FORMULA 1 • One Shot

Carlos • Kimi [1/2]

Il devait être aux alentours de 18 h lorsque Kimi eut terminé de préparer sa réception pour la soirée. Des centaines d'amuse-bouches étaient soigneusement disposés sur les longues tables de sa villa perdue au cœur de la campagne italienne. À travers les baies vitrées grandes ouvertes, la lumière dorée du soleil couchant s'étirait sur les sols de marbre et la douce brise d'été s'infiltrait à l'intérieur, apportant avec elle les senteurs de cyprès et de terre chauffée par la journée.

Ce soir, il accueillait plusieurs pilotes pour une soirée sans prétention, où l'on grignoterait quelques mets, où l'on parlerait de tout et de rien avant la fin de la pause estivale. C'était la première année de Kimi en Formule 1, et cette saison, cruciale pour le lancement de sa carrière, lui avait déjà permis de se faire une place dans ce monde impitoyable. Il avait trouvé des soutiens, des alliés, des adversaires aussi, mais surtout, il s'était fait un cercle de pilotes qui, à leur manière, l'avaient intégré.

Il s'entendait particulièrement bien avec Max et Oscar. Ils formaient un trio d'introvertis dont les discussions n'étaient jamais bien animées, mais qui trouvaient du réconfort dans leur silence partagé. Heureusement, ils pouvaient toujours compter sur leurs meilleurs amis extravertis pour animer le groupe. Max ne venait jamais sans Daniel, Oscar était inséparable de Lando et Kimi, lui, avait fini par emmener avec lui celui que personne ne s'attendait à voir à ses côtés : Carlos Sainz.

Leur relation s'était forgée dans la rivalité. En ce début d'année, ils s'étaient battus pour atteindre le podium, provoquant quelques accrochages en piste, quelques piques glissées dans les interviews. Rien de bien méchant, mais assez pour alimenter la presse. Pourtant, loin des projecteurs et des micros tendus, ils s'entendaient à merveille. D'une manière étrange, presque ironique, ils se complétaient parfaitement. Là où Kimi était plus réservé, Carlos avait cette énergie solaire qui attirait les autres. Là où Carlos pouvait être impétueux, Kimi tempérait.

Et ce soir, sous cette chaleur écrasante de fin d'été, perché en haut des montagnes, entouré de villes et de lacs disséminés au creux de la vallée, Kimi n'attendait qu'une chose : le revoir.

Parce que cet été avait creusé une distance entre eux. Ils s'étaient parlé à travers des écrans, avaient réagi aux stories de l'autre sur les réseaux sociaux, mais jamais ils ne s'étaient donné rendez-vous. Carlos était resté en Espagne, Kimi en Italie, et la Méditerranée, immense et indomptable, avait fait office de barrière entre eux. Une séparation qui, bien qu'invisible, s'était insinuée dans leur dynamique, dans cette connexion qu'ils avaient bâtie au fil des courses et des moments volés entre deux paddocks.

Mais ce soir, il n'y aurait plus d'écrans. Plus d'océan entre eux. Juste une terrasse surplombant la vallée, un ciel qui s'assombrissait lentement, et cette attente brûlante que Kimi n'arrivait plus à ignorer.

Alors que Kimi réajustait sa chemise en lin devant le miroir du vestibule, il entendit le bruit caractéristique des graviers de son allée écrasés sous les pneus d'une voiture de sport. Son cœur rata un battement. Il jeta un dernier coup d'œil à son reflet, inspira profondément pour tenter de calmer l'impatience qui le consumait, puis tourna les talons et se précipita vers la porte d'entrée.

Lorsqu'il ouvrit enfin, la scène qui s'offrit à lui lui arracha un sourire.

Devant son pavillon, dont l'entrée circulaire faisait office de rond-point autour d'une fontaine imposante, trônait une Ferrari 488 Spider d'un rouge profond, presque bordeaux. Une couleur emblématique, rappelant les années de gloire passées sous les couleurs de la Scuderia. Kimi n'eut pas besoin d'une seconde de réflexion pour deviner à qui appartenait cette merveille mécanique.

Sans perdre une seconde, il dévala les marches en marbre de l'entrée avec une précipitation qui trahissait son enthousiasme. Il atterrit presque devant lui, face à son invité tant attendu. Son meilleur ami de cette année. L'une de ses plus belles rencontres. Sans doute son Espagnol préféré.