XIII

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L'alarme me sortit désagréablement du sommeil. Je l'éteignais en grognant avant que quelqu'un en vienne toquer à ma porte.

- Mathilde t'attendra devant la maison quand vous serez prêtes pour partir en cours ! M'informa la voix étouffée de mon père derrière le battant.

Mes yeux s'ouvrirent immédiatement. Je fus sur pied en quelques minutes à peine et me dirigeai vers la salle de bain ou m'attendait mon uniforme. J'avais une heure pour me préparer si je ne voulais pas être en retard pour le premier jour de classe.

Je pris une douche rapide avant d'enfiler mon uniforme et de me coiffer. L'eau avait légèrement ondulé mes cheveux châtains. Je décidai de les laisser tels qu'ils étaient et me brossai les dents. Je descendais prendre mon petit déjeuner malgré le stresse qui me nouait l'estomac.

Mon père était assis sur un tabouret de l'ilot central de la cuisine et parcourait avec concentration un bout de papier jauni et déchiré par endroit où était dessiner un symbole étrange. A mon arrivée, il rangea la feuille avant que je ne puisse m'y attarder et me souris en faisant comme si de rien était.

- Bonjour ma puce. Chuchota-t-il. Prête pour ta rentrée ?

- On va dire ça... Soupirai-je. Où est maman ?

- Elle dort. Elle n'a pas fermé l'œil de la nuit.

Je fronçai les sourcils. Ma mère se levait toujours très tôt, même après une mauvaise nuit, et mon père mentait tellement mal qu'on aurait pu croire qu'il blaguait. Je préférai ne pas insister et me concentrai sur mon petit déjeuner. Je n'avais pas envie de provoquer un conflit alors que la journée débutait à peine, encore moins le jour de la rentrée.

Dans le silence, je finissais mon bol de céréale et remontai dans ma chambre pour vérifier que je prenais le matériel nécessaire sans oublier quoi que ce soit. Ça faisait bizarre de n'avoir que quelques livres à emporter étant donné que, dans l'Autre Monde, mon sac était toujours rempli à craquer.

Avec ma sacoche en bandoulière, je dévalai une nouvelle fois les escaliers pour enfiler mes converses à l'entrée. Après un bref au revoir à mon père, je sortis rejoindre Mathilde qui arrivait tout juste dans là même tenue que moi. Ma cousine me prit dans ses bras.

- Arrête de stresser, tout va bien se passer ! Me rassura-t-elle.

- Je ne stresse pas ! Contrai-je

- Pff, menteuse !

Je savais qu'il était inutile de mentir à Mathilde. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert, surtout quand il s'agissait de mes émotions. Mais je perdurais tout de même à lui cacher certaines choses même si elle finissait toujours par savoir. J'étais étonnée qu'elle n'ait toujours pas découvert que j'étais entrée dans la salle de mise en quarantaine au moment ou je m'étais fait mordre par un loup-garou, ce qui avait d'ailleurs laissé une légère cicatrice sur le poignet.

Ma cousine me guida à travers le village jusqu'à une grande arche en bois où une dizaine d'adolescents attendaient en discutant. Soane nous rejoignit, suivi de près par Siméo. Ce dernier passa un bras autour des épaules de Mathilde qui lui prit la main en souriant de toutes ses dents. Un groupe de trois filles passa près nous, regardant Soane en gloussant.

- J'en ai marre de cette réputation de garçon populaire. Soupira ce dernier.

L'une des filles s'arrêta devant nous. Mathilde soupira. La fille n'y prêta aucune attention, trop concentrée à me fusiller du regard pour je ne sais quelle raison avec ses yeux bleus-gris. Elle était d'une beauté époustouflante, je ne pouvais pas dire le contraire. Mais son attitude hautaine contrastait avec son visage d'ange et son petit nez bien tracer. Ses cheveux foncés faisaient ressortir les quelques taches de rousseur sous ses yeux.

Mauvais OrdreWhere stories live. Discover now