Chapitre 4

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Daël Hamilton


           L'immeuble imposant est dressé devant mes yeux, semblant toucher le ciel obscur. Je n'y ai encore jamais mis les pieds. Normal, un Hamilton n'a rien à faire dans le QG de la famille Rosenbach. Il est presque minuit. Lior doit m'attendre à l'appartement, mais j'ai ressassé cette histoire avec Greg toute la journée et je n'ai pu me résoudre à patienter plus longtemps. Lior voulait qu'on aille parler à sa sœur tous les deux. Je préfère être seul avec elle.
Résolu, j'entre dans l'immeuble. Je saurais bien me faire pardonner plus tard. Il y a un gardien à l'entrée. Bien sûr, à cette heure, tous les bureaux sont fermés. L'homme me reconnaît et se doute que je ne suis pas là pour faire affaires. Il m'indique le bureau de Grace, mais je l'entends passer un appel juste après que je sois parti. Tant pis pour l'effet de surprise.

J'entre dans l'ascenseur et me rends à l'étage le plus haut, là où est situé le bureau de la grande Grace Rosenbach. Moi aussi, mon bureau est au tout dernier étage de la tour. Allez savoir pourquoi, peut-être que c'est une façon dissimulée de montrer notre supériorité dans l'échelle de la société. En haut de la pyramide, en haut de la tour. En fait, ce n'est pas dissimulé.

Je sors de l'ascenseur et trouve son bureau rapidement. Son nom est écrit sur la porte. C'est d'ailleurs la seule pièce allumée. Comme moi, j'imagine qu'elle est souvent la dernière à partir. Je frappe sur le battant.

— Entre, Daël.

Bien sûr que le vigile l'a avertie de ma présence. Je n'avais encore jamais osé faire le déplacement jusqu'ici, malgré toutes ces années de trêve. J'entre dans le bureau alors que Grace range ses affaires dans son sac à main. Visiblement, elle s'apprêtait à partir.

— Salut, lance-t-elle. Rien de grave, j'espère ?

— Je voulais juste te parler.

— Au bureau ? C'est bien la seule manière de ne pas avoir mon frère dans les pattes donc je réitère ma question et réponds-y, s'il te plaît : rien de grave ?

Cette fois, son regard est planté dans le mien et je déteste l'assurance que je lis dans ses yeux.

— Lior m'a dit que tu voulais sortir Greg de prison.

Son sourire disparaît aussitôt et je reprends :

— Tu comptais me le cacher pendant encore combien de temps ?

Grace baisse la tête vers ses affaires pour continuer à classer ses papiers. Je ne comprends pas pourquoi elle est aussi surprise que je sache la vérité. Lior aurait bien fini par me le dire.

— Grace ?

— Vous dites toujours que la guerre des clans est terminée, rétorque-t-elle. Prouvez-le.

Je rêve. C'est elle qui s'apprête à la relancer, pas moi.

— J'ai fait l'effort de venir jusqu'ici pour trouver un compromis, n'abuse pas.

— Quel compromis ?

— Un an.

— Quoi un an ?

— Attendez encore un an avant de demander cette liberté conditionnelle, explicité-je. Pendant ce temps-là, je m'occuperaid'habituer ma famille à cette idée. Ça laisse également du temps à Ellen pour quitter la ville si elle le souhaite. Un an, ce n'est pas si long.

Grace ne me répond pas, mais je vois dans ses yeux qu'elle y réfléchit. Elle contourne son bureau pour me rejoindre au milieu de la pièce.

— Un an, c'est long, reprend-elle, pour lui.

LOVERS - Personne d'autre que toi (Tome 3)Where stories live. Discover now