CHAPITRE 7

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À écouter: Automatic - Tokio Hotel

(mention des troubles du comportement alimentaire)

CHAPITRE 7
Flughafen

Max

2014

Le regard posé sur mon avant bras ou le titre Spring Nicht a été tatoué, signifiant toute la douleur et la détresse auxquelles les jumeaux et moi avons dû faire face durant notre adolescence, je m'amuse à retracer les traits du micro dessiné à l'encre juste à côté. Je revois alors le clip se jouer devant mes yeux. Gabin en haut d'un immeuble. Tom et moi en bas, spectateurs de la scène puis courant à travers les escaliers de ce bâtiment pour lui venir en aide. Et la foule qui regardait ce drame, s'attendant au meilleur ou au pire. On a eu cette idée tous les trois, un jour où on évoquait de toute la sombreté qui nous avait envahi durant nos années au collège et lycée. On voulait un clip à l'image de cette noirceur. Mais on refusait de donner raison à cet harcèlement et voir Gabin sauter du toit alors on a décidé que Tom et moi serions ses sauveurs. La main dont il avait besoin pour ne pas sauter.

Ce clip a été énormément apprécié par nos fans malgré le thème abordé. Nous avons même reçu des lettres nous expliquant à quel point cette musique les avait sauvé et réanimé l'espoir qu'ils semblaient avoir perdu. Je me souviens d'une lettre qu'une fan m'avait écrite et qui m'avait énormément boulversé. Il est vrai que lorsque j'étais gamin, j'avais du mal à croire qu'on puisse s'intéresser à moi et surtout m'aimer puisque je n'avais pas le look des jumeaux. J'avais juste un style rock, le même qu'aujourd'hui, avec des cheveux colorés en plus mais je n'avais pas cette apparence "glamour" qu'avaient Tom et Gabin. Pourtant cette lettre qui m'était directement adressée a changé ma façon de me voir.

À travers les paroles de Spring Nicht, cette fan d'une quinzaine d'années m'expliquait que cet harcèlement que nous avions subi, elle le subissait au quotidien. Les doigts pointés, les rires moqueurs, les murmures. Tout ça, elle le connaissait aussi bien que nous. Elle devait y faire face tous les jours. C'était même avec la boule au ventre qu'elle marchait jusqu'à son lycée et j'avais parfaitement compris ce qu'elle ressentait puisque ça, je l'avais aussi ressenti. Elle m'expliquait aussi qu'elle se sentait si seule, qu'elle n'avait aucun ami avec qui sortir et que lorsqu'elle rentrait chez elle, le soir, elle se jetait sur son lit et écoutait nos musiques en boucle pour chercher un semblant de réconfort. Dans ma personnalité, mon sourire ainsi que mon côté "rock", elle essayait de trouver la force de se battre et d'aller de l'avant. De se dire que, tout comme les jumeaux et moi, une lumière illuminerait un jour ou l'autre son chemin.

J'étais son ange, son sauveur, la raison pour laquelle elle ne sautait pas. Mais parfois, je reconnais que j'ai du mal à me mettre à la place de nos fans et à imaginer ce qu'ils peuvent ressentir puisque lorsque j'allais mal, c'était vers Gabin que je me tournais. Il était là pour me serrer dans ses bras et me promettre que tout irait bien. Mais nos fans, mis à part dans nos musiques, ils n'ont personne qui leur promet que tout ira bien. Ils n'ont pas de Tom qui tente de leur remonter le moral en faisant l'idiot et ils n'ont pas, non plus, de Gabin pour veiller sur eux. Les autographes, sourires, photos et musiques sont tout ce que nous pouvons leur apporter et à lire leurs lettres, cela semble être énorme pour eux. Alors que pour moi, ce n'est pas grand chose. Mais je suis heureux de savoir qu'ils trouvent de l'espoir au sein de notre groupe. C'est tout ce que je leur souhaite.

– Monsieur, c'est à vous !

Je relève la tête, surpris d'entendre une voix m'interpeller. La femme présente derrière le comptoir écarquille les yeux, me confirmant qu'elle m'a reconnu. Je m'attends à ce qu'elle agisse comme les fans qui nous attendent devant les portes de l'aéroport mais ce n'est pas le cas. Elle se contente simplement d'un sourire que je lui rends puis me demande ce que je souhaite. Je scanne rapidement les pâtisseries disposées dans la vitrine puis commande trois chocolats chauds et trois croissants. Une fois mon dû en main, je retourne m'asseoir sur la banquette du Starbucks, en face de Steven et Laurie et à côté de Jakob. Je suis content qu'on soit tous les quatre ici. Carla a daigné nous laisser tranquille après avoir passé près de trente minutes à me parler de mes textes. Elle est partie évaluer la situation au terminal 1 de l'aéroport avec Lucas. Seul Gregor est resté pour garder un œil sur nous.

Schrei - Tome 1 (BxB)Where stories live. Discover now