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Prendre un bain avec la progéniture de la petite sirène et Tarzan.

*

Harry et moi poursuivirent cette matinée de cette façon, à constater des choses bizarres sur l'un et l'autre. Nos conversations étaient en somme pleines de badinages, ce qui était bien, parce que je ne me serais pas senti à l'aise autrement. Taquiner les gens était ma seule manière de converser, ce qui n'était pas vraiment une compétence sociale des plus pratiques, parce que certaines personnes ne savent pas reconnaitre si je plaisante ou non.

Harry resta poli et courtois, toutefois, et moi de même. Les plaisanteries restaient amusantes, et loin d'être insultante.

J'ai enfin pu regarder Friends, ce qui m'avait assez satisfait même si ça n'était que deux épisodes. J'avais aussi pu revenir sur sa petite performance qu'il avait fait ce matin au petit déjeuner. La conversation consistait à peu près à :

"Tu l'as fait pour moi?"

"Non."

"Awh, pourquoi pas?"

"Tu auras une performance particulière plus tard."

C'était ce genre de moment où je me trouvais absolument flattée et allumée mais choquée en même temps, ce qui résumait d'ailleurs plutôt bien mes émotions quand j'étais près d'Harry 99,9% du temps, mais ce coup là, j'ai paniqué et l'ai frappé. Il avait l'air déconcerté, tout comme moi, baissant son regard sur ma main comme si elle avait bougé toute seule. Mes yeux étaient ouverts en grand tandis que je brisais le contact visuel avec ma main pour regarder ses yeux, des bégaiements saccadés résonnèrent sur mes lèvres entrouvertes.

"Je - je suis, je suis vraiment désolée. Je ne sais pas ce qui m'a prit, je... excuse moi."

Il acquiesça lentement, jusqu'à ce qu'il commence à rire, m'autorisant à y voir l'humour de cette situation.

Ma journée était calme. Mes soucis disparurent et je ressentais comme un sentiment de renouveau, le genre que je ne ressentais pas souvent ; j'étais heureuse. Je me suis rendue compte il y a des années de ça, que la chose qui me séparait vraiment du bonheur n'était pas le fait d'avoir une vie pénible, c'était plutôt mon mécontentement, et pendant quelques heures, je me sentais simplement comme une enfant ravie, et c'était plus que délivrant.

Nous finassâmes quand même à jouer au jeu des vingt questions et, à ce jour, je ne pourrais vous dire ce qu'il m'a demandé, mais je me souviens avoir beaucoup ri. Je suis même tombée de son lit pour me taper la tête contre sa table de nuit, me coupant au passage légèrement au niveau de mes racines de cheveux. Ca faisait très mal, mais j'avais retenu mes larmes et ris à la place, même si je savais qu'il avait compris que je m'efforçais à ne pas pleurnicher devant un être aussi magnifique.

Quand l'heure du déjeuner arriva, je trouvais une Stevie ébouriffée allongée sur son lit, endormie. Je riais, saisis ma guenille usée qui me servait de sac pour le passer par dessus mon épaule. Je m'avançai vers ma belle au bois dormant et la secouais doucement tout en frottant ses épaules. "Hey, Steff. Debout," lui dis-je dans un souffle léger. "Chérie," dis-je un peu plus fort. "Stevie, réveille toi." Je parlais à présent d'un voix normale tout en la remuant. "Bordel, Stevie réveille toi maintenant, espèce de petite merde." Je la secouais vigoureusement, seulement pour entendre un grognement et voir sa tête immobile comme du goudron sur sa taie d'oreiller, ornées de dessins et de papillons.

Je la laissais tomber juste après, retournant dans le réfectoire. Je me tenais dans la queue tandis que je réfléchis à ce que j'allais prendre.

Cabin Three - VFWhere stories live. Discover now