Chapitre 21 - Pandore

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Pandore se hâta d'emmener Orion aux toilettes les plus proches et le fit s'asseoir près des lavabos, elle lui ordonna de se pencher légèrement en pinçant sa narine saignante, et de respirer par la bouche. Elle récupéra ensuite du papier pour recueillir le sang qui coulait abondamment, et Orion bafouilla :

- Je ne me sens pas... La tête qui tourne.

Paniquée, Pandore lui répéta que ça irait, que ce n'était rien, mais Orion s'accrocha à son idée et ne la lâcha pas, secouant le visage :

- Il sait. Il sait.

- Qui ? De quoi ?

Orion tenta de rejeter le visage en arrière pour soupirer, mais Pandore le força à garder le visage penché sur son morceau de papier, avec un sourire contrit. Ensuite, elle commença à tourner en rond rapidement, puis s'arrêta et attrapa le bras d'Orion.

- Tu peux marcher ? demanda-t-elle. On avance toujours, on va à l'infirmerie.

En un souffle, il murmura un simple « oui », et suivit difficilement Pandore qui l'aidait à se tenir sur ses jambes. Pandore était perdue face à la rapidité dont les événements se déroulaient, mais ne se laissa pas déstabiliser. Elle entreprit également d'hurler sur un premier année d'aller chercher le principal dans son bureau et lui demander de la rejoindre à l'infirmerie, voyant son hésitation, elle haussa le ton en montrant d'un coup de visage le corps épuisé d'Orion, et déclara qu'il s'agissait d'une urgence.

Ils traversèrent ainsi les couloirs, sous les regards curieux et étonnés des autres élèves, Orion manqua à plusieurs reprises de perdre connaissance, mais Pandore faisait de son mieux pour le tenir éveillé tout en portant la moitié de son poids.

Finalement arrivés à l'infirmerie, Pandore, aidée d'une des infirmières, déposa Orion sur le lit. Elle n'eut à peine le temps de soupirer, que M. Briggs arriva. Essoufflé, les mains placées sur les hanches, il reprit sa respiration avant de demander ce qu'il se passait. Orion reprit totalement conscience, et s'étonna de son rétablissement rapide, il reprit soudainement des couleurs, et débita :

- J'ai de nombreux indices sur qui a tué Amélia, j'ai communiqué avec lui, j'ai des idées de comment il fonctionne pour tuer, et je sais qu'il a pour but de faire bien plus de victimes que ce qu'on s'imagine. Il détient aussi Lucille. Et peut-être d'autres élèves. Hëna n'a pas provoqué l'incendie, c'est lui, il tente de nous affaiblir, ou nous distraire... Pitié...

Pandore ravala sa surprise pour observer minutieusement la réaction du principal. Celui-ci porta les mains à son front, puis passa les doigts dans ses cheveux, et, en secouant la tête, demanda :

- Est-ce que tu as des preuves ? Comment tu peux en savoir autant ?

Un sourire ironique passa sur le visage d'Orion, ce qui illumina son visage habituellement fermé et sombre, puis il montra du doigt son nez en sang, et se tourna légèrement sur le côté pour leur montrer son dos. De nombreuses égratignures, plaies et cicatrices s'éparpillaient sur sa peau comme des chemins qui s'entremêlaient. En se remettant en place, les autres purent également apercevoir les blessures au niveau de ses côtes et de son ventre. Le spectacle était terrifiant, en particulier quand il continua son récit :

- Je l'ai rencontré. Je n'ai aucune idée de s'il agit seul ou non, mais ça s'est passé dans la forêt et...

Soudain, Orion fut coupé par un bruit sourd, un énorme tas de papiers appartenant à l'infirmière tomba de son bureau, comme s'ils venaient d'être poussés, dans l'unique but de déstabiliser. Mais lorsqu'ils lâchèrent du regard ces feuilles pour se reconcentrer sur l'histoire d'Orion, elles s'enflammèrent d'un feu puissant, et le nez d'Orion se remit à saigner. Pandore ne laissa pas entraîner par la panique et songea rapidement à quelque chose qui pourrait étouffer ces flammes, et en une seconde, elle déplaça par télékinésie la couette sur le lit d'Orion et la plaça sur le feu, qui se laissa neutraliser.

A travers la porte de l'infirmerie on entendit des cris, et M. Briggs et Pandore sortirent pendant que l'infirmière s'occupait d'Orion. Ils n'eurent que le temps de voir Hëna être lâchée et poussée, avant que le criminel disparaisse. Celle-ci était à bout de souffle, au sol, sa chevelure rouge ébouriffée, des torrents de larmes sur les joues, elle lâcha :

- J'ai essayé d'arrêter le feu, mais il contrôlait mon pouvoir...

- C'est exactement là où je voulais en venir, prononça Orion en sortant de l'infirmerie, semblant aller mieux.

- On va faire sonner l'alerte, annonça M. Briggs. Tout le monde rentre chez soi. Le temps de tout contrôler, et de maîtriser la situation. Nous ne sommes plus en sécurité ici.

Les trois camarades s'échangèrent des regards perplexes. Leurs émotions se mélangeaient dans une confusion infinie, de la peur à la terreur, de la surprise au dégoût, passant également par de la colère, et du désespoir.

- C'est à partir de maintenant qu'il faut se soutenir, déclara Orion.

Il semblait si certain, comme s'ils allaient être capable de tout régler en quelque temps, et que tout irait mieux ensuite, comme si le mauvais temps n'était qu'une passade, et qu'un grand soleil ne tarderait pas à revenir, sans savoir que la tempête n'était même pas encore passée. Pandore acquiesça, comprenant que c'était au choix ; soit elle se terrait dans la peur et la solitude, soit elle coopérait. Hëna, complètement perdue, finit également par acquiescer, car elle savait qu'elle aurait pu finir bien pire s'ils n'avaient pas été là, même s'ils avaient agi sans le savoir.

Sous le murmure des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant