Chapitre 7

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Lior Rosenbach


Je scrute l'horizon, anxieux. Ça fait des semaines que j'essaie de la voir, des semaines que je lui envoie des messages qui restent sans réponse. Puis, contre toute attente, elle a fini par accepter de me rencontrer. Je lui ai donné rendez-vous dans un bar, dans le quartier de Stockwell, un endroit que nos deux familles ne fréquentent pas beaucoup. C'était plus sûr.

Maha tourne au coin de la rue et je lui fais un signe de la main. Elle remonte ses lunettes de soleil pour retenir ses longscheveux bruns qui tombent en cascade dans son dos et me rejoint. Elle s'installe sur la chaise en face de moi et sort un paquet de cigarettes de son sac. Je l'observe en silence. Maha en place une entre ses lèvres colorées de noir, la couleur lui va bien, avec son teint caramel et ses longs cils sombres, elle a de l'allure. Maha a clairement hérité de la beauté de son père. Je n'ai jamais connu ce type, mais elle comme Noah portent fièrement leurs origines pakistanaises. Maha allume sa clope sans lancer la conversation. Je prends sur moi. Je savais que ça allait être difficile.

— Tu sais pourquoi je t'ai demandé de venir ? demandé-je tout de même.

— Je suis venue pour que tu arrêtes enfin de me harceler.

— Maha, je n'ai rien dit à Daël. Tu peux me faire confiance.

— Tu es un Rosenbach. Je ne te ferai jamais confiance.

Elle tire une nouvelle taffe sur sa cigarette et je me retiens de répondre. Qu'est-ce que je pourrais lui dire ? Je ne peux pas la forcer à nous pardonner. Son frère est en prison et avoir un coupable est probablement la seule chose capable de la consoler pour le moment.

— D'accord, capitulé-je. Ne me fais pas confiance, mais on doit parler.

— De quoi ?

— Tu sais de quoi je veux te parler.

Maha soutient mon regard. Un regard féroce qui fait froid dans le dos.

— Tu ne peux pas jouer avec ta vie comme ça, déclaré-je.

— Vous avez bien joué avec celles des autres, vous, rétorque-t-elle.

— Ce n'est pas une raison pour te faire souffrir toi.

— Je ne souffre pas, réfute-t-elle, et je me passerais bien d'un deuxième Daël dans ma vie.

— Je sais qu'il est... étouffant, admets-je, mais c'est parce qu'il veut vous protéger.

— Connerie, siffle Maha. Il n'a protégé que son cul depuis le début. Il n'en a rien à faire des autres.

Je crois que je n'avancerais à rien si je continue de tourner autour du pot. Je décide enfin à me lancer :

— Tu ne dois plus jamais toucher à la drogue. Je l'ai vécu. Je sais de quoi je parle.

Maha lève les yeux au ciel, prétendant qu'elle ignorait que ce n'était pas le sujet dont il était question.

— Fous-moi la paix. J'ai autre chose à foutre que de recevoir un sermon.

La sœur de Noah attrape son sac qu'elle passe sur son épaule, prête à se relever de sa chaise.

— Attends ! m'exclamé-je, car je ne peux définitivement pas la laisser partir après cet échec. Assieds-toi au moins, qu'on en discute tranquillement.

— Il n'y a rien à dire. On en a pris en soirée, comme tout le monde.

— Mais toi, tu n'en as pas pris pour faire comme tout le monde. Tu en as pris pour ne plus souffrir. C'est grave, ne fais pas semblant de ne pas le comprendre.

LOVERS - Personne d'autre que toi (Tome 3)Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt