En quête de vérité

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Lefrançois hocha de la tête. Il marcha un peu avec lui, laissant le technicien poursuivre ses recherches.

– Tu as dormi ici la nuit passée ?

Cédric lui raconta leur soirée et s'arrêta à la découverte de l'incendie.

– Et puis, tu n'as rien vu ou entendu durant la nuit ?

– Si ça avait été le cas, je vous l'aurais mentionné, vous le savez bien. Vous pourrez demander à Avéline. C'est elle qui nous a réveillés lorsqu'elle a vu les flammes.

– Et d'après toi, qui pourrait bien avoir pu faire ça ?

Cédric n'hésita pas un seul instant en nommant les trois personnes qui pourraient vouloir faire du mal à Serge comme ça.

– Pour Patterson, j'en doute, dit Lefrançois en observant le champ du voisin. Il détestait Georges autant que Georges le détestait, mais ni l'un ou l'autre n'aurait osé se servir de Serge pour alimenter leurs différents. Pour Bérengère et la Pronovost, il me faudra un peu plus d'explications. J'ai bien vu que le retour de ta mère a causé tout un choc, mais pourquoi s'en prendrait-elle à Serge ? Il y a des choses que je ne sais pas ?

– Si le vieux Georges ne vous a pas mis déjà dans la confidence, vous allez être servi. La lecture du testament chez le notaire Magnan a été tout un choc. D'abord elle était là, ce qui nous a tous secoués. Mais maître Magnan a confirmé que Georges a spécifiquement demandé à ce qu'elle soit là lors de la révélation de ses dernières volontés, on a bien été obligé de l'accepter.

Il lui annonça qu'il n'était pas le fils de Georges, mais que ce dernier avait prévu une réserve pour compenser la bassesse du geste de sa mère si cette dernière pouvait assurer le double du montant prévu au testament, en plus de toutes les autres clauses.

– Et bien, dis donc, on se croirait dans un téléroman comme dans le bon vieux temps.

Ils arrivèrent au bord de la route. La pluie tombait plus fort et le couvert des arbres ne suffisait plus à les protéger de l'ondée. Mais ni l'un ni l'autre ne semblait s'en soucier. La pluie était plus que bienvenue après ces derniers jours. Et puis, Cédric n'avait pas à cacher sa peine de devoir raconter cela à l'inspecteur qui avait été aussi un bon ami de la famille.

« Et comment a-t-elle réagi, ta mère ? »

– Elle a tout nié en bloc. C'est une manipulatrice, une menteuse et, je dois l'avouer, elle a le même caractère impulsif que moi. C'est probablement le seul héritage que j'ai d'elle et dont je ne suis pas le plus fier.

– Elle n'a donc pas accepté de faire ce que Georges lui demandait.

– Elle a tourné les talons et claqué la porte sans promettre quoi que ce soit.

– Et elle est où, en ce moment ?

Cédric haussa les épaules : « Je l'ignore et franchement je préfère ne pas le savoir parce que je ne sais pas ce que je lui ferais si je la croisais en ce moment. J'essaie de ne pas y penser. »

L'inspecteur ajusta son chapeau qui dégoulinait sous la pluie. Il n'aimait pas la tournure de cette enquête. L'animosité de Bérengère envers cette situation n'arrangeait rien et, puisqu'il connaissait le tempérament un peu imprévisible de Cédric, l'alchimie entre ces deux-là pouvait provoquer beaucoup plus que des étincelles s'ils venaient à se croiser à nouveau.

– Je m'en occupe, tu n'as pas à t'en faire. Je la retrouverai, si elle ne s'est pas déjà évanouie dans la nature.

– Il paraît que le notaire connaît son lieu de résidence puisqu'il l'a retracée et qu'il a pu l'attirer dans ce coin de pays.

Le silence des blés d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant