Prologue

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La plume de mon stylo courait sur le papier. Couché sur mon bureau, je me sentais comme en transe. Mieux, j'étais en transe...

Cette sensation je la connaissais bien à présent. Je la ressentais chaque fois que, attelé à mon ouvrage, j'entreprenais d'écrire. Écrire... Une bien étrange passion pour un enfant comme moi, qui encore il y a peu, ne jurait que par le sport. Toujours était-il que, depuis un an, l'envie d'écrire s'était imposée à moi. Comment l'avais-je senti ? Excellente question. En fait, au début, je n'en avais pas conscience. C'était venu comme ça, d'un coup. Un jour, je m'étais dit, « tiens, si j'écrivais cette histoire ! » Cet instant avait changé ma vie. Depuis, je ne pouvais plus vivre sans écrire. C'était devenu pour moi, un moyen de m'évader, de m'occuper, et de m'amuser. Oui, quand je couvrais de mots les feuilles blanches que je trouvais, je m'amusais. Comme un fou ! Quoi de plus intense que de faire évoluer à sa guise personnages et décors ? Qu'existait-il au monde de plus jubilatoire que de donner la vie, même « pour de faux » ?

À partir de ce jour, l'écriture s'était engouffrée dans mon existence. Elle s'y était progressivement installée, de plus en plus encombrante, prenant sans cesse une place plus importante. En plus, paraissait-il, j'étais doué. Alors si le talent était là, je me refusais à le gaspiller. Pour n'en perdre aucune goutte, j'écrirai toujours et jamais ne dilapiderai.

Plus qu'un plaisir, l'écriture était devenue un besoin, une nécessité pour moi, la seconde grande passion de ma vie.

- Hugo ! Tes copains sont arrivés ! Entendis-je ma mère crier depuis le rez-de-chaussée – ma chambre est à l'étage —.

Mes copains ? Il s'agissait de Valentin et Kylian. Mes deux meilleurs amis. Les deux seuls que j'avais vraiment. Valentin, je le connaissais depuis nos six ans et nous avions toujours été inséparables, quant à Kylian, de deux ans mon cadet, c'était une tout autre histoire...

Comme la voix de ma mère m'arrivait aux oreilles, je bondis de mon siège et me ruai hors de ma chambre. Hurlant à mon frère, en bas, d'aller accueillir les deux invités, je dévalai les escaliers. Le temps de traverser le salon et d'arriver à l'entrée de la maison, mon frangin avait obéi et finissait de saluer Kylian. Je l'imitai et, aussitôt, invitai mes deux amis à monter. Hippolyte, mon petit frère, m'emboîta le pas.

Une fois dans ma chambre, je m'assis sur mon lit.

- C'est une nouvelle histoire que tu écris ? Me demanda Kylian en désignant sur mon bureau le cahier sur lequel je gribouillais depuis quelques jours.

Ce n'était pas tout à fait exact.

- C'est le roman que je viens de commencer. En fait non, ce n'est pas vraiment un roman, c'est le récit de ce qui m'est arrivé l'an dernier, répondis-je.

S'approchant du bureau, Hippolyte commença à lire de sa petite voix d'enfant.

« Je m'appelle Hugo, j'ai quatorze ans, et voici l'histoire du jour où j'ai été enlevé. »

Cette phrase fut la première de mon roman, son commencement, elle n'est plus aujourd'hui qu'un vague souvenir.

Séquestré !Where stories live. Discover now