale en travaillant dessus, causant le déclenchement sauvage du lance-flammes sanitaire.
Le robot de maintenance passa dans le hall.
À l'arrière de l'office brûlée se trouvait un coffre, la peinture du mur autour gonflée et pelée. Le coffre lui-même n'avait pas craint les flammes. Je tirai mon tourvenir et une pince à crin, pour découvrir que le coffre n'était pas verrouillée. Déjà de mauvaise humeur, je me sentis jouée.
Dedans se trouvait une flasque de whisky aux pommes, une bourse de Gouttes de Miel (Gourmet à l'Ancienne) de deux siècles, une boîte de Menth-out (hélas normale), de nombreux registres de maintenances et un enregistrement. Laissant les registres, je téléchargeai les enregistrements sur mon PipBuck et me mis à écouter.
"C'est Mender, rapport sur le progrès de diagnostics pour le robot utilitaire des Cannikins. Resté toute la nuit à tester son programme ; voulais avoir le rapport prêt pour les funérailles.
"De ce que je vois, on dirait que le robot a souffert d'un défaut en recevant une mise à jour dans ses sous-routines de Gadg-Étable. C'est la seule explication que j'ai pour qu'il ait donné à Cannikin une coupe de solvant industriel brûlant plutôt qu'un café.
"Tous ces poneys qui murmurent que le vieux Cannikin allait se tuer à force de boire doivent s'étouffer à présent. Sinon, ils devraient. J'ai vu le pauvre gars avant qu'ils ne l'incinèrent -- sa bouche et sa gorge étaient dévorés. J'ai eu des cauchemars pendant des jours.
"J'ai prévu de parler à Shadowhorn aujourd'hui ; je veux que tous les domestiques soient éteints pour qu'on puisse les vérifier tous. Bien sûr, ça va être beaucoup de travail, et de temps.
"Je sais que c'est discutable que j'utilise la mort de Cannikin pour mes propres buts, mais c'est juste un autre exemple de la nécessité d'une autorité dans l'Étable. Comment les poneys de Gadg-Étable peuvent espérer gouverner l'Étable s'ils ne sont pas là, à voir ce qui se passe ?"
C'était inattendu. Et sinistre. J'essayai de rejeter l'image mentale de Cannikin de mon esprit, revenant plutôt sur l'idée d'une Étable sans Superviseure du tout. Une Étable dirigée de loin par Gadg-Étable.
***         ***     ***

La stalle du Technicien PipBuck était juste là où elle devait être. J'étais surprise, soulagée, et un peu ennuyée de devoir le ressentir.
La clé maîtresse de matrice de sort du Technicien était dans un casier avec des dizaines d'autres outils de précision enchantés auxquels des apprentis comme moi ne devions pas avoir accès. Je tirais mon tournevis et une pince à crin une fois encore.
Quelques minutes après, mon caparaçon de service cuirassé était plein de tout ce dont je pouvais me servir pour la réparation avancée d'un PipBuck. Et, au moins en théorie, tout le nécessaire pour rétablir le flux d'énergie magique de la cuirasse de SteelHooves. Et juste au cas où, j'amassai de nombreuses batteries à étincelles et un petit circuit conducteur de champ magique.
L'office du Technicien de cette Étable manquait d'un hamac qui avait si souvent porté mon professeur du temps de l'Étable Deux. Je secouai la tête, jetant à la stalle un dernier regard avant de partir rejoindre mes amis. Je notai un journal audio parmi les objets épars sur le bureau du Technicien.
S'assir ici et lancer le journal ? Ou trotter et trouver Velvet Remedy et Calamity. Ensemble. Si possible ne s'embrassant pas. D'accord, va pour le journal.
"Shadowhorn nous a appelés ce matin. Nous avons presque eu un désastre majeur hier. Cet idiot de Buckbright a fait un fusil à billes pour son poulain, puis a emmené son enfant au niveau du réacteur pour du tir. Il pensait à quoi ? L'enfant a manqué un radcafard et taillé un petit trou dans le système environnemental. Il a réussi à couper le talisman d'eau. Heureusement, ça fonctionne, mais à un centimètre l'Étable entière aurait eu de sacrés problèmes.
"En tant que directeur de maintenance, Shadowhorn a posé une nouvelle série de protocoles. Ils ne sont pas officiels tant qu'elle n'a pas pu les faire approvuer par Gadg-Étable, mais on va les suivre quand même. Si Gadg-Étable n'aime pas qu'un poney donne les ordres pour eux, ils peuvent trotter ici eux-mêmes et nous le dire en face."
***         ***     ***

Velvet Remedy poussa trois bocaux de potions de soins supérieures vers moi. "Bois-les. Tu seras en parfaite santé dans dix minutes."
J'étais choquée. "On ne devrait pas les prendre ? Les rationner ?"
