CHAPITRE 12

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(À écouter: What If - Tokio Hotel)

(Mention d'homophobie)

CHAPITRE 1
Leipzig

Gabin

2014

– Dépêche-toi Gabin !

Tom me dépasse, attrapant ma main pour m'entrainer à sa suite. Je me laisse guider par celle-ci, risquant un regard derrière moi. Comme chaque jour depuis la rentrée, un groupe d'adolescents nous poursuit, des boîtes d'œufs ou des paquets de farine dans les mains. On les connaît bien. Ils vivent dans notre quartier et descendent au même arrêt de bus que nous. Parfois, on arrive à les semer et on savoure notre victoire. Parfois, on se reçoit leurs œufs dans le dos et on rentre chez nous, dépités. J'essaie de suivre tant bien que mal le rythme de Tom en essayant de ne pas me prendre une dreadlock dans la figure. A chaque pas, j'ai l'impression que mes jambes vont lâcher mais je résiste pour ne pas rentrer à la maison avec des vêtements salies par la farine ou les oeufs.

– Eh, sale pédé ! hurle l'un des trois jeunes à mon attention. Tu penses pouvoir nous échapper ! On va te foutre tellement de coups sur la gueule que l'envie de sucer des queues va vite te passer sale con ! Je suis sûr que t'es même pas un vrai mec !

Je ravale les larmes qui me montent aux yeux, essayant d'ignorer ses propos qui me brisent le cœur. Autant ça me mets en colère de n'être réduit qu'à un "suceur de queue" alors que j'ai que quinze ans, autant ça me blesse que Tom entende tout ça. Je veux pas qu'il pense que je suis un "suceur de queue" alors que c'est pas du tout le cas. Je suis pas ce gars là.

– Et toi espèce de connard ! s'écrit un autre. Baisse ton pantalon qu'on voit si t'en as pas une grosse la dessous avec t'as tête de toxico. Ça m'étonnerait pas que tu te fasses sauter par un mec, toi aussi.

Ma main toujours dans la sienne, Tom serre les dents. Je sais que les insultes sont là, posées au bord de ses lèvres, mais il ne risque pas de les hurler afin de ne pas être assailli d'œufs et de farine. Lorsque je vois notre maison se dessiner au loin, j'ai espoir d'être assez rapide pour sauter par-dessus le portillon qui donne sur le jardin et d'être enfin en sécurité mais l'un des trois adolescents en décident autrement. Je me reçois le premier œuf dans le dos, le deuxième atterri dans mes cheveux et le troisième dans les dreadlocks de Tom.

Arrivé devant chez nous, avant de passer au-dessus du portillon, on balance d'abord nos sacs par-dessus la rambarde. Les trois garçons ne se gênent pas pour nous suivre et nous recouvrir de farine. Tom et moi sautons par-dessus la rambarde puis atterrissons sur le dos, dans l'herbe, à bout de souffle. J'entends les rires moqueurs des adolescents s'éloigner et je reste à même le sol, quelques secondes de plus, aux côtés de mon frère. Puis, les larmes aux yeux, je récupère mon sac et pousse la porte qui donne sur le garage. Je jette mes affaires dans un coin et m'assois sur le canapé vert, les jambes ramenées contre mon torse.

– Scheisse ! jure Tom en entrant dans le garage, shootant dans une caisse qui traîne au sol. Quelle bande de connards !

Je secoue faiblement la tête, n'osant même pas regarder l'état de mes cheveux ou de mes vêtements. Mon frère s'échappe alors par la porte qui donne sur la cuisine. J'entends le plancher des escaliers craquer sous ses pas. Papa doit certainement être devant la télévision, comme toujours. L'état dans lequel rentrent ses jumeaux après l'école l'importe peu. On peut même pas compter sur son aide pour défendre. Lorsque Tom me rejoint, il dépose un amas de vêtements sur l'accoudoire du canapé puis se déshabille. Il change de t-shirt, optant pour un bleu, puis me tend un t-shirt noir que j'attrape entre mes doigts.

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⏰ Dernière mise à jour : May 17 ⏰

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Schrei - Tome 1 (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant