XI

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Je devais passer le week-end au Refuge à ramasser des excréments et à nettoyer des animaux. Mes parents m'attendaient de pied ferme le soir ou j'étais rentrée de la cascade. Ils m'avaient donc punie en conséquence. Heureusement, Mathilde, Soane et Siméo s'étaient fait prendre eux aussi.

Nous étions donc tous là, à nettoyer les box des animaux fantastiques. Je devais commencer par celles des licornes. L'image que j'avais d'elle disparaissait petit à petit. Finit les magnifiques chevaux aux crinières étincelantes et aux cornes magiques. Bien sûr, elles ressemblaient trait pour trait à cela, mais jamais je n'aurais imaginé un crottin aussi malodorant pour de pareille créatures ! A l'aide d'une pelle, je passais ma matinée à ramasser des crottes. Une fois l'écurie propre et paillée, je transportai, avec l'aide de Soane, l'énorme seau rempli à ras bord d'excréments de licorne à l'extérieur du grand bâtiment.

Je devais ensuite nettoyer les dents des loups-garous qui étaient, en fait, de tous petits loups avec des crinières et deux énormes canines dépassants de leur gueule. Mais, malgré leur minuscule taille, ils n'étaient pas faciles à immobiliser et leur haleine sentais le bouc. Après une heure à me débattre avec eux, il n'en restait plus qu'un. Le plus vieux, mais surtout le plus agressif de tous, celui qui protégeait la bande. Pour son âge, bien avancé pour cette créature, elle n'était pas très rouillée et ça faisait une vingtaine de minutes que je tournai en rond dans l'enclos pour essayer de l'attraper. Je dû appeler Mathilde pour qu'elle m'aide. Nous le coinçâmes dans angle et ma cousine sauta sur lui pour l'emprisonner dans un tissu. Je me précipitai à mon tour pour lui nettoyer les dents et qu'on en finisse au plus vite. Il sembla s'apaiser un moment puis il ouvrit la gueule et me mordit le poignet.

- Aïe ! Lâchai-je en retirant aussitôt ma main.

- Mince ! Dit Mathilde. Il faut nettoyer la plaie.

J'acquiesçai en me levant. Ma cousine fit de même et m'emmena dans la salle de soin pour les animaux.

- Ici, tu trouveras toujours ce qu'il faudra pour nettoyer une morsure. M'expliqua-t-elle.

Elle prit du désinfectant, des compresses et ce qu'il fallait pour un bandage. J'allai m'assoir sur la table de consultation et remarquai une porte. La pancarte accrochée dessus indiquait : Interdiction d'entrer.

- Il y a quoi derrière ? Demandai-je en montrant l'entrée d'un signe de tête.

Mathilde suivi mon regard.

- Cet endroit sert normalement de pièce où les animaux sont mis en quarantaine quand ils tombent malades. Mais depuis quelques mois, elle abrite un animal dangereux. M'expliqua-t-elle en posant une compresse imbibée de désinfectant sur la morsure.

Je grimaçai sous les picotements.

- Et... C'est quoi comme animal ? Continuai-je hésitante.

- Aucune idée. Je n'ai jamais eu le droit d'y entrer. Les seules qui y ont droit se sont la Doyenne, les parents de Siméo parce qu'ils sont Soignants et tes parents, mais je ne sais pas pourquoi parce que ce n'est pas leur grade normalement.

Je fronçais les sourcils.

- Les grades ?

- Oui. Ce sont les domaines dans lesquels nos parents sont spécialisé. Ceux de Siméo sont des Soignants, les notre sont des Eclaireurs. Muriel l'est aussi.

J'hochai la tête même si je ne savais pas ce que tout cela signifiait. Ma cousine entoura mon poignet d'une bande de gaz. Je n'avais pas envie de déroger à la règle, mais j'avais l'impression d'être attiré par la créature qui se trouvait derrière cette porte. Pas par simple curiosité, mais parce que mon cœur me le disait, me criait de passer outre la règle comme s'il était un aimant et l'animal un bout de métal.

Mauvais OrdreWhere stories live. Discover now