Velvet Remedy scoua la tête. Elle semblait en bien meilleure santé. Elle avait retiré sa robe et ses bandages ; sa peau était parfaite, sa robe immaculée et saine. Elle avait deux sacs passés aux hanches, avec du matériel chirurgical dont un tube allant jusque derrière son épaule gauche. "Inutile. J'en ai déjà réservé des dizaine d'autres pour nos voyages, et plein de bandages, des attelles, des poches de sang et plus. Pour la première fois, nous croulons sous les soins. Je dirais que cette clinique était un cadeau des Déesses, mais je sais à quoi m'en tenir."
Je sourcillais en amenant la première potion à mes lèvres. Velvet Remedy me passa un autre audio. "J'ai trouvé ça en... réquisitionnant les réserves." J'eus un sourire à son refus d'appeler ça du pillage.
Je buvais deux autres potions supérieures et glissai la troisième dans mes sacoches. La mémoire de Velvet, sa peau taillée et pleine de sang, avait ressurgi dans mon esprit. Je pouvais accepter n'être que moyennement guérie si ça signifiait avoir l'une de ces potions dans les cas d'urgence.
Calamity semblait aussi bien mieux portant. Il se plaignait du sort de soin de Velvet Remedy, l'attelle n'étant plus utile, mais elle insistait pour qu'il la conserve encore un jour.
Je passai dans la clinique, en quête d'un lieu où m'asseoir et écouter l'enregistrement. Je me renfrognais, m'attendant à de mauvaises choses. Les enregistrement portaient rarement de bonnes nouvelles dans les Terres Brûlées d'Equestria. Surtout, il semblait, dans les Étables.
Je trouvai un laboratoire d'alchimie dans le fond. Un instant, mes pensées sur l'audio fuirent mon esprit. Regardant les drogues et les réserves, je réalisai qu'avec tout ce que j'avais déjà, je pouvais me préparer mes propres Menth-out de Fête ! Et avec cette opportunité, je ne pouvais pas résister. J'aurais été stupide autrement.
En me mettant au travail, je me rappelai pourquoi j'étais venue ici. Je laissai jouer l'enregistrement tout en réduisant le bon vieux Menth-out en poudre fine.
"Oh..."
La voix était si pleine de désespoir pur que je coupai vite l'audio. Je ne voulais pas l'entendre. Je me concentrai sur ma cuisine pour de longues minutes, l'enregistrement restant là sur le comptoir son regard torve sur moi. Enfin, sur un coup de tête, je le relançai.
"Comment cela a pu arriver ?!
"Le docteur et moi étions juste sortis pour quelques minutes. Quand nous sommes entrés, la clinique s'était verrouillée et le système d'incendie s'était activé, noyant la clinique entière avec... avec...
"Il nous a fallu plus d'une heure pour la rouvrir. Nous avons voulu briser la vitre, mais c'est blindé. Pourquoi blinder la vitre ? Tous les poneys dedans s'étaient asphyxiés. Lemongrass était juste venue ici pour retirer ses sutures. Elle planifiait la fête de beauté de sa fille ce soir, et m'avait parlé du type de gâteau qu'elle prendrait des distributeurs. Le jeune poulain d'Orange était encore dans la nurserie ! Oh diable ! Je ne pense pas qu'un poney leur a déjà dit ! ..."
Je le coupai encore. Mon coeur était serré sans fin. Une part de moi voulait pleurer. Une part voulait crier contre quelque chose. Mais il n'y avait rien d'évident contre quoi se fâcher. Alors je m'attaquai au robinet, tapant mes sabots contre pour refuser de me donner de l'eau. C'était stupide, mais je me sentis bien. Enfin (après avoir mis de l'eau de ma gourde), je finissai de mixer la concoction et la fis cuire.
Le son de coups de feu détourna mon attention. Tout ce qui concernait journaux, Menth-out et chimie s'évapora au cri de Velvet Remedy. Mes amis avaient des problèmes !
Comme je me tournais, deux signaux rouges s'affichèrent sur mon compas E.F.O. Les tourelles étaient hostiles. Me précipitant dans le centre de la clinique, je vis Calamity et Velvet à couvert derrière un banc médical retourné comme les deux tourelles dehors (au-dessus de la porte désormais fermée) tailladaient les vitres. Des marques de craquelures étoilées en couvraient chaque centimètre, le verre blindé près de céder.
Tirant Little Macintosh, je me positionnai où je serai capable de viser les deux à l'instant où la vitre tomberait. Je n'étais pas à couvert, mais si j'étais assez rapide et chanceuse, je n'en aurais pas besoin.
La fenêtre se brisa dans une cascade d'éclats. Je sentis la première balle frapper ma poitrine, sans passer l'armure, comme je me préparais pour le S.V.A.G. et visai chaque tourelle deux fois. Une seconde balle traversa ma patte entre le PipBuck et mon coude comme je tirai le premier coup. Et le second.
