Chapitre huit : Hors des rails

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Du sang.
ça coulait près de mes sabots, baignait mes pattes et se faisait emporter par la rivière qu'était Mane Street.
Je me tenais au milieu de la rivière, et elle était pleine de cadavres.
"Combien de poneys as-tu massacrés ?" accusa la voix de Velvet Remedy. "ça ne t'a pas pris longtemps pour devenir un tueur en série, n'est-ce pas LittlePip ?"
"V-Velvet ?" Je regardais la tempête et l'obscurité. Mais mes yeux ne trouvèrent que l'office dévasté par les balles du sheriff. La peinture sprayée crue dessus crachait des insultes. Les pillards avaient été là. Leur travail malade, les mutilations sadiques, offertes à la vue de tous les poneys. Je regardais le torse d'un poney se balançant du plafond à l'intérieur, ses tripes arrachées et la robe rasée jusqu'à la peau, tirer sur la chaîne et tomber au sol dans un bruit mat.
J'essayai de hurler quand il se mit à ramper vers moi !
Dans un raclement mouillé, le corps plaqué au mur, sa chair grande ouverte sur ses côtes et ses organes pourrissants, s'arracha enfin libre et se traîna vers moi, l'eau giclant à son passage.
Je tentais de reculer, seulement pour sentir mes sabots bloqués dans la boue de la rue ! La liqueur rougeâtre de l'eau tachait mon PipBuck et plongeait dans ma robe et mes pattes. "Calamity ! Velvet ? Aidez-moi !" je hurlais, mais ma voix était muette.
Un robosprite muet regardait, ne faisant rien, alors que la moitié arrachée d'un ponesclavagiste se joignait aux corps qui rampait vers moi, la corde de ses intestins s'étirant derrière lui.
*** *** ***

