Max • Daniel

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Le monde de Max s'était écroulé quelques minutes plus tôt. Il n'avait pas eu le temps de réagir, à peine celui d'assimiler l'information que déjà son corps s'était mis en mouvement, porté par l'adrénaline et l'urgence. Il courait à travers le paddock, ses chaussures frappant bruyamment le bitume, son souffle court et haché par l'angoisse. Il cherchait Daniel. Il devait le trouver.

La nouvelle était tombée comme un couperet, brutale et impitoyable : Daniel était viré. Pas d'annonce officielle en conférence de presse, pas d'adieu émouvant sur le podium, pas même une poignée de main symbolique. Juste un communiqué sec, balancé sur les réseaux sociaux, relayé par les médias en une fraction de seconde. Quelques lignes à peine pour annoncer qu'il ne serait plus là la saison prochaine. Comme s'il n'avait été qu'un pion de plus dans un jeu cruel, comme si dix ans de carrière pouvaient se résumer à une simple déclaration sans âme.

Le cœur de Max s'était serré à s'en briser. Il s'était figé sur place en voyant l'annonce défiler sur son téléphone, incapable d'y croire. Comment était-il supposé sourire après ça ? Comment pouvait-il continuer à avancer alors que son meilleur ami, son roc, celui qui avait illuminé ses pires jours d'un sourire éclatant, disparaissait du paysage ? Daniel l'abandonnait sur cette grille, livré à lui-même, au milieu des rivalités acérées et des vautours prêts à lui arracher son titre au moindre faux pas.

Daniel avait toujours été là. Dans les moments de doute, dans les défaites amères, dans les victoires euphoriques. Il l'avait soutenu, épaulé, rassuré. Il l'avait serré dans ses bras après des courses éprouvantes, il avait su lui arracher un rire même quand tout semblait s'effondrer autour de lui. Il avait essuyé ses larmes silencieuses, celles que personne d'autre ne voyait, celles qu'il n'autorisait qu'à couler en sa présence.

Et maintenant, Max voulait lui rendre la pareille.

Il accéléra, bousculant sans s'excuser quelques ingénieurs sur son passage. L'air était lourd, chargé d'une tension électrique. Il ne savait pas où chercher, seulement que Daniel avait quitté les interviews il y a quelques minutes à peine. Où pouvait-il être ? Dans son motorhome ? Dans un coin reculé du paddock, loin des regards curieux et des questions indiscrètes ?

Le cœur de Max tambourinait contre ses côtes, sa respiration devenait erratique. Il s'en fichait. Tout ce qui comptait, c'était de le retrouver avant qu'il ne soit trop tard. Avant que Daniel ne disparaisse pour de bon.

Max arriva devant le motorhome de l'ancienne écurie de Daniel, le cœur battant à tout rompre, la rage et la détresse se disputant l'espace dans sa poitrine. Il aurait voulu les engueuler tous, un par un, leur hurler au visage leur lâcheté et leur hypocrisie. Comment pouvaient-ils le laisser partir ainsi, sans un mot, sans un regard, comme s'il n'avait jamais été qu'un rouage interchangeable dans leur machine impitoyable ?

Mais il ravala sa colère, du moins pour l'instant. Inspirant profondément pour ne pas céder à l'explosion qui menaçait de le submerger, il força sa voix à rester ferme mais calme lorsqu'il s'adressa aux mécaniciens et ingénieurs qu'il croisait.

— Où est Daniel ?

Les regards se baissèrent. Des épaules se haussèrent. Personne ne savait. Ou peut-être personne n'osait lui dire.

Max serra les poings, les ongles s'enfonçant dans la chair de ses paumes. L'adrénaline pulsait dans ses veines, alimentant sa frustration et son angoisse grandissante. Sans perdre une seconde de plus, il tourna les talons et se précipita vers la chambre de repos de Daniel, son dernier refuge dans ce monde qui venait de le trahir.

Il ouvrit la porte avec fracas, s'attendant à le trouver là, recroquevillé sur le canapé ou assis sur le lit, perdu dans ses pensées. Mais la pièce était vide. Pas un bruit, pas une présence. Les placards avaient été vidés, la table de chevet ne portait plus aucune trace de lui. Pas une veste oubliée, pas un casque posé négligemment dans un coin. Rien. Comme si Daniel n'avait jamais existé entre ces murs.

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