Deux aboiements.
La première tourelle explosa. La seconde détourna sa pluie de balles de Calamity et Velvet Remedy pour la porte sur moi.
Deux de plus.
Une dernière balle frappa mon flanc, ricochant sur le manche de mon fusil de combat dans un craquement, comme la seconde tourelle explosait.
Je m'effondrai, réalisant soudain que j'étais une fois de plus à l'agonie. Mais cette fois je ne m'inquiétai plus du tout. J'avais Calamity et Velvet Remedy juste à côté, et nous étions dans la clinique. Si je devais être touchée, je ne voyais pas de meilleur moment.
Mais aussitôt que je touchais le sol, je me battis pour me redresser, ignorant les blessures. Boitant, saignant terriblement, je tentai de retourner au laboratoire de chimi. Je devais m'assurer que mon Menth-out de fête ne brûlerait pas. Mes amis à l'abri, mon esprit se fixa sur ce qui était devenu une priorité secondaire mais vitale.
***         ***     ***

La porte de l'atrium s'était fermée et verrouillée. Nous étions enfermés.
C'était plus une aggravation qu'un véritable problème. Je savais que je pourrais ouvrir toutes les portes des lieux de la station de sécurité. Mais l'atteindre signifiait passer plein d'autres postes où les systèmes de sécurité soudainement portés à la détente nous attaqueraient.
Je regadai mes compagnons. À ce stade je commençais à nous voir comme des vétérans des terres dévastées (du moins Calamity et moins). Je n'étais pas dehors depuis longtemps, mais le temps avait été celui d'une forge sans fin. Quelques tourelles n'arrêteraient pas des tueurs de dragon.
Je me remis vite en cause. Ce genre d'idée était dangereux. La dernière chose dont j'avais besoin était de croire aux fadaises de la radio.
Velvet Remedy me regardait tristement. Je pense que j'avais été assez rapide, mais je devinais qu'elle suspectais ce que j'avais fait au laboratoire. Elle ne m'avait pas quittée des yeux depuis, et le regard de reproche brûlait mon âme.
Calamity regardait quelque chose sur le mur. Au départ, je présumais que c'était une autre affiche d'avnat-guerre -- il l'étudiait avec la même intensité que Velvet Remedy réservait d'habitude à tout ce qui concernait le Ministère de la Paix. Mais en m'approchant, boîtant encore un peu en attendant que ma patte guérisse, je vis que c'était une carte de l'Étable. Mes yeux suivirent le passage des escaliers à la station de sécurité. L'armurerie était là-haut, ainsi qu'une série de chambres qu'une bonne Étable aurait dédié à la Superviseure et sa famille. ici, c'était déclaré chambres VIP. Il y avait un large espace sans rien du tout où l'office de la Superviseure aurait dû être.
Mes sourcils se froncèrent. "Je déteste vraiment ces Étables."
Velvet Remedy regadait les squelettes, tout en me gardant dans son champ de vision. "Est-ce que... est-ce que celui que vous avez trouvé était si horrible ?"
"Pire" piaffa Calamity.
Nous passion vers les escaliers, nous arrêtant à un tableau couvert de notices usuelles. Je me reculai ; un poney avait écrit "Arrêtez de nous tuer !" sur le tableau dans ce qui semblait du sang.
"Oh non," murmura Velvet. À ma surprise, elle tira magiquement une des notices du tableau, le faisant flotter plus près. La notice avait été entre l'émission de nouvelles règles de sécurité et l'annonce de deux pouliches manquantes dont les sourires avaient fixé les corps de l'atrium des siècles durant. Le bas du "n" était peint sur la feuille que Velvet avait prise. Je passai du tableau à elle, me demandant comment par la crinière de Luna elle pouvait trouver quoi que ce soit dans ce vaste étalage de supplique écrit par un poney avec ses propres fluides.
Velvet Remedy tourna l'annonce poru que Calamity et moi puissions lire.
Fête de Survie du Troisième Mois !
Ce soir à l'Atrium !
De 10 heures à 16 heures
Venue de Vinyl Scratch à l'Étable 29
(alcool fourni après douze heures)
Calamity siffla, releva son chapeau. "Vinyl Scratch. L'premier DJ Pon3... d'après certains. Alors, elle a survécu au feu f'neste d'Manehattan après tout."
Je jetai un regard à Calamity qui suggéra de revisiter sa définition de "survivre".
Je détestais vraiment ces Étables.
***         ***     ***

Entre la discrétion et Little Macintosh, les autres tourelles se révélèrent bénignes. Je rechargeais comme nous poussions vers la station. Je m'assis pour pirater le terminal, tentant d'être respectueuse en retirant le squelette du poney pour le déposer dans un coin près des autres. Velvet Remedy avait commencé à dire des prières pour eux.
Calamity trotta à l'armurerie dans le vain espoir de pouvoir l'ouvrir sans moi. Découvrant qu'il ne pouvait pas, il revint l'air déçu. J'attendis qu'il s'éloigne avant d'ouvrir la porte à distance depuis le terminal. Il bondit, puis me lança un sourire et disparut dedans. Une faible mais aimable revanche ; je sentais toujours les carottes.
Je revenais à la masse des entrées de sécurités. Évasivement, je les passais en revue.
Entrée 67 :
C'est fou !
Plus de la moitié des gens sont morts. Au départ, on pensait que ce n'étaient que des accidents, mais c'est désormais clairement hostile. Comme si l'Étable était contre nous ! Hier, l'école s'est verrouillée et du plasma a été ventilé dans la pièce. Vingt-trois poulains et pouliches tués horriblement, leurs corps littéralement fondus ! On pouvait entendre leurs cris ! Mon neveu était dans la classe. Il avait juste obtenu sa marque ; il allait devenir un artiste !
Ma sœur ne peut s'arrêter de pleurer. Elle s'est enfermée dans notre chambre avec toutes les photos qu'elle a de lui. Un poney doit être responsable. Un poney doit payer !
Je me trouvai tremblante, et pas de douleur. J'ordonnai au terminal de sécurité de jouer une entrée plus ancienne.
Entrée 43 :
Shadowhorn est morte la nuit passée des complications après avoir été électrocutée hier matin en tentant d'accéder à une jonction derrière un panneau de sécurité avec son PipBuck. Cela, tout juste après que Buckbright et son fils soient tués dans l'accident de l'ascenseur ! Cette Étable est un piège.
J'en ouvrai une autre.
Entrée 72 :
C'est Gadg-Étable. C'est forcément eux ! Ces salauds de Gadg-Étable nous ont enfermés dans ce fichu labyrinthe mortel et nous massacrent. Même plus un par un. Ils nous crèvent par groupes !
Quel genre de sadique peut faire ça ? Ils ont tué des petits !
Ils ne réalisent pas qu'on est la seule chance pour l'équinité ? Ces Étables sont supposées nous sauver ! Quelle sorte de malade ensellé joue à tuer avec les derniers survivants de sa propre espèce ?
On ne peut même pas les atteindre. Tout est fait à distance.
Je lançai le suivant en ignorant Velvet Remedy qui me priait d'arrêter.
Entrée 73 :
Ah. Ah. Ironique, pas vrai ? Je me suis rendu compte qu'on ne sait pas si les mégasorts sont vraiment tombés. On croit que le monde du dessus a été détruit parce que Gadg-Étable nous l'a dit. Mais si ce n'était pas le cas ? Tout Equestria peut être en train de vivre sa vie juste sur nos têtes pendant qu'on crie et pleure et meurt ici dans ce divertissement pour dépravé, pour ces poneys sans âme de Gadg-Étable.
C'est la seule chose qui fait sens dans cette horreur.
J'allais en ouvrir une autre quand Velvet Remedy me poussa loin du terminal.
"Quoi !?" Je criai de pure rage, mon corps tremblant si fort que je le sentais près d'exploser.
"LittlePip," elle dit, et je réalisais que je pleurais, "Tu dois arrêter."
***         ***     ***

Calamity et Velvet Remedy m'envoyèrent verifier les deux dernières pieces, VIP, pendant qu'ils éteignaient les systèmes et ouvraient les portes. C'était bien. Ils voulaient me laisser reprendre mon soufflé. Me calmer. Je voulais trouver un lieu loin d'eux et quelque chose à pulvériser.
Je voyais rouge comme jamais, et je ne pouvais même pas attaquer la source de ma colère parce qu'lis étaient tous morts. Depuis des siècles. Mon corps ne pouvait plus s'arrêter de trembler.
La première pièce avait une bannière brillante : Vinyl Scratch. C'était donc sa chambre. Du DJ Pon3 original. J'avançais et la porte s'ouvrit.
La pièce était restée intouchée depuis la fête, trios mois après que la porte de l'Étable Vingt-neuf se soit fermée, piégeant tout le monde dedans.
Je m'y promenais, observant. Des tas de disques. Des consoles de son. Du matériel d'enregistrement. Un petit lieu riche où manger et dormir. Un bain personnel.
J'aurais pu enrager ici. Les disques se seraient brisés avec joie sous mes sabots. Mais je ne pouvais pas. Détruire ce qui avait été adore par les poneys vivant ici (si brièvement) ne permettait pas de se défouler contre les vils poneys qui avaient créé ces lieux ; au contraire, ce serait dans la continuité de leur oeuvre. Aussi je prenais les disques, les glissais dans mes sacoches. Quand je reviendrais vers les autres, je laisserais Velvet Remedy les placer dans ses caisses médicales où ils seraient à l'abri des balles. Je me rappelais toujours de cette pomme.
