VIII

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Le coucher du soleil baignait ma chambre d'une lumière orangée. Je n'arrivais pas à défaire mon regard des cartons qui attendaient sagement qu'on les déballe. Seulement, j'en était incapable. Si je le faisais, tout se concrétiserait réellement. J'étais heureuse que ma mère soit vivante, mais j'avais ce poids qui refusait de s'en aller. Ce poids qui s'était accumulé ces trois dernières années à cause de son absence, une douleur qui ne pouvait pas disparaitre si facilement.

J'étais agenouillée sur le sol, les mains sur les genoux. Je fini par prendre le premier carton qui venait. Celui-là, ce n'était pas moi qui l'avais emballé et j'étais curieuse de savoir ce qu'il y avait à l'intérieur. J'arrachai le scotch et ouvris l'emballage. Ma respiration s'arrêta quand je découvris ce qu'il contenait.

Des cadres photos de moi et mes parents, peu avant la mort de simulée de ma mère. Je pris le premier cadre dans mes mains tremblantes. C'était papa qui les avait mis là. Après le décès maman, il avait mis presque tout ce qui était en lien avec elle dans le grenier. Le moindre de ces objets lui faisait monter les larmes aux yeux.

"Et dire qu'il a fait semblant pendant toutes ces années..."

Ça me dégoutait. Je laissai le carton en plan et me précipitai vers la sortie. J'étouffais dans cette maison qui m'était inconnue, j'avais besoin de prendre l'air, de m'éloigner de la réalité. Mes parents déballaient des cartons dans le salon et la cuisine. Je les regardais un moment, les larmes aux yeux.

- Ça va ma puce ? Me demanda mon père, les sourcils froncés.

Je secouai légèrement la tête et me dirigeais vers la sortie. Ma mère essaya de me suivre mais mon père l'en empêcha. Très bonne initiative de sa part, j'avais besoin d'être seule. Une fois dehors, j'empruntai un petit sentier qui s'enfonçait dans la forêt. Je m'éloignai le plus possible de cette maison.

"TA maison, Maddy"

Je fis taire cette voix dans ma tête qui me contredisait tout le temps tout en faisant bien attention à ne pas me perdre entre les nombreux arbres. Assez éloigner de cette maison et surtout de mes parents, je me laissai glisser contre un énorme arbre, la tête entre les mains. Quelques larmes coulaient sur mes joues froides. Je les essuyai du dos de la main. Le poids de mon cœur s'alourdit encore, compressant ma cage thoracique et m'empêchant de respirer correctement. Signe que je partais en crise d'angoisse. J'en avais souvent depuis un certain temps et je ne savais pas comment les contrôlées.

"Calme-toi, Maddy" Me dis-je à moi-même.

Plus facile à dire qu'a faire. J'entendis au loin un courant d'eau. De l'eau, j'avais besoin d'eau fraîche. Je me laissai guidé par ce son sans observer ce qui m'entourait. Mais plus j'avançais, plus le bruit s'éloignait. Je décidai d'abandonner et me retournai pour rebrousser chemin. Malheureusement, je n'avais plus aucun point de repère pour revenir en arrière. Ma respiration se saccada, l'air avait du mal à passer dans mes poumons. J'étais seule.

"ET perdue. T'es vraiment pas douée !"

Je fermais les yeux en m'accroupissant, tentant de me calmer, en vain. La tête entre les mains, j'essayais de gérer ma respiration. Pourquoi j'avais décider de m'éloigner de cette maison déjà ?

"Parce que tes parents t'on mentit pendant trois ans et que tu ne supportais pas d'être aussi proche d'eux, peut-être ?" Me rappela ma voix intérieure.

Je grognais pour la faire taire.

- Waouh ! Toi, t'es paumée.

- Rah ! Tais-toi ! Criais-je.

Un écho se répandit entre les arbres, provoquant des battements d'ailes. Puis je réalisais que la voix ne venait pas de ma tête... Je levai brusquement la tête. Un garçon brun me regardait de ses yeux marrons. Je me relevai et reculai de quelques pas, tentant désespérément de m'éloigner de cet inconnu. Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression que la Terre entière pouvait l'entendre.

- Je vais pas te kidnapper, tu sais. Dit-il, un sourire moqueur sur les lèvres.

Je le regardai de haut en bas, il m'avait tout l'air d'un kidnappeur avec son sweat et son pantalon cargo de couleur noir.

"T'es juste une énorme parano, Maddy"

Je haussai les sourcils en faisant semblant de prendre un air assuré.

- Qu'est-ce que j'en sais ? Demandai-je en reculant encore un peu.

Le sourire du garçon s'élargit encore.

- Quoi ? Qu'est-ce qui te fais rire ? Ajoutai-je.

Il baissa la tête avant de la relever.

- T'es nouvelle nan ? Je t'es jamais ici. Conclu-t-il.

- Je... Oui... Je suis arrivé cet après-midi. Acquiesçai-je.

Il hocha la tête.

- Et tu fais quoi ici ? M'interrogea-t-il.

- Moi ? Euh rien... Je... me promenais ? Mentis-je en grimaçant.

Il arqua un sourcil, sceptique.

- T'es perdue ! Avoue ! Ricana le garçon.

- Nan p... pas du tout ! Bafouillai-je, un peu trop vite. Je te l'ai dit, je me promenais pour euh... découvrir la forêt.

- Tu mens très mal.

- Même pas vrai !

- Même que si ! Continua-t-il, un sourire narquois aux lèvres.

Je sourie à mon tour. Au moins ma crise d'angoisse avait disparue et le garçon ne semblait pas dangereux.

- Bah, même que nan ! Renchéris-je.

L'inconnu secoua la tête et tendit sa main vers moi.

- Moi c'est Soane, au fait. M'informa-t-il.

Je serais sa poigne.

- Maddy. Répondis-je. Ah oui et... je suis perdue...

- Je le savais ! S'exclama Soane d'un air triomphant.

Je lâchai sa main et le fusillais du regard, ce qui ne fit qu'élargir son sourire moqueur.

- Qu'est-ce qui t'a amené ici, du coup ? Il insista en commençant à avancer dans le sens inverse ou je voulais aller au début.

Il m'intima de le suivre d'un léger signe de tête. Je m'avançai à son niveau avant de répondre :

- J'avais besoin de prendre l'air. C'est assez... compliquer chez moi.

Soane hocha la tête avant de continuer :

- Et, comment tu à découvert ce monde ?

- Ma mère a simulé sa propre mort pour le bouclier... ou je ne sais quoi. Et puis un soir elle à décider de réapparaître. Expliquai-je.

Il garda le silence tout en continuant de marcher.

- Pardon, je sais pas pourquoi je te raconte ça... On se connaît à peine. Ajoutai-je, gênée.

- T'inquiète pas. C'est moi qui t'ai posé la question. Ma rassura t'il.

J'esquissai un léger sourire. Nous continuâmes de parler jusqu'à ce que nous arrivions à la lisière de la forêt. Ma maison était juste en face.

- J'imagine que c'est la que tu habites. Devina mon interlocuteur.

- C'est ça. Répondis-je en me tournant vers lui. Merci.

- Pas de quoi.

Il s'éloigna et je rentrais dans la... dans ma maison. Je cherchais ma mère et la trouvais dans sa chambre, en train de plier des vêtements. Je me précipitai dans ses bras. Elle resserra son étreinte après un moment.

- Je t'aime, maman. Chuchotai-je.

- Moi aussi je t'aime, ma chérie. Répondit-elle.

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