chapitre 21 et épilogue (part III)

331 27 5
                                    

A dix heures du matin, nous faisions une dernière caresse à Kyu, puis partions en direction du cimetière. Le temps était lourd, il faisait une chaleur étouffante et on pouvait sentir que l'orage n'était pas loin. Les nuages étaient gris et bas dans le ciel. Nous mettions à peine un pas dehors qu'une fine couche de transpiration se déposa sur notre peau.
Je plissais les yeux en suivant le pas tranquille de Louis. Je me souvenais bien du chemin à emprunter pour aller au cimetière, ma famille et moi avions dû nous y rendre pour les funérailles d'une vieille tante. Je ne l'avais pas bien connu, mais à chaque fois que nous allions lui rendre visite, elle était gentille avec Gemma et moi. Elle nous préparait des cookies et nous allions les manger dans le jardin avec ma sœur. C'était un des souvenirs heureux que je chérissais et comme ils étaient peu nombreux, j'avais souvent rendu visite à la vieille tante Styles quand je n'étais encore qu'un gamin pour déposer des fleurs sur sa tombe.

Lou s'arrêta chez le fleuriste du village où nous croisions Jade. Elle était derrière le comptoir avec son père, sa famille tenait le magasin.Louis acheta une douzaine de rose rouge. Je m'étonnais de ce choix, ce n'était pas des fleurs résistantes, elles ne tiendraient pas longtemps dans une cimetière... Il croisa mon regard surpris et ouvrit la bouche, puis la referma, semblant hésiter à répondre.

- Ma mère adorait les roses... Et mon père lui en offrait tout le temps, expliqua t-il en haussant les épaules nerveusement.

Je hochais la tête en lui lançant un sourire puis jetais un regard aux fleurs que j'avais achetés pour la tante Styles et pour les parents de Louis. Ce n'était que de simples marguerites, il y en avait toujours dans le jardin de ma tante, elle adorait ce genre de fleurs. Pour moi, ces fleurs représentaient... le bonheur.

Nous marchions cotes à cotes dans les allées, nos épaules se frôlaient de temps en temps au rythme de nos pas. Je regardais autour de moi et tendais la main pour effleurer celle de Lou Il se tourna légèrement vers moi, il ne dit rien, mais il tendit la main et prit la mienne, entremêlant nos doigts.

Nous arrivions enfin devant la cimetière après une demi-heure de marche. La main de Louis se resserra sur la mienne alors qu'il passait la grille du lieu où était enterré ses parents. Il n'y avait personne, ce qui ne m'étonna pas, nous étions en semaine et nous avions séchés un jour de cours pour venir. Il n'y avait qu'une vieille dame au bout de l'allée, elle souriait, une main sur la tombe se dressant devant elle. Je reportais mon attention sur Lou Ses mâchoires étaient serrés et bien que vu de l'extérieur il sembla calme, je sentais sa peine et combien c'était difficile pour lui. Il lâcha doucement ma main et traversa les allées de gravier pour s'arrêter devant une tombe.

Je m'avançais un peu, mais restais en retrait, le laissant se recueillir devant les tombes qui devaient appartenir à ses parents. Je le regardais enlever les feuilles mortes et déposer les roses avec tristesse. Je compatissais, j'avais mal pour lui.Il leva la main et caressa le milieu des deux pierres tombales, un sourire étira ses lèvres, le premier de la journée, puis il se redressa. Je m'approchais de lui avec hésitation mais voyant qu'il n'esquissait aucun geste de rejet, je posais mon front sur sa nuque et enroulais mes bras autour de lui.

Lou renifla discrètement, tout son corps était parcouru d'un léger tremblement et je sus sans le regarder qu'il pleurait. Ce n'était pas des sanglots lourds et déchirants. Ses larmes étaient silencieuses, son corps droit et si ce n'était le faible tressaillement de ses épaules personne n'aurait pu se douter qu'il pleurait.

Je déposais un baiser sur la peau moite de son cou. Je levais lentement la tête et regardais les deux tombes qui se dressaient devant nous. Celle de droite indiquait:


Karen Tomlinson 
1968 - 2001
Une mère dévouée
et celle de gauche indiquait:
Mark Tomlinson
1966 - 2001
Un mari aimant


Une photo était présente sur chacune des pierres tombales, elle était la même pour les deux, on pouvait voir une jeune femme aux long cheveux brun dans les bras d'un homme grand avec une carrure robuste. La ressemblance entre lui et Louis  était frappante et on aurait pu croire qu'il avait uniquement prit les traits de son père. Mais on reconnaissait en Lou la douceur des traits de sa mère... Je me raclais doucement la gorge et fermais les yeux.

Personnality DisorderWo Geschichten leben. Entdecke jetzt