Il y avait un coffre. J'hésitais. Quelque part, je trouvais étrange d'ouvrir le coffre d'une célébrité, même morte depuis longtemps. Mais après inspiration, je sortais mes outils et me mis au travail. Dedans, je trouvais un jouet de vieil enfant, de nombreuses photos et quelques affiches. Et une caisse qui semblait avoir été sauvée des flammes. Dedans se trouvaient quatre orbes. L'une saisit mon attention: la dernière fête de Pinkie Pie. Je la pris, la mis dans mes sacoches et passais à la prochaine pièce.
La pancarte au-dessus de la porte annonçait : Shadowhorn.
La jument en charge de maintenance était une VIP de l'Étable ? Même au coeur de ma furie à peine continue contre Gadg-Étable, ma rage contre eux ne pouvant être décrite, une part de moi trouva cela étrange.
La porte s'ouvrit et j'entrais. La pièce était plus défaite. Il y avait des morceaux de métal partout. Des projets inachevés sur la table. Des schémas de systèmes d'Étable plaqués au mur. L'un d'eux avait été déchiré pour reveller un coffer. Une fois de plus, je m'acharnais. Le coffer ouvert révéla un autre enregistrement. Celui-ci sembla frappant de similarité à celui que je trouvais dans l'office du Superviseur.
Je devais l'entendre. Mais une part de moi hurla de n'en rien faire. Je n'écoutais pas. À la place, je jouais le message, et une autre voix familière reprit vie dans la tombe de l'Étable Vingt-neuf. La voix semblait déterminée mais fatiguée et pleine de tristesse. Elle semblait lire un texte qu'elle avait appris à haïr.
"Bonjour, Shadowhorn ! Ce qui suit est pour vous seul. Je vous parle parce que vous avez été sélectionné pour un travail important, dû à votre sens de loyauté et de devoir tant pour cette compagnie que pour les poneys autour de vous.
"Mon nom est Scootaloo. Vous me connaissez sans doute... oh, on s'en fiche. J'en ai marre de tout ça...
"... réessayons...
"Bonjour, mon nom est Scootaloo, et je suis la vice-présidente de Gadg-Étable. Si vous entendez ça, cela signifie que le Protocole de Menace Omega a été déclenché et que les citoyens d'Equestria choisis pour l'Étable Vingt-neuf sont en sécurité dans l'un des chefs-d'œuvre d'installation de survie à l'apocalypse jamais créés.
"Je suis vraiment désolée. J'aurais souhaité qu'on puisse faire plus.
"Hay, j'aurais souhaité que tout ça ait pu être évité...
"... Mais à la place, c'est à nous de sauver ce qu'on peut, et d'éviter que cela se reproduise jamais. Dans ce but, votre Étable a été sélectionnée pour participer à un projet social vital. Le premier but de l'Étable Vingt-neuf, comme tous les autres, est de sauver les vies des poneys dedans. Mais...
"... mais il y a une plus grande cause à votre Étable, au-delà de sauver des vies individuelles. Nous à Gadg-Étable comprenons qu'il ne sert à rien à l'équinité de nous sauver seulement pour nous annihiler ensuite. On doit trouver ce qui s'est passé. On doit trouver un meilleur moyen. Et on doit être prêt à l'implémenter aussitôt que les portes des Étables s'ouvriront. Et survivre à ce que nos dirigeants actuels auront fait d'Equestria...
"... bon sang. Comment avons-nous pu en arriver là ? Bon sang, bon sang, bon sang !...
"On... je suppose qu'on en est là... sans doute... parce qu'on est des poneys. On fait de notre mieux. On a les meilleures intentions. Mais quand ça tourne mal, on est éperdus. Ou fâchés. Ou furieux. Notre capacité à réfléchir est affaiblie quand on en a le plus besoin.
"Les mauvaises décisions, sur l'émotion... elles nous ont emmenées dans une guerre qu'aucun poney ne voulait. Elles nous ont menées au bord de l'extinction... et si vous écoutez ça...
"... au-delà.
"... jusqu'en enfer. Envoyez-nous en enfer.
"...
"Désolée. Je déteste tout ça. Je voudrais que le monde soit comme il était quand j'étais petite. Mais les vœux ne sont que des vœux.
"... bon sang, je n'arrive pas à le faire sans dériver constamment. Je suis sûre que vous vous demandez, plus que tout, ce que ça a à voir avec vous ? Pourquoi je vous dit ça ? Pas d'inquiétude, il y a une raison ; ce n'est pas juste les plaintes d'un poney de Gadg-Étable qui est... déjà morte... !?
"...
