Chapitre 5

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Dans les deux semaines qui suivirent le dénouement du testament, la vie des trois femmes fut bouleversée. Les fastes de leur existence aisée furent remplacés par la dure réalité de la perte et de la privation. Nessibel se retrouva obligée de vendre tous ses vêtements de marques pour avoir assez pour payer l'hôtel, et parlons de l'hôtel :

Seulement une étoile avec une senteur de chien mouillée, des murs si épais qu'on pouvait entendre les couples baiser et divorcer, des lits durs, des cafards qui se promenaient comme à la maison, et une vue donnant sur deux bennes à ordures. Durant deux semaines. Bye bye, Los Angeles, bienvenue à New York.

Voilà ce qu'au petit déjeuner, le lendemain de la lecture du testament, dans la froideur du matin, Nancy annonça leur ultimatum, empoisonnant l'atmosphère.

— Vous avez deux jours pour trouver une nouvelle demeure. Passé ce délai, vous serez expulsées, déclara-t-elle d'un ton glacial.

La rage gronda dans le cœur de Nessibel, ses mains serrées autour de la tasse de café brûlant. L'insolence de Nancy lui était insupportable, une insulte à son honneur et à son héritage. Elle rêvait de lui arracher sa touffe blonde platine des et son maquillage des années 2000. Sans réfléchir, elle lança le contenu bouillant en direction de la visage de Nancy.

Oups ! I did it again, i mess with your hair and all your makeup, oh baby baby !

Nessibel avait une putain de belle voix d'ailleurs !

Tennessee, toujours la voix de la raison, intervint rapidement. Elle enfonça son coude dans le ventre de sa sœur pour la faire taire, avant qu'elle ne puisse causer plus de dommages.

— Nessibel, calme-toi. Nous devons garder la tête froide dans cette épreuve.

— Je vais buter Tini ! Soupira-t-elle, une douleur irascible au ventre.

Après cela, toutes les affaires de Cécilia furent confisquées. En effet, de ses chaussures, jusqu'à ses bijoux et même sa lingerie, tout ça n'appartenait qu'à son mari. Même son compte épargne fut vidé. Tennessee, elle, ne possédait pas grand-chose. Nessibel aimait la traiter de communiste à cause de ça. C'était avant de n'avoir plus rien à son tour.

Donc les voilà maintenant, dans un hôtel crasseux de New York, à cohabiter avec les sirène de polices.

Nessibel mangeait son MacFlurry Caramel Kitkat comme un zombie. Tennessee revint de la chambre de leur mère, un sourire triste sur les lèvres.

— Comment elle va ? Demanda la cadette

— Mal. Elle essaie de passer des appels à droite à gauche pour qu'on puisse nous héberger, mais ça ne donne pas grand-chose.

— Je te previens, Tini, si je suis contrainte à reprendre mes études de médecines, je me jette du toit de ce putain d'hôtel !

— Nous ne pouvons pas rester les bras croisés ! Nous devons faire quelque chose. Je me suis déjà inscrite sur Indeed pour trouver un petit job. déclara-t-elle d'une voix empreinte de détermination. Fais-le aussi.

— T'es sérieuse là ? JAMAIS ! Chouina Nessibel.

La respiration haletante, les yeux brûlants de fureur contenue, Nessibel ravala ses mots acerbes, sachant que la rétribution impulsive ne ferait qu'aggraver leur situation précaire. Un silence tendu suivit.

Tennessee secoua la tête avec un soupir résigné.

— Ce n'est pas ainsi que les choses se passent. Nous ne pouvons pas lutter contre le changement, même si cela nous semble injuste.

Les paroles de sa sœur résonnèrent comme un écho vide dans l'esprit bouillonnant de Nessibel. Elle ne pouvait plus tolérer les platitudes insipides de Tini, des mots qui sonnaient creux dans le vacarme de leur désespoir.

— Ta gueule ! Je ne veux plus écouter tes conneries, répliqua-t-elle, sa voix teintée d'amertume. Je vais rejoindre maman. Peut-être qu'elle comprendra la nécessité de tuer Nancy et l'autre con pour récupérer ce qui nous revient de droit.

Sans attendre de réponse, Nessibel tourna les talons, ses pas résonnant dans le silence pesant de la demeure décrépie.

Tennessee soupira et ne put réprimer ses sanglots. Elle faisait son maximum pour faire tenir leur monde droit : réconforter sa mère, être le punching-ball de Nessi pour qu'elle ne blesse personne d'autre, et le soir, se demander pourquoi est-ce que son père, l'homme qu'elle aimait le plus aux monde, leur a fait ça. Elle n'en peut plus. 

L'évantail aux ailes briséesWhere stories live. Discover now