Je me réveillais, mon coeur tapant fort et mon corps couvert de sueurs froides, au son et secousses du train. J'étais faible, mais chaude et moins tendue que je n'aurais dû être. Je reposais sur l'un des lits du wagon, une couverture posée sur moi. Près de moi, Velvet Remedy agitait sa corne doucement sur ma patte récemment blessée. À mon émerveillement, je sentis ma patte refaite, même si très douloureuse.
J'essayais de rejeter le spectre du cauchemar. Ce n'était pas la première horreur nocturne que mon expérience du dehors avait créée, mais c'était la plus déplaisante. L'ajout de mes compagnons, ou leur absence, avait rendu ce rêve quelque part bien, bien pire.
Velvet Remedy ! La dernière fois que je l'avais vue, elle était étendue dans la mare de son sang, après avoir sauvé une demi-douzaine d'enfants...
Mes oreilles se dressèrent aux sons autour de moi ; regardant par-dessus mon épaule, je vis les poulains et pouliches des cellules du sheriff occupant le gros de la voiture passagers. Ils semblaient épuisés et vaincus ; deux d'entre eux endormis, mais l'un était assez joyeux pour me voir et me sourire. "C'était génial !" Le poulain agita sa patte doucement dans l'air et tapa.
Je lui rendais un faible sourire, mon coeur se calmant enfin. Calamity quitta sa fenêtre pour m'accueillir dans le monde des vivants.
"Tout va... bien ?" Je demandais hésitante, craignant encore que ce ne soit qu'un autre rêve prêt à tourner au cauchemar. Velvet Remedy hocha la tête, rassurante.
"Les esclaves ?"
"Dans la voiture de de queue," dit doucement Velvet. Moins doucement, "Ce train n'a qu'une voiture pour les passagers, et les petits avaient besoin de bien plus d'espace. Alors c'était soit la voiture de queue, soit les attacher à un wagon de marchandises.
Parlant comme si j'avais suggéré quelque chose d'horrible n'était pas, je décidais, un de ses meilleurs traits de caractère.
Soudainement, je me rappelais mon plan, et les cellules verrouillées où les poneys captifs avaient été emprisonnés. "Mais les verrous... ?" Je savais que Calamity ne pouvait pas les ouvrir, et je n'imaginais pas que Velvet Remedy, dans sa jeunesse, aurait aimé s'y entraîner.
Elle leva les yeux au ciel. "Voyons. Je ne suis pas fouineuse comme toi, et je n'ai certainement pas ton niveau de maîtrise de la lévitation -- très impressionnant, d'ailleurs -- mais je suis une licorne ! Je peux toujours faire léviter. Entre vos missiles et les mines, j'ai pu... me passer de clés ou d'outils."
Le train ronronnait autour de nous. Regardant par la fenêtre, je vis que nous avions déjà traversé le désert et étions largement engagé sur la montagne. L'allure des poneys du train ralentissait ; nous atteignions le col de la voie. Ma conversation avec Velvet s'était réduite, et à présent Calamity l'interrompit complètement.
"Notre ombre est d'retour."
Je me tirai pour m'asseoir, testant ma patte soignée. "Ombre ?"
Le poulain qui avait parlé plus tôt déclara, "Miss Calamity pense que quelque chose nous suit." Je notais que Calamity restait baissée à la fenêtre, la regardant d'en bas... ver le ciel ?"
"Une autre..." Je me retins de dire 'déesse' au souvenir de la licorne ailée esclavagiste que j'avais combattue. "... une autre de ces... comme chez le sheriff ?"
"J'pense pas non. Mais y a ben quelqu'chose là-haut. Qui reste juste hors d'vue."
"Si c'est hors de vue, comment sais-tu qu'il y a quelque chose ?" Répliqua Velvet. Mais au regard de Calamity, elle se reprit. "Un autre pégase, peut-être ?"
Calamity grimaça. "J'... pense pas non." Il retourna veiller par la fenêtre, silencieux.
"Au moins il s'est arrêté de pleuvoir," annonça Velvet Remedy, d'un regard par la fenêtre. "Cette tempête a duré des jours."
Je me tournais et regardais la couche de nuages gris. L'eau s'était bien arrêtée de tomber du ciel, et les nuages avaient des teintes plus claires, tournant la lumière en un gris terne.
"Velvet" je commençais.
Elle me sourit, et mon coeur s'envola, sa dernière remarque mordante déjà oubliée. "Merci, LittlePip. Tes bandages ont sauvé ma vie."
Je la regardais, sachant qu'il n'y avait pas la moindre chance que ma triste tentative de la soigner, magique ou pas, ait pu la guérir. Je m'apprêtais à le dire quand elle porta son sabot pour m'interrompre. "Non, tu en as fait assez pour me rendre la conscience, et j'ai pu me charger du reste," Elle regarda longuement Calamity. "Sans mentionner ton intéressant ami."
Calamity ricana dans sa direction.
Je regardais ma patte, surprise. Souriant, Velvet me rappela, "je t'ai dit que je voulais toujours devenir une docteure. J'ai étudié et même pratiqué."
Je regardais cette jument magnifique, de loin plus âgée que moi, étrangement. "Si c'était ce que tu voulais, pourquoi ne pas l'avoir fait ?"
"Parce que ma marque de beauté est apparue. Un jour, j'ai chanté une chanson pour un brave poney malade, et elle est apparue. Un oiseau, un rossignol pour être précise. Et quand ta marque apparaît, ta place dans l'Étable est décidée." Il y avait cette triste évidence dans sa voix. C'était une vérité que je connaissais trop bien.
"J'ai même supplié la Superviseure. Mais c'était clairement ma destinée de distraire les autres, mon destin était écrit sur mes flancs. Ma voix était la chose la plus belle de l'Étable, et je ne pouvais pas nier savoir chanter. Ou même ne pas l'apprécier. La Superviseure me montra même ma généalogie, me prouvant que j'étais la très lointaine descendante de la première Superviseure de l'Étable Deux, qui était elle-même une chanteuse légendaire."
Je hochais la tête, ayant entendu la musique poignante de la Turnpike Tavern.
"Comment pouvais-je lutter contre tout ça ? La Superviseure... m'autorisa gracieusement à pratiquer ma passion à l'occasion quand ça n'interférait pas avec mon devoir de réjouir le moral battant de l'Étable. Mes mes rêves, on me disait, n'était pas faits pour moi."
Suspectant la réponse, je devais demander : "Velvet, pourquoi quitter l'Étable ?"
Velvet gémit discrètement. "Encore à cause de ma marque de beauté." Elle se tourna, tirant l'une des caisses médicales pour me montrer le rossignol à son flanc. Les ailes ouvertes, le bec ouvert pour chanter.
"Vois-tu ce que ce n'est pas, LittlePip ?"
Je voyais ce que c'était. Ce que ça avait toujours été. Le chant d'un oiseau magnifique.
"Ce n'est pas un oiseau en cage," dit Velvet Remedy, sa voix contentée. "Et s'il ne l'est pas, alors je ne devais pas l'être non plus. Peu importe l'horreur ou la maladie, je devais être libre."
*** *** ***

Fallout equestriaWhere stories live. Discover now