"Votre Étable a un concept d'exception. Malgré les documents officiels, cette Étable n'a aucune connection avec Gadg-Étable. Au contraire, nous avons remplacé la position de la Superviseure par un ordinateur de classe Crusader dans l'Étable Vingt-neuf.
"Le classe Crusader est le superordinateur le plus avancé jamais créé par l'équinité, utilisant les plus grandes avancées de technologies arcaniques. Le Crusader est capable de pensée indépendante, de créativité et d'apprentissage. Il n'y en a que trois, et deux autres servent actuellement au Ministère des Sciences Arcaniques et au Ministère du Super.
"Le but de cette expérience sociale est de retirer toute émotion de poney de l'équation. De voir si nous pouvons faire mieux avec un système gouvernemental logique qui ne subirait pas nos propres lacunes.
"Comme toujours, au cas où les choses se passent mal, il y a une sécurité. Vous êtes cette sécurité. Fourni avec cet enregistrement, vous avez les codes pour éteindre le Crusader en cas d'urgence. Le faire va également éteindre les systèmes automatiques, alors il ne faudra le faire qu'en cas de vie ou de mort pour la population de l'Étable. Il y a une jonction d'accès entre la station de sécurité et les pièces VIP par où accéder à l'écrin du Crusader.
"En dernier recours, la programmation du Crusader peut être entièrement réécrite via un transfert magique de cerveau poney dans l'écrin lui-même. Cela permettrait de devenir le Crusader et de prendre le contrôle des systèmes vous-même. Cependant, il n'est pas testé et l'effet sur le poney menant le transfert n'est pas connu, donc je le déconseille vivement.
"Dans les autres circonstances, cependant, il est crucial que vous mainteniez le secret, selon les directives reçues.
"Merci. De nous tous. De tout Equestria. Bonne chance, et que les poneys de l'Étable Vingt-neuf vivent longtemps et heureux."
***         ***     ***

Trouver la jonction d'accès fut aisé. Je rejouai le message encore, cette fois dans mon oreillette. Ça n'avait aucun sens. Mais ça avait le bénéfice singulier de n'être pas trop maléfique. Je devais savoir.
Tirant le panneau de sécurité, je trouvai des foules de câbles. Et dedans, un petit boîtier jaune orange avec une partie noircie. Je compris que le dernier poney à le tenter avait bien été électrocutée. Fixer mon propre PipBuck dans cette jonction pouvait être léthal. Mais j'avais une autre option.
Je tirai le PipBuck de Velvet Remedy pour la première fois depuis qu'elle me l'avait laissé. C'était une beauté, mais je réalisai qu'elle l'appréciait bien moins. Le tenant par la seule lévitation, j'enclenchai son PipBuck personnalisé dans la jonction.
Quelques minutes après, je regardai le flot de données. Une ligne frappa mon regard :
>Erreur détectée:
>Talisman d'Eau fonctionnant à 98% de capacité
>Analyse des dommages
>Chances de restaurer le Talisman d'Eau à plein potentiel: 0%
>Analyse des options
>Niveau de radiation de surface à 1300% au-dessus du niveau de survie
>Préservation de vie poney demandant rationnement d'eau et réduction de population de 0.02%
>Initialisation du rationnement d'eau
>Analyse de population pour 0.02% de réduction
>Initialisation de réduction de population
Mes forces me quittèrent. Je regardai ce que je lisais et ma rage fondait en un froid désespoir. Il y avait bien plus de ce genre de données. Durant un trimestre, le talisman d'eau endommagé avait continué de se détériorer, et à chaque niveau de dégradation le Crusader dirigeant l'Étable Vingt-neuf avait réduit la population dans une tentative froide et calculée de préserver la "vie poney" dans l'Étable.
Après trois mois, le talisman d'eau prenait fin. Le Crusader agit en accord. Pour préserver la vie poney.
***         ***     ***

Je jetai ce qui restait d'une bouteille de whisky aux pommes dans ma gorge, jouis de la brûlure. La rage avait été drainée, remplacée par un froid bien pire.
Je décidai d'échapper à ce lieu horrible avec l'orbe de mémoire, au moins pour un temps. La plaçant doucement, je focalisais ma magie dessus.
Instantanément, je fus dépassée par les flashs brillants, par un rugissement horrible et une nausée aux tripes. L'orbe de mémoire s'était usée, et j'étais enfermée dans un cauchemar de sensations et de vertiges. Je tentai de m'échapper, mais il n'y avait pas de sortie.
Puis le monde reprit forme. Mais ce n'était pas mon monde. J'étais certaine d'avoir vomi sur moi, mais ce n'était pas moi, alors difficile à dire.
<-=======ooO Ooo=======->

Tout autour de moi jouait une vaste fête. Des lumières colorées, des décors festifs, et un rythme de danse qui se saisissait de votre âme et vous poussait à bouger. J'étais aux consoles, secouant ma tête au rythme. Et partout, des poneys. Des poneys dansant, mangeant, des poneys jouant aux coins et derrière les plantes des jeux qui auraient fait rougir et s'évanouir leurs parents.
Une pégase vieillissant bien, bleu clair et au crin arc-en-ciel voleta vers les consoles avec un battement de croupe et l'apparence éméchée.
"Super rythme, Vinyl Scratch !" elle sourit, "Ta musique a toujours fait les meilleures fêtes !" Elle portait son âge sans peine, et avait dû être une sacrée beauté dans sa jeunesse. Je voulais sa crinière !
Et wow, est-ce que Vinyl Scratch la guignait ? Elle faisait aller mon regard de haut en bas... Non, un moment, elle agitait juste la tête.
"Ouais," dit une poney orange familière avec un chapeau de cowgirl sur sa crinière jaune, et des rubans rouges à sa queue qui allaient avec sa marque de trois pommes. Elle était bien plus vieille que sa statuette ; elle semblait même plus vieille que dans l'article de journal, et l'âge avait été bien plus ingrat. Je me demandais si c'était plus dû au événements. "Fluttershy et Rarity vont pas aimer d'avoir loupé ça."
Son accent me rappela beaucoup celui de Calamity.
La terrestre orange alla nonchalante aux consoles de son, regardant la pégase bleue qui s'agitait encore en lui souriant. "T'es en état d'rentrer, Rainbow ?"
"Oh hay non !" la pégase arc-en-ciel tapota celle orange à l'épaule. "J'ai jamais quitté une fête de Pinkie Pie en état depuis... bien vingt-ans maintenant !"
Le poney orange lui donna du regard. "T'as pas essayé des... produits plus forts... pas vrai ?"
"Hay non," Rainbow tapa du sabot en se répétant. "Tu sais..." elle baissa la voix, qui était devenue très forte, "... je touche pas à ces choses." Elle plaça un sabot sur sa poitrine avec un peu de fierté. "Rainbow Dash n'a pas besoin de fortifiants !"
Le poney orange sembla soulagée. Je réalisai que je regardai la mystérieuse jument du Ministère du Super, celle dont la rébellion avait donné à Calamity son titre de Dashite. Je ne savais pas quoi penser ; mais je devais admettre qu'elle avait décidément la bonne crinière.
"J'ai entendu qu'ils avaient un truc appelé Dash !" dit Rainbow Dash sur ton de connivence. "Et Pinkie dit que ça me rendrait encore plus rapide." Elle prit la pose héroïque, sa voix pleine de bravade. "Bien sûr que je ne prends pas ça, AJ. Du Dash sur Dash ? Ce ne serait pas juste défier les lois d'Equestria. Ce serait défier les lois de la physique !"
Un étalon à robe vert pomme trotta vers elles et murmura quelque chose à l'oreille du poney orange (apparemment appelée AJ). Rainbow Dash les observa. "Alooors AJ, c'est qui le nouveau ?"
"T'as pas à l'demander comme ça," frémit AJ.
"Ah, si tu voulais de la compagnie," Rainbow Dash tapa le poney orange sur sa marque de beauté, "Tu pouvais juste me demander."
La terrestre fixa Rainbow Dash du regard. "Ma grange s'ouvre pas dans c'sens." Quelque chose s'éveilla en moi. "La tienne non plus." Puis mourut. "T'es saoule," ajouta le poney orange inutilement mais avec raison, s'écartant pour une jument verte dont le plateau était plein de petit gâteaux.
Rainbow Dash se contenta de rigoler. "Alors, tu m'introduis ton nouveau coup ou pas ?"
AJ roula des yeux avant de le présenter. "Lui c'est Sergeant 'SteelHooves' Applesnack. L'a servi avec Big Macintosh. Apples, chéri, c'est RAinbow Dash, c'te bonne vieille amie dont j'te prév'n... dont j'te parlais."
Pas possible.
"Pas possible !" Rainbow Dash fit écho à ma pensée. Puis se mit à les faire dérailler. "Tu t'es mis avec un gars appelé Applesnack ?" La pégase, qui s'était remise à voleter, tomba au sol, se roulant de rire.
La vieille terrestre orange leva les yeux au ciel. Sans prêter attention à sa compagne en rires, elle ricana, "T'blesses pas." Ailleurs dans la pièce, une dispute s'était déclenchée.
"Applejack et Applesnack !" Rainbow Dash voulut se lever, mais retomba dans son rire. "Oh ça fait carrément mal !"
Je pensais que son titre devait être une coïncidence. Je saurais à coup sûr à sa voix, mais pour l'instant il n'avait rien dit. Il regardait sa vieille copine avec un amusement gracieusement malicieux.
Mon regard fut arraché à ces deux-là quand Vinyl Scratch observa le balcon, où l'argument que j'avais à peine remarqué commençait à attirer l'attention de tous les poneys. Je reconnus immédiatement Pinkie Pie, bien que la licorne violette qui trottait déterminée loin d'elle ne m'était pas familière.
"Pas encore," dit Pinkie Pie en bondissant après elle. "Tu ne comptes pas me voir cuire un gâteau sans le goûter pour être sûre qu'il est bon quand même ?"
"Je m'en vais," dit l'autre. "Je n'aurais pas dû venir." On l'entendait à peine sur les clameurs de la fête.
La voix de Pinkie Pie cependant était nettement audible par-dessus l'intense musique rock. "Oh, ne soit pas comme ça, Twilight ! C'est une fê-ête ! Amuse-toi !"
La licorne garda son regard noir devant elle, l'ignorant jusqu'à ce que le poney tout bondissant tombe droit devant la licorne violette. "Amuse-toi ! Amuse-toi ! Amuse-toi ! Amuse-toi !" Elle chanta comme un mantra.
La licorne s'arrêta, une patte levée, et la fixa. Elle semblait lutter avec un besoin intérieur. Un instant, les événements auraient pu aller dans les deux sens. Mais elle tapa de son sabot au sol.
"Je ne m'amuse pas, Pinkie Pie," elle dit d'une voix menaçante et forte. "Et tu veux savoir un secret ? Toi. Non. Plus !"
Pinkie Pie eut un rire. "Bien sûr que je m'amuse ! Il y a du gâteau et des glaces et des gâteaux et la meilleure musique et des boissons et des saveurs et..."
"Et ça ?" La licorne fit flotter uen boîte d'une table proche. Je la reconnus instantanément.
"Oui ! Surtout ça !" Le poney rose s'illuminait presque. J'entendis Applejack grogner près de moi.
Twilight ouvrit la boîte. Puis la tourna, laissant couler un flot de Menth-out de Fête sur le sol. Certains passèrent par-dessus le balcon, certains par l'escalier. Le poney rose eut un sursaut et bondit après eux, les ramassant. Une part de moi voulut me joindre à elle, mais je n'étais que de passage.
"J'en ai assez de mentir pour toi," gronda Twilight avec force. "De te couvrir avec la princesse. Tous les poneys en ont assez. Et je ne le ferai plus."
Pinkie se releva avec un regard perçant comme elle ramassait ses Menth-out de Fête. "Tu n'avais pas à le faire, petite bornée-coincée-rime-avec-ée."
"Tu n'es plus une passionnée de fête, Pinkie ; tu n'es qu'une droguée. Comme la moitié des poneys ici." La licorne violette fixa le poney rose, relâchant une colère qui s'était nettement accumulée depuis longtemps. "J'en ai assez. Je veux mes vieilles amies. Je veux ma Pinkie Pie. Tu n'es pas elle. Mais si tu la trouves, dis-lui de m'appeler."
La chanson prit fin. Le rythme s'était tu. La pièce entière plongea dans le silence.
"Twi..."
"Non, plus de 'Twi'. Pas cette fois. Remets de l'ordre et amende-toi..." La licorne respira un bon coup en fermant les yeux sur ce qu'elle allait dire.
"... ou notre amitié est finie !"
Twilight se tourna et partit. Le poney rose sembla se dégonfler. Même sa crinière tomba raide.
Derrière moi, Applejack grogna encore. "Oh non, Twi."
Rainbow Dash, qui avait depuis longtemps cessé de rire, battit des ailes. "Elle a plutôt raison." Puis la pégase bleue se mit à voler vers la sortie. Elle parvint à sortir avant Twilight.
Twilight se tourna, sans regarder vraiment Pinkie Pie. D'une voix que je ne pensai pas atteindre le balcon, elle dit, "Si tu veux redevenir Pinkie Pie... vraiment... et tu veux de d'aide, tu sais où me trouver." Puis elle passa la porte dans ce qui semblait être la nuit à Manehattan. La porte se ferma derrière elle.
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Une pensée me frappa comme je sortais de la mémoire à la manière d'un coup à l'estomac. (J'avais, de fait, bien vomi sur moi-même.)
Reposant sur le mur, je me rassurais, "je ne suis pas tombée si bas..."
"Mais je dois être prudente avec toi," je dis au Menth-out de Fête dans mes sacoches. "Je ne dois pas laisser Calamity et Velvet Remedy penser que j'ai un problème avec toi. Je ne veux pas perdre mes amis parce qu'ils penseraient que je suis dépendante."

Note: Gain de niveau.
Nouveau trait: Peau dure (niveau un)  – L'expérience brutale des Terres Brûlées t'as endurcie. Tu gagnes +3 de résistance aux dommages à chaque niveau de ce trait.

Fallout equestriaTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon