Chapitre 3. Le portail

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Deux jours après…

Pdv omniscient
Cet après-midi, le trio Calamité doit se retrouver chez Anne pour parler du portail censé les emmener à Amphibia.

Pdv Sasha
- Alors Wu, as-tu avancé sur le portail ? demandai-je en fermant la porte de la chambre d’Anne à clé, pour ne pas que ses parents nous entendent.
Je m’assieds en tailleur à leurs côtés, formant un cercle.
- Oui, beaucoup. J’ai énormément avancé même. A tel point que je l’ai presque fini. Donnez-moi juste une heure pour le terminer… répondit Marcy en farfouillant dans la poche de sa salopette.
Elle en sortit un petit machin noir qui ressemble invraisemblablement à un écouteur, et le tînt dans sa paume gauche.
- Attends… c’est ça, notre portail ? demanda Anne outrée, en ricanant légèrement.
- Mais c’est minuscule ! fis-je remarquer à Marcy.
- Hop hop hop ! Ne vous fiez pas aux apparences les filles, nous répondit notre amie, un sourire narquois se dessinant sur son visage.
Elle appuya sur la petite chose qu’elle tenait. Celle-ci se projeta brusquement hors de sa main et atterrit à nos pieds. La machine projeta aussi un rayon bleu et blanc à côté de moi. Je recule, surprise, quand je me cogne à quelqu’un.
Je relève légèrement la tête, et vois Anne me fixer avec attention. Mais elle détourne le regard, et moi aussi. Je rougis, gênée.
Un cercle blanc se dessina là où finissait le rayon. Il possédait des contours ressemblant à des vagues bleu clair.
- Waouh ! Impression, Mar-mar ! la félicita Anne.
Marcy fit une petite révérence, et glousse, fière qu’on aime son invention.
De mon côté, aucun mot ne sortit de ma bouche. J’étais aussi abasourdie que fascinée par ce que je venais de voir. Intriguée, je me lève et m’avançai lentement vers le portail, comme hypnotisée. J’avais comme l’espoir d’y entrer. Plus rien ne pouvait m’arrêter… à l’exception de Marcy qui me tira rapidement par la manche de ma veste. Ça me fait sursauter, et je revins enfin à la réalité. Je recule de quelques pas, encore sous le choc.
- N’y entrez pas encore, nous prévînt-elle. Le portail n’est pas encore au point. C’est pour ça que je vous demande de me donner encore une heure, le temps de le perfectionner un peu. Et quand j’aurai fini, nous pourrons enfin y aller !
Nous acquiescions. Nous sortons pour la laisser seule dans la chambre, tranquille pour faire les dernières modifications.
Anne et moi descendons dans la cuisine. On prend du jus d’orange et à grignoter, pour Marcy et nous.

Pdv Marcy
J’étais en train de perfectionner la machine pour le portail quand je me suis rendu compte d’un truc. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire aux filles quand elles découvriront ce que je voulais réellement faire avec le portail ? Mais je n’ai pas le temps d’y penser, car les voilà qui reviennent. Leurs bras sont chargés de verres, d’une brique de jus, d’une assiette de cookies, et d’un saladier rempli de poires. Je tends la main pour en attraper une, et la mords à pleine dents. Mon geste fit rire Sasha, et je me sens rougir. Je pense qu’elle l’a remarqué, parce qu’elle arrête de rire et ouvre de grands yeux, avant de bégayer :
- Euh… tiens Marcy ! Tu- tu as finit ?
- H- hein ?
- La machine, Marcy. La machine. Alors, tu l’as fini ou pas ? répéta Anne d’un ton peu joyeux.
Visiblement, je ne suis pas la seule à être gênée, là. Je me sers un verre de jus d’orange, que je manque presque de recracher aussitôt.
- Euh oui. Je- je viens de terminer les dernières modifications.
- Ok super ! Alors rendez-vous ce soir à 19 heures derrière le vieil entrepôt de canettes pour le test. Et dites à vos parents que c’est parce qu’on organise une soirée pyjama chez moi. Comme ça, ils vous laisseront y aller, organisa Sasha, retrouvant son excitation et sa détermination habituelles.
- D’accord ! mais tu vas faire comment avec Olivia, toi ?
Olivia, c’est l’assistante qui s’occupe de Sasha, parce que ses parents ne sont plus là. Elle a eu beaucoup de chance, de ne pas s’être retrouvée en internat ! Au lieu de ça, elle domicile là où elle habitait avec ses parents, quand ils étaient encore présents. Elle a aussi hérité de leur argent et  de leurs autres biens. Elle a ainsi les moyens de payer ses études, ce qu’elle consomme, et d’autres choses dans le genre.
- Je lui dirai que la soirée se passera chez Marcy. Et vu que tes parents n’apprécient pas beaucoup mon assistante, Olivia ne risque pas d’appeler les parents de qui-que-ce-soit.
- D’accord ! acquièrent-elles.
- Eh les filles ! je pense que vous devriez y aller, maintenant. Il se fait tard. Et si vous n’arrivez pas à l’heure chez vous, je ne pense pas qu’ils accepteront de vous laisser sortir ce soir, nous conseilla Anne.
- Oki doki, Anna-Banana ! à tout à l’heure !
- Oui, bye bye !

Pdv Sasha
Le soir, une demi-heure avant notre rendez-vous, j’étais en train d’enfiler un top bleu clair quand je reçu une notification. C’était un message de Marcy.
Conversation
Sasha ! Ramène les armes d’Amphibia la dernière fois. Pour chacune de nous trois s’il te plaît !
D’accord, mais pourquoi faire au juste ?
Tu le sauras en temps voulu, mais ramènes-en juste.
D’accord c’est bon ! Si tu veux... A plus alors !
Oui, à plus !
Fin de la conversation
Je cherche dans un placard les armes que Marcy m’a demandées : deux épées-hérons, une arbalète, et une raquette de tennis. Les épées et l’arbalète sont un peu rouillées, et les fils de la raquette semblent faiblir à cause du temps. C’est pas grave, on pourra sûrement les réparer quand on sera à Amphibia.
J’enfonce les armes en forçant un peu dans mon sac de piscine, avec des vêtements et le strict nécessaire si jamais on reste encore coincées à Amphibia.
Je vérifie que je n’ai rien oublié, et referme le sac. J’enfile vite fait ma veste nuit et sort de la chambre. Je glisse mon téléphone dans la poche de mon jogging. Je descends rapidement les escaliers, et je cris au revoir à Olivia avant de sortir.
Je sifflote le long du chemin en me demandant à quoi doit bien ressembler Amphibia maintenant. Les souvenirs de ce monde réapparaissent, et me font atrocement souffrir quand j’y pense. Je baisse la tête, et j’aperçois mon reflet dans des flaques d’eau de pluie. Je m’observe marcher en silence, la tête penchée sur le côté.
Ça me prend vingt minutes pour arriver à l’entrepôt. J’y vois Marcy et Anne qui m’attendent déjà, assises sur les marches. Je les rejoins, et Anne nous entraîne derrière l’énorme usine. Pendant qu’elle nous tirait, je fixai sa main qui enroulait la mienne. Heureuse, je souris malgré moi.
Après une minute de marche, elle nous lâche les mains, et je remarque qu’elle a un air soucieux.
- Que se passe-t-il Anne ?
- Hein ? dit-elle en sursautant un peu. Non, r-rien, ça va. C’est juste… c’est juste que le fait de laisser encore une fois mes parents et les choses que j’aime ici, pendant que je serais encore une fois dans un autre monde... Ça... ça me fait de la peine. Tu comprends ?
- Oui, tout à fait, répondis-je en baissant la tête à mon tour.
Je ne peux pas vraiment comprendre, parce que j’ai perdu mes parents. Et que les seules personnes qui me sont chères sont elle, Marcy, et peut-être un peu Olivia. Mais j’essaie de remonter le moral d’Anne.
- Mais si ces idées de Marcy sont bien fondées, on pourra bientôt voyager entre les mondes à notre guise.
- Oui, dit-elle à mi-voix.
Quelques larmes roulaient doucement sur son visage. Je la pris dans mes bras, et la vit sourire un peu. Je l’enlaçai alors tout le long du chemin.
Nous arrivâmes bientôt dans une arrière-cour couverte de cailloux. Marcy appuya sur son invention, et fait apparaître le portail bleu. Nous avançons pour nous retrouver debout devant celui-ci.  Anne est un peu à l’avant, un peu plus déterminée que tout à l’heure. Mais Marcy, elle, semblait stressée, comme si quelque chose la tracassait.
- Tu vas bien Mar-mar ? demandai-je, la faisant sursauter.
- Euh oui, je vais bien, répondit-elle en baisant la tête.
Elle dit qu’elle va bien, mais je sais que quelque chose cloche dans son attitude. Le problème, c’est que je n’arrive pas à deviner c’est quoi.
Je prends les filles par leur poignet, déterminée, et avance d’un pas.
- Vous êtes prêtes ?
- Oui, je suis parée ! répondit Marcy en levant enfin la tête.
- Allons-y… marmonna Anne, un sourire timide se dessinant difficilement sur son visage.
- Alors c’est repartit, les filles ! fis-je en avançant avec elles.
Nous fermons les yeux en pénétrant dans le portail, et j’entends Marcy marmonner quelque chose d’inaudible.
J’ouvre enfin mes paupières. Mais ce qui se trouvait de l’autre côté n’était pas vraiment ce que j’espérais voir…

Quand les destins se croisent...Where stories live. Discover now