Kynya est tombée, pourtant sa conscience s'accroche à la vie alors qu'elle s'éveille dans le monde étrange de l'Autre Côté. Et pendant ce temps, le Royaume du Kimet pleure le bon Dédoumésiou et sa fin prochaine. Dans ce désespoir total, alors que le...
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« Du septentrion, un peuple de race inconnue eut l'audace d'envahir notre pays, et sans difficulté ni combat s'en empara de vive force ; ils se saisirent des chefs, incendièrent sauvagement les villes, rasèrent les temples des dieux et traitèrent les indigènes avec la dernière cruauté, égorgeant les uns, emmenant comme esclaves les enfants et les femmes des autres. »
Manéthon, Sur les Hyksos, 12
Le roi hyksos regarda l'éclaireur prosterné à ses pieds.
— Où cela, dis-tu ?
— Dans le village de Mouni, Votre Altesse.
— Très bien, j'arrive.
Salatis sortit de sa tente. À quelques mètres se trouvait un humain enchaîné et agenouillé. Deux Hyksos à la peau d'albâtre, aux cheveux d'un blond presque blanc et aux iris uniformément bleus l'entouraient. Les soldats étaient hilares, visiblement en train d'échanger des blagues sur le prisonnier. Ils se recomposèrent une expression sérieuse quand ils virent approcher leur chef. Le captif était dépité, la mine abattue, les yeux rivés au sol.
Salitis prit une hache des mains de l'un de ses guerriers et en plaça la lame sous le menton de l'humain.
Celui-ci fusilla le roi du regard.
— Qui es-tu ? demanda le souverain.
— Je me nomme Senmout ! Je suis général des forces kimétiennes ! Tu m'as capturé, Salitis, soit. Profite bien de ta victoire, car bientôt, le pharaon Dédoumésiou...
Salitis éclata d'un rire franc, aussitôt imité par ses hommes.
— Cesse ton numéro de paon outragé, général. Je t'arrête tout de suite. Ton pharaon est mort.
— Tu mens !
— Non. Je ne mens pas. À cette heure, tout le palais de Memphis est sens dessus dessous. Qui va lui succéder ? Son vizir Min-Rekh ? Sa catin Yvannia ? Quelle différence ? Mes troupes auront de toute façon bientôt raison de l'armée royale, et le pays sera donné en offrande au glorieux Saklas.
— Non !
Senmout tenta de se lever malgré les chaînes qui l'entravaient. Les nomades appuyèrent sur ses épaules pour le maintenir au sol.
— Tu as de l'énergie et de la combativité, hein ? C'est bien, nous allons pouvoir mettre cela à profit. Mais si tu me racontais d'abord ce que tu faisais dans ce village perdu en lisière du désert ?
— Va te faire foutre.
Senmout cracha vers le roi.
— C'est bien ce que je me disais.
Salitis réfléchit quelques instants.
— Je pourrais exiger que l'on te torture de longues heures afin que tu m'expliques la raison de ta présence en ces lieux. Si j'ai bien compris mes rapports, tu n'étais pas seul. Je suis assez intrigué par cette énigme, je t'avoue. Alors, tu me fais gagner du temps et tu parles, ou nous passons à une méthode beaucoup moins agréable ?
