15 | Entrelacement 📘

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Mara

— Tiens donc, toi ici princesse.

Jack abat sa main sur le menu, que je faisais semblant d'étudier avec intérêt quand je l'ai vu entrer dans le Hopp il y a environ 12 secondes. Je ne sais même pas pourquoi j'ai séché les cours ce matin. Je suis partie juste après l'entrainement avec les filles et je viens de m'empiffrer de pancakes au sirop d'érable. Je n'ai pas arrêté de me repasser le moment de la douche et mon cerveau surchauffe pour repousser ses sentiments qui se mélangent quand je pense à jack.

Alors que j'étais en train de regarder un film d'horreur avec Sam, il a regardé son téléphone en ouvrant grand la bouche, comme s'il avait vu le potin de l'année. L'ennuie c'est que le potin, c'était Clary, ma Clary avec Jack. Elle, sur ses genoux comme s'il était à lui. J'ai détesté ce que j'ai ressenti en les voyant, mes veines se sont mises à bouillir et je me suis retrouvée à boire de la tequila et à faire des photos pour alimenter mon compte Instagram et celui de Samuel, qui m'a suivi dans mon changement de programme de filles désespérées.
C'était soit ça, soit je débarquais là-bas juste pour montrer que je n'en ai rien à faire. Parce que je n'en ai rien à faire.

Je ne comprends pas mon cerveau, je ne comprends pas ce qu'il me fait, pourquoi il me trouble autant, pourquoi il me rend si en colère. En colère parce que je ne dois rien ressentir à part de la haine pour lui.
Il veut juste me faire payer. Et je le mérite.

Il veut me faire mal, et je compte me battre avec tout ce que j'ai en ma possession.

Il veut me faire souffrir, et je compte faire avec.

Alors pourquoi ses griffes continuent-elles de lacérer les volutes de mes pensées ?

C'est mal.

Interdit.

Inapproprié.

Et j'ai du mal à me reconnaitre. 

— Désolée, je ne reçois pas d'ordres des connards.

Je bois mon milkshake à la paille, en battant des cils. Je sais que mes pommettes ont rougi grâce au soleil qu'on a eu hier, on a bronzé toute la journée chez mon père avec Sam, et ça a fini en bataille d'eau quand j'ai dû arroser les plantes parce que Paula était malade cette semaine et qu'elle n'a pas pu s'en occuper.

Alors, comme si le sportif devant moi était chez lui –comme partout où il se trouve- il prend la place sur la banquette en face de moi pendant que je souffle théâtralement, il croise les bras et me regarde. J'attends ce qu'il a à dire, il a forcément une carte à abattre s'il est ici. D'abord pourquoi est-ce qu'il a séché ?


— Vas-y Spicher, abrège mes souffrances et dis-moi ce que tu fais ici avec ce sourire satisfait.

Je ferme les yeux en attendant sa sentence. Qu'est-ce qu'il peut bien faire de plus ?

Me forcer à être avec lui en cours, me forcer à être avec lui aux entrainements, aux matchs, dans la douche, a le voir partout sur internet avec ma coéquipière sur les cuisses ? C'est fait.

Que reste-t-il ?

Même dans ma tête il est omniprésent.

Mais il ne sera jamais dans mon cœur, ni dans mon âme. Ça, ça m'appartient.

Et personne ne s'y trouve.

À part Samuel et peut-être Nil.

— Tu en es ou pour notre projet ? m'interroge-t-il enfin en prenant entre ses doigts un bout de bacon grillé sur le bord de mon assiette.

Sincity Frozen Campus Where stories live. Discover now