Charles • Carlos

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Il retourna se glisser sous les draps, se recroquevilla sur lui-même, ses mains serrant les manches du t-shirt comme s'il pouvait, d'une simple pression, ramener Carlos à ses côtés. Il ferma les yeux, tenta d'ignorer la solitude qui le rongeait, imaginant Carlos derrière lui, lui murmurant des mots tendres, ses bras forts l'enveloppant pour apaiser ses craintes.

Mais la réalité était cruelle. Il était seul, et le silence de la chambre résonnait comme un écho douloureux de tout ce qu'il avait trop donné sans jamais oser réclamer.

Trois coups frappèrent à la porte, résonnant faiblement dans le silence de la chambre. Charles, encore étendu sur son lit, se redressa légèrement, son cœur se serrant malgré lui. Le martèlement résonna à nouveau, cette fois plus insistant, cinq coups rapprochés, presque désespérés. Il se leva, la respiration hésitante, chaque pas vers la porte lui pesant comme une montée vertigineuse.

Il s'immobilisa un instant, la main tendue vers la poignée, les paupières fermées comme pour se préparer à ce qu'il trouverait de l'autre côté. Carlos, son Carlos, celui qui le faisait sourire autant qu'il le faisait pleurer, celui qu'il aimait plus que tout, mais qui savait aussi le blesser comme personne.

Quand il ouvrit enfin la porte, il se retrouva nez à nez avec un immense bouquet de fleurs, une explosion de couleurs et de parfums, des lys, des roses, des pivoines, soigneusement agencés, presque étouffants de perfection. Au centre, nichée entre les pétales, se trouvait une petite boîte à bijoux. Charles la regarda à peine, trop épuisé par ses propres larmes pour s'attarder sur ce symbole maladroit de réconciliation. Il leva lentement les yeux, ses prunelles humides croisant enfin celles de Carlos, et un instant, tout s'effondra autour de lui.

Carlos était là, figé sur le seuil, le visage marqué par l'inquiétude, ses cheveux encore ébouriffés par la course qu'il avait sans doute faite pour rejoindre l'hôtel. Ses yeux étaient rouges, ses cernes profondes, et ses lèvres tremblaient légèrement comme s'il avait passé les dernières minutes à pleurer en silence, seul avec ses regrets.

Charles s'écarta pour le laisser entrer, un geste mécanique, sans un mot. Carlos franchit le seuil en hésitant, comme un invité indésirable dans ce sanctuaire de douleur qu'était devenue la chambre. Il posa le bouquet sur le lit, les fleurs s'étalant sur les draps encore froissés par la présence de Charles quelques instants plus tôt. La boîte à bijoux tinta légèrement en touchant le matelas, mais aucun des deux hommes ne sembla y prêter attention.

Carlos se laissa tomber sur le bord du lit, ses épaules basses, ses mains tremblantes reposant sur ses genoux. Charles, lui, resta debout, les bras croisés, face à lui, tentant de masquer ses tremblements sous un masque de froideur. Ils se regardèrent un long moment, leurs respirations désynchronisées, leurs cœurs battant à des rythmes effrénés, comme deux soldats sur le point de déposer les armes mais trop fiers pour le faire en premier.

Les yeux de Carlos glissèrent sur le t-shirt qu'arborait Charles, celui qu'il avait retrouvé dans sa valise, celui qu'il lui empruntait toujours et qui portait encore l'odeur rassurante de son homme. Un sourire timide, presque douloureux, effleura les lèvres de Carlos, une étincelle de nostalgie dans son regard. Charles, malgré lui, répondit à ce sourire, un reflet involontaire de l'amour profond qu'il lui portait encore, malgré tout.

Carlos se leva lentement, laissant le bouquet basculer légèrement sur le lit. Il s'approcha, réduisant la distance entre eux jusqu'à ce que leurs souffles se mélangent, que leurs torses soient presque en contact, assez proches pour sentir la chaleur de l'autre, assez loin pour que chaque centimètre d'écart rappelle la douleur de leur conflit douloureux.

Carlos chercha la main de Charles, ses doigts hésitants trouvant enfin ceux de son amant, et il serra doucement cette paume froide, comme pour s'ancrer dans cette réalité qu'il avait failli perdre. Il ouvrit la bouche, sa voix brisée par l'angoisse :

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