4. Turandot (2/2)

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Aucun son ni bruit ne se faisant entendre dans la pièce

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Aucun son ni bruit ne se faisant entendre dans la pièce. Le malaise de Suzanne ne faisait que croître depuis la phrase de Kuchel. Toutes les excuses qu'elle s'était répétées en boucle sur le chemin avaient disparu. Le regard plongé sur les nuages grisonnant le ciel, la brune n'avait même pas pris la peine de tourner la tête pour observer la nouvelle arrivante, comme si elle s'attendait à sa venue depuis longtemps.

— Je suis désolée de m'être enfuie.

Contrairement à ce qu'elle pensait, sa voix n'avait pas buté et sa pensée était sortie simplement. De modestes excuses qui attendaient en elle depuis sa faute. La patiente ne répondit pas de suite, laissant le pesant silence continuer à se propager jusqu'à être rompu par un soupir, suivi du raclement du fauteuil contre le carrelage. Kuchel venait de se lever, et pour la première fois depuis deux semaines elle observa Suzanne, analysant sans gêne les émotions qui traversaient ses yeux.

— Ce n'est pas votre faute, j'aurai dû vous prévenir pour l'audition et vous préparer mentalement. Vous m'avez toujours paru très sûre de vous et prête à relever le moindre défi. Je vous ai surestimé et je m'en excuse.

La voix de la brune était calme, chaque mot avait été choisi avec soin pour exprimer au mieux sa pensée. Suzanne était plus fragile qu'elle ne le laissait paraître aux yeux des gens, la lancer sur scène pour une audition, sans la prévenir avait été maladroit, voire stupide. Tout ce qu'espérait la cinquantenaire c'était que cette expérience n'avait pas créé de traumatisme chez sa protégée. Elle était une perle rare, et elle ne se pardonnerait jamais de perdre ce don à cause d'une erreur de sa part.

— C'est vrai que j'aurais préféré être prévenu avant, mais je n'aurai pas dû fuir. Je pensais avoir réussi à me sortir de mes angoisses cependant, le passé finit toujours par vous rattraper, grimaça Suzanne.

D'un simple signe de main, Kuchel invita son aide-soignante à s'asseoir sur le bord de son lit pour continuer la conversation tandis qu'elle reprenait place dans son fauteuil, cette fois-ci tourné vers l'intérieur de la chambre. Elle sentait au plus profond d'elle qu'elle devait écouter ce que son élève avait à dire, le mal qui semblait la ronger et qui l'empêchait d'avancer vers la scène qu'elle chérissait tant.

— À vrai dire, je souhaitais devenir infirmière, c'est un métier qui m'avait toujours attiré. Mes notes étaient plus que satisfaisantes et mes tuteurs de stage étaient contents de mon travail, en bref tout se passait très bien. (Sa voix diminuait au fur et à mesure que les souvenirs de l'époque lui revenaient en mémoire, un très léger voile de tristesse traversa ses yeux, aussitôt reparti quand la jeune femme continua son histoire.) Au moment des examens finaux, j'étais plus que prête et je m'étais donnée comme objectif d'être la major de promotion pour me prouver que j'en étais capable. J'avais révisé jour et nuit, ne dormait que trois heures chaque jour pour tout connaître sur le bout des doigts, le moindre nom de médicament, le moindre os de la jambe, mais je n'avais pas prévu que ma trop forte ambition se retournerait contre moi. Durant les trois jours d'examens, j'ai vécu un véritable calvaire. Moi qui étais si confiante, je me suis retrouvée brisée en un seul instant. Au moment où j'ai retourné ma première feuille d'examen, toutes les connaissances que j'avais accumulées, toutes les expériences que j'avais forgées s'étaient instantanément envolées. Seule la peur persistait dans mon esprit, un vide sans fond et sans fin. Je n'ai pu reprendre mes esprits que lorsque que l'horloge de fin d'épreuve à sonner pour qu'on remette les feuilles.

𝓒𝓱𝓪𝓷𝓽𝓮 !  [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant